22 septembre 2012

Medellín

Contrairement à Carthagène, ce nom ne fait pas rêver. “Faisait” plutôt, parce qu'il est loin maintenant le temps de Pablo Escobar et du cartel de Medellín. Fin 1993, l'assassinat du baron de la drogue ramène le calme et la sécurité dans la ville. Les autres cartels, comme celui de Cali, seront également démantelés dans les années 1990. Aussi, contrairement aux idées reçues, la ville comme le reste de la Colombie ont beaucoup gagné en termes sécuritaires. Et avec le début des négociations avec la guérilla des FARC (prévues pour octobre), souffle même un vent d'espoir.

Entre les cordillères occidentale et centrale, Medellín (1.600 m d'altitude) s'étend le long d'une vallée encaissée, celle du Rio Medellín. Surnommée la ville de l'éternel printemps, Medellín bénéficie d'un climat particulièrement agréable : 25°C toute l'année avec un fond d'air frais dû à l'altitude. Entouré de montagnes, bien visibles où qu'on soit en ville ou dans les faubourgs, on oublie qu'on est aussi entouré de 3,5 millions de personnes. J'ai eu la chance d'être accueilli par Manuel, Alejo et Alex qui habitent sur les hauteurs : vue imprenable sur la ville.

Le centre-ville en soi n'a pas beaucoup d'intérêt, une architecture post-esthétique digne des années 1960. Mais les quartiers alentours, tout de brique rouge, donnent une meilleure image de cette mégapole, en particulier quand on les voit depuis les télécabines. J'avoue au passage que ça fait drôle de prendre ces œufs au milieu des immeubles ou entouré de verdure, alors que je suis plus habitué à les emprunter pour aller skier. Enfin le Parc Arví sur le plateau de l'autre côté de la montagne est le lieu idéal pour faire de la randonnée.

En plus de partager le quotidien de Manuel, Alex et Alejo, j'ai eu l'occasion de suivre un peu Manuel dans son travail. Il est journaliste et directeur de la Emisora La Esquina, une radio communautaire engagée. Je l'ai suivi sur sa couverture du salon du livre de Medellín, lors d'une fête de rue organisée pour la défense des droits des enfants et j'ai découvert les coulisses d'une émission à la radio. Presque excité d'arriver dans cette ville au passé si chargé, j'en suis reparti en laissant derrière moi une ville dont j'ai apprécié le cadre et l'ouverture d'esprit.


18 septembre 2012

Carthagène des Indes

Un nom qui fait rêver. Un nom du Nouveau-Monde. Un nom qui rappelle ceux des grands navigateurs du XVIe siècle. Mais c'est également un nom fortement lié à la traite des esclaves et au transit de l'or pillé dans les civilisations pré-colombiennes. Un nom synonyme de rébellion : longtemps bastion du Royaume d'Espagne en Amérique du Sud, elle fut la première ville colombienne à déclarer son indépendance. Enfin pour d'autres encore ce nom rappellera la course transatlantique Jacques-Vabre. Au départ du Havre, la fameuse transat s'achevait dans les années 1990 dans le port de Carthagène.

Carthagène est une ville fortifiée, classée Patrimoine mondial par l'UNESCO, dont les remparts et son fort sont très bien conservés. La vieille ville a gardé ce caractère très coloré des villes coloniales espagnoles. Mais aujourd'hui c'est aussi une ville d'un million d'habitants, avec ses quartiers modernes, ses hauts immeubles, ses plages de touristes et ses faubourgs qui s'étendent à des kilomètres du centre.

Carthagène c'est aussi des rencontres. J'ai retrouvé Anne, cette voyageuse allemande que j'avais déjà croisée à plusieurs reprises au Mexique et au Guatemala. J'ai beaucoup discuté avec Diego et sa femme Jamey, tous les deux de Cali, qui m'ont proposé un bon premier aperçu de leur pays et des merveilles à découvrir. Et puis il y aura aussi eu Alex, Rocio, Jesus, Alfo et Cristian, l'équipe de l'auberge où j'ai logé quelques jours et avec qui j'ai passé de très bons moments.

Carthagène, c'est la porte d'entrée pour la Colombie. Dès mon arrivée, je m'y suis senti chez moi. Je pourrais m'y installer sans problème. Sensation intense que je n'avais pas ressenti depuis Fairbanks en Alaska. Une impression de bien-être, comme si le “stress” sécuritaire qui règne en Amérique centrale se dissipait. Un peu comme quand on tombe amoureux, il est parfois difficile de décrire ce petit plus qui fait toute la différence avec les autres. Mais je sens que je vais aimer ce pays, tout comme j'ai aimé Carthagène.


12 septembre 2012

WWOOF ! WWOOF !!

C'est officiel, je vais faire “wwoof”. À ceux qui décèlent déjà chez moi un abus d'illicites substances colombiennes, j'offre une autre explication plausible. WWOOF, de l'anglais World-Wide Opportinities on Organic Farms, est un réseau mondial de fermes biologiques qui accueillent toute personne souhaitant partager leur quotidien et leurs travaux, en échange du gîte et du couvert. Donc d'ici peu, dans un monde complètement wwoof, je serai un wwoofer qui fera du wwoofing.

Mais pourquoi cette envie aussi soudaine que saugrenue ? Parce que, vous avez dû vous en rendre compte comme moi, plus j'avançais en Amérique centrale, plus j'avais de mal à rencontrer des personnes localement. J'avais fini par aller d'auberges en auberges, à ne connaître que des sites plutôt touristiques, et à perdre le contact avec la vie quotidienne des gens et des endroits que je traversais. Les seules fois où je me sentais plus immergé que jamais, c'était mes escapades régulières dans les travées des marchés locaux, à la découverte de produits de la terre qui m'étaient encore inconnus ou à la recherche de nouveaux délices culinaires.

Du coup, l'idée du wwoofing, que je comptais appliquer pour mieux découvrir l'Argentine, s'est imposée de manière assez naturelle dès la Colombie. Au-delà de me permettre de découvrir plus en profondeur une région, le wwoofing présente un avantage non négligeable : celui de me poser un peu. Après presque huit mois de vagabondage, je commençais à en ressentir le besoin.

À partir du 20 septembre, je vais donc poser mon sac à dos pour trois ou quatre semaines (à préciser). La ferme en question est située près de San Agustin, dans le département de Huila, au sud de la Colombie. On y cultive essentiellement du café, mais la ferme comporte également un potager et un petit élevage (cochons, poulets, dindes, lapins, etc.). Avec tout ça, je ne vous cache pas que j'ai maintenant plutôt hâte de faire “wwoof” !

9 septembre 2012

Best-of - Amériques du Nord et centrale

Ça y est, j'ai atterri en Colombie. Atterri au sens propre puisque, oui, j'ai dû me résigner à prendre l'avion. Le passage Panama-Colombie était des plus compliqués à gérer : pas de route puisque c'est la jungle sur presque 100 kilomètres le long de la frontière, et pas de liaison maritime commerciale, que des petites embarcations assez chères.

A moi l'Amérique du Sud ! J'entame donc avec la Colombie la seconde moitié du voyage. Moitié en temps : ça fait 7 mois et demi que je suis parti et il m'en reste quasiment autant. Moitié géographique : je suis à équidistance de Fairbanks et d'Ushuaïa.

Pour se remémorer les meilleurs moments, un petit best-of de cette première partie. Voici quelques palmes décernées dans les catégories suivantes :
  • cuisine : le Salvador, avec ses pupusas et ses boulettes de yuca frites
  • meilleur petit déjeuner : oat-meal (porridge d'avoine) au beurre de cacahuète, chez Casey et Brad à Anchorage
  • paysage d'hiver : les blanches étendues de Fairbanks et ses environs
  • paysage de printemps : la sauvage côte Pacifique de l'Oregon et de la Californie du Nord (Etats-Unis)
  • paysage d'été : le désertique Etat d'Arizona, dont le Grand Canyon
  • climat : climat sec et froid d'Alaska ou sec et chaud d'Arizona. Plus au Sud, j'aime moins : beaucoup plus d'humidité. Sous les tropiques, c'est la saison des pluies de juin à novembre.
  • plante : une plante qui rétracte ses feuilles au contact extérieur. Vue à Tikal (Guatemala).
  • arbre : les immenses redwoods de Californie
  • animal : l'écureuil d'Amérique du Nord
  • maison écolo : chez Mark et Megg, à Bolinas
  • petit budget : les Etats du Montana, Idaho, Washington et Oregon (USA)
  • plage : Tulum dans l'Etat du Quintana Roo au Mexique (ma seule étape côté Atlantique) et Zipolite dans l'Etat de Oaxaca au Mexique
  • site historique : la cité antique de Monte Alban (Oaxaca, Mexique)
  • ville : San Francisco

Et maintenant les palmes des meilleurs moments :
  • le moment frisson : l'arrivée dans le Canyon du Cuivre, Etat de Chihuahua (Mexique)
  • le moment frissons : dans les sources d'eau chaudes (40°C) de Chena River en Alaska avec une température extérieure de -48°C
  • le moment rencontres : celles avec Andrew et Anna (Fairbanks, USA), Eve et Mike (Fort Bragg, USA), Roger (Great Falls, USA), et tant d'autres encore...
  • le moment fou-rire : avec Karine, Paul et Elsa à propos de Rain-Man (trop loin à expliquer)
  • le moment panique : l'arrivée à Chihuahua
  • le moment militant : l'après-midi avec Chris, du mouvement Occupy Fairbanks
  • le moment doute : Calgary et Chihuahua
  • le moment rando : trois jours dans le Grand Canyon (Le Grand Canyon) et la traversée à pied du Golden Gate Bridge
  • le moment communautaire : à Pinpin dans les montagnes de l'Ouest du Guatemala, avec Elsa et Nico
  • le moment rêve de gosse : le canal de Panama et la traversée du Pont des Amériques
  • le moment auto-stop : quand un Canadien a voulu me déposer sur un emplacement d'arrêt d'urgence sur l'autoroute, par -10°C (voir aussi L'auto-stop, une autre façon de voyager)

Et les photos en trois albums : 1. Alaska et Canada ; 2. Etats-Unis ; 3. Mexique et Amérique centrale.
Et vous savez maintenant où se trouvent les portraits !...








7 septembre 2012

PC Course

Jour 229. Kilomètre 26.080. Latitude 10°24' Nord.

Voilà le dernier PC Course d'Amérique centrale.

Une traversée un peu rapide du Costa Rica : une étape à Liberia, une autre à San José (la capitale) et quelques jours dans les montagnes du Parc National du Chirripó (voir article et photos : Le Chirripó, sommet du Costa Rica).

Puis une traversée malheureusement tout aussi rapide du Panama : une étape dans les montagnes de Boquete, au pied du Volcán Barú, puis sur la côte sud à Pedasí, pour finir avec la ville de Panamá, le Canal et ses écluses (voir article, photos et vidéo : Panama, un pays, une ville, un canal).

Et de Panamá, j'ai pris l'avion pour Carthagène (Cartagena de Indias) en Colombie. Et maintenant que j'en suis à la moitié du voyage, très bientôt un retour en image sur la première partie (Amériques du Nord et centrale).


Distance Liberia-Panama : 1.665 km

5 septembre 2012

Panama, un pays, une ville, un canal

Tout ne fut que surprise et enchantement. Surprise parce que je n'avais programmé que quelques jours dans ce pays qui aura finalement été celui qui m'a le plus agréablement surpris depuis le début. Je m'attendais à ne pas trouver grand-chose de très intéressant, je vais quitter le pays avec le regret de ne pas y être resté plus. Les paysages, la cuisine (ça devient obsessionnel!), les gens, tout m'a enchanté. Un peu moins le climat ; on se croirait dans une serre tellement la chaleur et l'humidité sont étouffantes.

Reparlons un peu de la panaméricaine. Vue la forme du pays, il est difficile de ne pas l'emprunter au Panama. Mais à dire vrai à part quelques dizaines de kilomètres à la frontière entre le Chiapas et le Guatemala, je l'ai empruntée de Mexico à Panama (la ville). Vous verrez quelques photos de ce cordon routier qui relie quasiment sans discontinuer le Nord de l'Alaska à la Terre de Feu en Argentine. Même si à certains endroits c'est une véritable autoroute, elle ressemble parfois à une simple départementale sillonnant la jungle. Quelque soit sa forme, il y a toujours des gros semi-remorques qui roulent à tombeau ouvert.

Après avoir passé une journée dans les montagnes de l'ouest et deux jours sur la côte sud, avec Kati (une Hongroise de Roumanie qui vit en Irlande et avec qui j'ai cheminé ces derniers jours au Panama), nous avons pris le chemin de la ville de Panama. À l'entrée sud du Canal du même nom, la ville s'étend à l'horizontale mais aussi à la verticale. Paysage urbain suffisamment rare depuis San Francisco pour être remarqué. Au loin, dans la baie, on voit les cargos qui patientent pour faire leur entrée dans le canal.

Le canal justement ! Et bien, j'avoue que j'étais aussi excité qu'un gosse au bac à sable qui étrenne son nouveau tractopelle (une petite pensée affectueuse pour mon neveu!). J'étais d'abord excité par le moment. Franchir le canal sur le Pont des Amériques, c'était un peu passer de l'Amérique du Nord à l'Amérique du Sud, entamer la deuxième partie de mon voyage. Un moment symbolique que je ne pensais pas être aussi fort.

Puis, rien de mieux que de prendre le train qui longe le canal pour mieux l'appréhender, mieux comprendre comment ça marche. En gros, deux jeux d'écluses, un au sud près de Panama City, un au nord près de Colón, entre les deux un canal et un lac artificiel. Et sur les côtés, parfois un barrage pour éviter que l'eau ne s'échappe par ailleurs que par les écluses, et d'autres barrages pour justement réalimenter en eau le lac, qui libère des tonnes d'eau à chaque passage de bateau par les écluses.

Enfin arrivé aux écluses du nord, celles de Gatún, vous m'auriez sans doute vu bouche bée devant ces énormes portes-conteneurs tractés par de petites locomotives le long de non moins énormes vases communicants que sont les écluses. Tout est calibré au millimètre près. Le ballet des locomotives, les manœuvres, et le lent défilé des bateaux : c'est fascinant ! Le franchissement d'un jeu d'écluses prend une grosse heure, le franchissement du canal dans son ensemble, une dizaine (sans compter les embouteillages aux heures de pointe!). Et de loin, enfin, on voit les travaux pharaoniques de construction de nouvelles écluses, plus larges que celles existantes. D'ici deux ans, elles permettront le passage de plus gros bateaux encore. Pour le moment, le chantier n'est qu'une énorme tranchée dans le sol argileux.


Pour les petits curieux, une recherche sur internet (en commençant par l'article détaillé de Wikipedia) pourra étancher votre soif de savoir. De mon côté, en ces temps de rentrée scolaire, je me suis revu sur les bancs du collège, étudiant le canal de Panama, les échanges commerciaux à travers le monde, l'histoire liée du Panama et des Etats-Unis à travers ce canal, etc. Et se retrouver devant cette merveille du génie civil et voir en vrai les photos de mes livres d'histoire-géo m'a fait revenir plusieurs années en arrière. Sensation amusante. Et pour les marins que je connais, j'imagine que ce doit être encore autre chose que de le franchir en bateau !

Et maintenant place aux photos. Et dans quelques jours, je tenterai de mettre en ligne les vidéos également.





31 août 2012

Le Chirripó, sommet du Costa Rica

Je nourrissais de grosses attentes vis-à-vis du Costa Rica. Le pays est en pointe dans les domaines du développement durable, de la protection de l'environnement et de la préservation de la biodiversité. Mais aussi la société costaricienne a choisi un modèle de développement autant intéressant qu'original dans la région. En 1949, le Costa Rica a pris le chemin de la démilitarisation. Depuis, il a donc reversé l'équivalent du budget de sa défense sur l'éducation. C'est le seul pays d'Amérique centrale à ne pas avoir connu de guerre civile, révolution ou dictature depuis plus d'un demi-siècle. Un lien de cause à effet ?...

Et finalement je n'aurais fait que passer. Pourquoi ? D'abord parce que j'ai eu du mal, voire échoué, à entrer en contact avec des gens sur place. Les contacts que j'avais ou le CouchSurfing n'ont pas fonctionné comme prévu. Ensuite parce que le Costa Rica est LE pays touristique du coin, et que j'essaie plutôt de fuir cette population et les lieux qui leur sont dédiés. Enfin parce que le niveau de vie au Costa Rica est bien plus élevé que les pays que j'ai récemment traversés.

Malgré tout, j'ai réussi à me réfugier dans les montagnes pour quelques jours de randonnée. Plus précisément, j'étais dans le parc national du Chirripó. Du haut de ses 3.820 m, c'est le sommet le plus élevé d'Amérique centrale après le Volcán Tajumulco (4.220 m, au Guatemala). J'ai croisé un groupe de joyeux lurons costariciens avec qui j'ai gravi le sommet à l'aube. Et un petit groupe de cinq français, dont Antoine, également voyageur au long cours, que je recroiserai sans doute plus au Sud dans quelques mois.

Voilà. Et maintenant, route vers le Panama !



25 août 2012

Voyage au centre de l'Amérique

Les forts en géo peuvent-ils citer les sept pays que comptent l'Amérique centrale ? Pour les moins forts, réponse en bas de ce message.

Distance Ciudad de Guatemala - San Juan del Sur : 1.040 km

Depuis la Ciudad de Guatemala, j'ai donc pris le bus, direction San Salvador... au Salvador. Là, je ne devais passer que la soirée et la nuit chez Alba, une amie de Claire, une de mes amies de France. Le sort, très aidé en l'occurrence par la compagnie de bus, m'a contraint de prolonger de 24 heures mon séjour salvadorien. J'ai été empêché de monter dans le bus pour cause de fermeture d'enregistrement cinq minutes avant mon arrivée. Et quand il est 5 heures du matin et que le bus est là, devant vous, vous les avez un peu là...

Mais bon!, ça m'a permis de passer une journée avec Alba et sa famille, de découvrir San Salvador et de tomber sous le charme de la cuisine salvadorienne. Je garderai un succulent souvenir des pupusas, spécialités nationales qui ressemblent à de grosses petites crêpes chaudes, type pancakes, de farine de maïs ou de riz (je ne vous cache pas que j'ai systématiquement choisies celles au riz ; je commence à saturer sérieusement du maïs) et fourrées au fromage, à une purée de haricots ou à la viande et aux légumes. Hummm miam miam ! Et un autre délice local : les empanadas, boulettes frites de purée de bananes plantains fourrées à une crème de lait. Et toujours de nouveaux fruits et légumes tropicaux. Cette fois-ci je retiendrai le yuca, cousin de la pomme de terre et du manioc, dont on peut faire de petites boulettes de purée que l'on frit.

J'ai quand même fini par prendre mon bus pour le Nicaragua. Il m'a fait traverser le Sud du Honduras avant d'arriver à Managua, capitale du Nicaragua. La ville en soi n'a rien d'extraordinaire. À sa décharge elle a été détruite par deux tremblements de terre en 1931 et 1972. Donc il n'y a plus grand chose d'historique à admirer. Mais la ville n'en est pas moins impressionnante, environnée par cinq volcans, en pleine ville, et vue de là-haut, les espaces non reconstruits de l'ancienne Managua et la nouvelle ville très étendue semblent se mélanger à la forêt. Et j'ai appris plein de choses sur le pays grâce à Denis et ses parents : politique, religion, environnement, etc.

A Managua, j'aurais dû retrouver Savant, un Népalais que j'avais rencontré à Tikal (dans le Nord du Guatemala) pour partir ensemble pour Granada, au bord du Lac Nicaragua. Mais les douanes nicaraguayennes n'ont pas voulu lui délivrer de visa. Il est donc resté bloqué au Honduras. Dommage !...

Je suis donc parti seul explorer Granada et son marché tentaculaire. Tôt le matin, j'ai gouté aux joies de manger un morceau cuit au coin du feu, au moment où le marché doucement s'anime. Prenant le chemin de San Juan del Sur, j'ai rencontré Patrick (du Canada) dans le bus. Au dernier moment j'ai choisi de l'accompagner sur l'île Ometepe pour admirer de plus près les volcans de cette île au milieu du lac Nicaragua. Et j'ai enfin fini à San Juan del Sur où j'ai passé ma dernière nuit nicaraguayenne, avant de franchir tranquillement la frontière avec le Costa Rica.

Réponse à la question du début. Les 7 pays d'Amérique centrale tels que traversés d'Ouest en Est : Belize, Guatemala, El Salvador, Honduras, Nicaragua, Costa Rica et Panamá. Les plus forts savaient aussi que le Belize et la côte caraïbe du Nicaragua sont anglophones tandis que le reste de la région est hispanophone. Et seuls le Belize et le Salvador n'ont qu'une façade maritime, respectivement côté Mer des Caraïbes et côté Pacifique.




23 août 2012

Deux semaines au Guatemala

Quinze jours au Guatemala se terminent. Vient alors l'heure de recenser ce que j'ai envie d'en retenir et d'en sélectionner quelques photos.

Tout d'abord le Guatemala, de manière générale, n'est pas un pays dangereux. Je ne vous cache pas que les discours alarmistes de certains mexicains conjugués à la situation tendue que j'ai connue dans le Nord du Mexique m'avaient fait envisager pendant un temps de sauter la plupart des pays d'Amérique centrale pour atterrir directement au Costa Rica. Au final, j'ai fait comme avant de franchir la frontière mexicaine : j'ai écouté ce qu'on m'avait dit mais je suis passé de l'autre côté malgré tout. Et heureusement !

Le pays m'a d'abord offert le spectacle du site maya de Tikal, dans le Nord. Perdue dans la jungle, l'antique cité dresse ses pyramides au-dessus de la canopée. L'immense site est pour l'essentiel encore couvert par la forêt vierge ; seuls les plus importants vestiges ont été mis au jour. Et encore un site du Patrimoine mondial de l'UNESCO que je peux cocher ! Côté nature, c'est le royaume des singes, des insectes en tout genre et d'un animal que je n'ai pas su identifier. J'ai eu de la chance de pouvoir rejoindre Tikal : j'ai appris que 24 heures après mon départ de Tulum (sur la côte caraïbe du Mexique) un ouragan m'aurait empêché de rejoindre le Nord du Guatemala via le Belize.

Après Tikal, je suis allé vivre cinq jours au cœur d'une communauté locale, à Pinpin, dans l'Ouest du pays. Là ce sont Nico et Elsa qui m'ont accueilli et permis de vivre cette expérience unique. Si vous avez loupé un épisode, vous pouvez voir toutes les photos et lire l'article spécial Pinpin.

Ensuite me restaient encore trois étapes. Malgré un temps plus que pourr... couvert !, le Lac Atitlán m'a dévoilé les volcans qui le bordent. J'ai pu grimper le Volcán San Pedro et eu la chance d'avoir une petite fenêtre dans les nuages une fois arrivé là-haut, histoire de récompenser un lever plus que matinal et une ascension de 1.500 mètres. J'ai quitté le lac sous des trombes d'eau et fini entassé pour le pire trajet en chicken-bus de l'histoire contemporaine.

Antigua. Encore une très belle ville coloniale. Encore du Patrimoine mondial. J'ai presque honte de dire que je deviens blasé. J'ai quand même été impressionné par les volcans qui l'entourent (certains en activité !). Je retiendrai surtout l'accueil de Cesar et les retrouvailles avec Anne, cette voyageuse allemande avec qui j'avais déjà passé du temps à Mérida puis à Tulum.

Enfin la dernière étape fut la ville de Guatemala (Ciudad de Guatemala en espagnol). Soyons honnête : c'est très moche, pollué, et sans âme. La ville détrône celles de Chihuahua et Acapulco à la tête de mon palmarès des endroits que je n'ai pas du tout aimés. Et le très bel intérieur de la cathédrale ne peut rattraper à lui seul le reste de la ville. Niveau sécurité, c'est pas trop ça ! En centre ville, la plupart des bâtiments ont des rouleaux de barbelés entre le rez-de-chaussée et le premier étage. Plus à l'extérieur, les maisons sont retranchées derrière de hauts murs eux-mêmes surmontés de barbelés ou d'une clôture électrique (quand ce n'est pas les deux). On croirait la ville en état de siège, prête à affronter des hordes de pilleurs-casseurs-violeurs. Pas très gai. Heureusement, j'ai été très bien accueilli par Axel qui m'a fait oublier les côtés lugubres de cette ville fantôme à partir du coucher du soleil.

Voilà quinze jours bien remplis. Mon estomac aussi aura aussi été bien rempli. J'ai goûté la cuisine guatémaltèque avec le même plaisir que son homologue mexicaine. La banane plantain a fait son apparition, le riz et les haricots sont toujours là, mais le chile disparaît petit à petit. On mange toujours autant de tortillas de maïs. À mon plus grand plaisir, le café est bien meilleur qu'au Mexique. J'ai gouté aux caldos, bouillons de légumes avec des morceaux de poulet ou de bœuf. J'ai aussi gouté (et apprécié, je reconnais) le revolcado, soupe avec plein de petits morceaux de tête de porc : langue, joues, groin, yeux, etc. Mais le top du top, ça restera l'atole : une boisson chaude sucrée à base de farine de riz. Un régal !

Pour rappel, vous retrouverez les portraits des personnes rencontrées dans la galerie de portraits à la page Photos.


14 août 2012

La vie à Pinpin et dans les communautés voisines

Tant de choses à raconter sur ces cinq jours à Pinpin que je ne sais par où commencer. Peut-être tout simplement par remercier Elsa et Nico qui m'ont accueilli et sans qui je n'aurais pas pu vivre tout ça, au vert et au plus près d'une communauté locale. Une immersion complète dans leur quotidien et celui des communautés alentours. Rapidement, pour vous les présenter, Elsa et Nico sont deux Français partis en mars dernier pour un an au Guatemala dans le cadre d'un volontariat. Ils font de l'animation de réseau dans des associations partenaires du CCFD-Terre Solidaire (ONG française de développement) dans les domaines de l'agro-écologie et des droits des femmes.

Je peux aussi planter un peu le décor. Pinpin – prononcer « pine-pine » en espagnol – est une petite communauté (autrement dit, un village) qui s'étale à flanc de montagne, dans l'ouest du Guatemala, dans la région de Los Altos, les Hautes Terres. A part la moitié nord, le Guatemala est assez montagneux, voire volcanique. Certains volcans sont même actuellement en éruption. Dans la région des Hautes Terres, les coutumes et traditions indiennes guatémaltèques restent assez présentes, même si elles se diluent avec le temps. Niveau climat, on est toujours sous les tropiques, c'est toujours la saison des pluies (juin à septembre) et à 2.400 m. d'altitude, en fonction des heures de la journée, on est au-dessus des nuages … ou juste en dessous !

Pinpin et les autres communautés de la région sont parmi les plus reculées (10 heures de bus pour rejoindre la capitale et toujours autant de topes, qu'on appelle tumulos ici). Aux confins du pays, à la frontière avec le Chiapas (Mexique), c'est un petite route qui dessert le chapelet des principaux villages, d'où partent ensuite des chemins vers de plus petites communautés, au fond des vallées, ou plus haut dans la montagne. Peu possèdent un véhicule, alors on se déplace en transport en commun. Pour circuler sur la route principale, on emprunte les chicken bus, ces anciens bus scolaires nord-américains repeints aux couleurs vives. À l'intérieur c'est l'entassement maximum (un peu comme des poulets en cage qu'on emmène au marché – d'où le nom, je pense!) mais pour que tout se passe bien, nous sommes entourés d'images pieuses ou de slogans type « Jesus te acompañe » ou « Dios te bendiga » (« Que Jesus t'accompagne » ou encore « Dieu te bénisse »). J'ai testé pour vous : ces bus sont d'une robustesse à toute épreuve ! Pour ensuite rejoindre les communautés, on monte dans un colectivo, qui prend la forme d'un taxi collectif ou d'un mini-van.

Quelques mots rapides sur l'habitat. Les maisons sont de briques et de torchis, avec toit en palmes séchées ou en zinc. Un seul niveau, de plain-pied, une pièce pour vivre, d'autres pour dormir. La cuisine se fait sur un poêle à bois, qui permet aussi de chauffer un minimum, parce qu'il fait un peu frais et surtout très humide pendant la saison des pluies. L'intérieur est minimaliste mais fonctionnel.

Dans les communautés, tout ou presque tourne autour de la terre. On cultive, on élève, pour sa consommation propre ou pour la vente au porte-à-porte ou sur les marchés de la région. La topographie oblige à cultiver des terrains en terrasse, grignotés sur la forêt tropicale. Principalement, ce sont de petites cultures de maïs, la base de l'alimentation. Mais on trouve aussi toutes sortes de légumes : haricots, pommes de terre, carottes, choux, tomates, oignons, etc. Les arbres fruitiers fournissent également abricots, pêches, pommes, etc. Le climat et l'altitude font que poussent quasiment les mêmes fruits et légumes qu'en France. Plus bas, en se rapprochant de la côte, on trouvera café, bananes et cacao. Chaque petite parcela possède également quelques animaux. Généralement ce sont des poules et des poulets, des cochons, des vaches, ou encore des lapins et des chèvres.

L'altitude (2.400 m. à Pinpin), le relief particulièrement accidenté, la végétation tropicale et la difficulté d'accès rendent le labeur difficile. Il faut souvent se lever tôt pour aller vendre sur les marchés. Le retour peut être tardif si la production ne s'écoule pas comme prévu. Certains vont même jusqu'à franchir à pied les cols qui mènent au Chiapas, de l'autre côté du Volcán Tacaná (4.093 m), pour y vendre leurs produits. Et malgré tout, cela ne suffit pas toujours pour vivre, surtout quand les familles comptent jusqu'à une dizaine d'enfants. On fait parfois de petits boulots en complément. Et j'ai eu l'impression que les communautés, où tout le monde est plus ou moins cousin, fonctionnent aussi sur le principe de solidarité et d'entraide.

Généralement les producteurs se réunissent localement en associations, elles-mêmes regroupées en red (réseau, en espagnol) au niveau régional. Plusieurs avantages à cela : échanges d'expertise, mutualisation des moyens, formations techniques, représentation politique, financement d'infrastructure ou de matériel, etc. Ici on cultive bio : on récupère la matière organique, on fait de l'engrais naturel (à base de terre, fiente de poule, compost), on désherbe à la main, on évite les semences hybrides ou les OGM. Nico apporte son expertise à l'un des réseaux, la Kuchub'al, association de commerce équitable et solidaire.

La société est traditionnellement patriarcale. Les femmes n'ont pas beaucoup voix au chapitre et pourtant, en plus du travail quotidien qu'elles effectuent au côté de leur mari, elles ont également à charge de faire tourner la maison (cuisine, vaisselle, lessive, enfants à élever, animaux à nourrir, etc.). Quand on les interrogent, revient souvent un sentiment de sous-estime de soi chez la plupart d'entre elles. Elles n'ont pas conscience de leur rôle et surtout de leur importance au sein de la société ou de leur famille.

Là encore des réseaux de femmes agissent, sensibilisent, organisent réunions et formations. Ce sont autant d'espaces où les femmes peuvent échanger, se sentir valorisées, apprendre à fabriquer de nouveaux produits pour la vente (confitures, pommades à base de plantes, etc.), entendre parler pour la première fois de planification familiale. Voilà un peu le terrain de travail d'Elsa.

Mais au-delà du quotidien qui peut paraître un peu dur-dur, on sait aussi faire la fête ! J'ai eu l'occasion d'assister à une feria agricola, pour célébrer les deux ans d'un petit marché dans une communauté reculée. On fêtait la réussite de cette initiative, parce qu'elle évite aux producteurs du coin de ne plus se déplacer pendant des heures pour vendre leurs produits. À côté du marché, sur la petite place du village, on avait installé un petit groupe de musique. On y jouait entre autre de la marimba, instrument traditionnel du Guatemala qui ressemble à un xylophone géant où au moins quatre personnes jouent en même temps. Au programme de la feria : musique, discours (au pluriel), hymne national chanté la main sur le cœur devant le drapeau (tous les enfants de l'école avaient eu le droit de nous rejoindre juste pour ça), re-discours au pluriel, re-musique, re-discours, tout le monde y est passé, Nico compris. Et comme on est en Amérique latine, on finit par une petite messe, avant de partager un repas : caldo de res, bouillon aromatisé de légumes et de bœuf, accompagné de tamales, petites boules de maïs cuites à la vapeur, enroulées dans des feuilles de maïs.

Par ailleurs, pour fêter les anniversaires de Nico et Elsa (tous les deux nés début août), la communauté de Pinpin leur avait préparé une petite surprise. Au milieu des ballons gonflés pour l'occasion, ils ont eu droit au discours du président de l'association locale qui a fini par laissés place à deux musiciens pour quelques chants au son de leurs guitares. Tout ça s'est conclu par un bon repas partagé : caldo de pollo et tamales (même chose qu'à la feria mais au poulet cette fois) et bien sûr gâteaux d'anniversaire, qu'il est de tradition de goûter d'abord à pleines dents pour mieux se faire planter le nez dans la crème. Une fête toute simple dans une ambiance unique.

Voilà, c'était un petit concentré, forcément incomplet ou parcellaire. Mais l'important finalement c'est d'avoir pu le vivre !


10 août 2012

PC Course

Jour 200. Kilomètre 22.750.

Distance Oaxaca-Pinpin : 3.200 km

De retour à Oaxaca après un crochet par la côte Pacifique, j'ai filé vers San Cristobal de Las Casas, dans les hauteurs du Chiapas, où j'ai été accueilli par Uriel (grâce aux copains scouts de Oaxaca). De là j'ai pu atteindre la cité maya de Palenque. J'ai ensuite fait route vers Mérida, ville coloniale du Nord de la presqu'île du Yucatán. J'ai poursuivi vers Chichén Itzá, où j'ai rencontré Arnaud et Sophie, un couple français qui m'a emmené jusqu'à Tulum, avec un petit arrêt à Valladolid. Vous retrouverez les photos des trois cités mayas de Palenque, Chichén Itzá et Tulum dans un article précédent.

Sur la mer des Caraïbes, Tulum fut ma première étape « côté Atlantique ». Ce fut également ma dernière au Mexique. J'ai quitté Anne, une Allemande que j'avais rencontrée à Mérida. Il est possible que je la retrouve dans quelques mois au Pérou. De Tulum, j'ai pris un bus pour Chetumal, ville frontière avec le Belize, puis un autre pour Flores au Guatemala, via Belize City (capitale économique du Belize). Après avoir fait trois pays en six mois, ce jour-là j'en ai fait trois en six heures.

Ce jour-là aussi, j'ai perdu une heure. Pour la plupart d'entre vous, c'est une non-information. Mais je suis sûr que certains s'étonneront avec moi de reculer d'une heure par rapport au Mexique alors que je me déplace vers l'Est du Mexique. En effet, à l'inverse de l'Amérique du Nord, ni l'Amérique centrale ni l'Amérique du Sud n'observent de changement d'heure en été. J'ai donc à nouveau 8 heures de décalage horaire avec la France, et ce jusqu'à arriver au Panama.

De Flores, j'ai pu aller visiter la cité maya de Tikal, enfouie dans la jungle. A Flores également, j'ai rencontré Savant, un Népalais, qui suit la même route que moi. On se recroisera sans doute dans quelques jours au Honduras ou au Nicaragua. J'ai ensuite traversé tout le pays via Ciudad de Guatemala (21 heures de bus !) pour atteindre Pinpin, petite communauté à proximité de Tacaná et du volcan du même nom. Quasiment à la frontière avec le Chiapas (au Mexique), je passe quelques jours chez Elsa et Nico, deux Français en volontariat dans des associations partenaires du CCFD-Terre solidaire.

De là, je repartirai vers le Lac Atitlán, pour faire l'ascencion du volcan San Pedro. Et enfin, avant de filer vers le Salvador et le Honduras, je ferai étape quelques jours à Antigua puis à la Ciudad de Guatemala. Comme vous l'avez peut-être vu, le rythme s'est accéléré quelque peu ces deux dernières semaines (3.200 km). Le crochet par le Yucatán m'a obligé dans le même temps à devoir avancer plus vite pour ne pas trop "trainer".

4 août 2012

Mexique : le saviez-vous?

Au moment où je quitte le Mexique pour passer au Guatemala, via le Belize, voici quelques petites choses anodines que j'ai pu noter le long mes 8.300 km à travers le pays.

Le Mexique est le royaume des papillons et des coccinelles. Les papillons Monarques se retrouvent par millions dans l'Etat du Michoacán en novembre. Ce doit être magnifique à voir. Ils sont si nombreux, parait-il, qu'on peut à peine distinguer l'écorce des arbres sur lesquels ils se posent. Pour ce qui est de la coccinelle, je parlais de la voiture. Une voiture sur deux, c'est peut-être exagéré, mais on ne doit pas être très loin. Il y a une usine Volkswagen à Puebla mais si ça n'explique pas tout. C'est très amusant de voir l'engouement pour cette voiture mythique. A Acapulco même, tous les taxis sont des coccinelles blanches et bleues.

Je n'ai, je crois, jamais vu ou remarqué ça dans d'autres pays : des antennes relais partout de chez partout. Sur la moindre colline, sur le toit d'un poste de police, dans la cour d'une caserne, ces longues antennes fines en treillis métallique rouges et blanches percent le ciel. Je n'ai pas réussi à savoir pourquoi il y en avait plus au Mexique qu'ailleurs. Que je sache, le reste du monde arrive aussi à communiquer, de manière visuellement plus discrète.

Il y a des petits vendeurs partout. C'est la reine des professions. Se vend de tout et n'importe quoi. Parfois, plus de n'importe quoi, d'ailleurs. Des gadgets, des CD piratés, des chewing-gums, des chips, des outils, des articles d'artisanats, etc. On entend "diez pesos!" (soit 0,50 €) à chaque instant. Partout, dans la rue, dans le métro, sur la plage, dans les bus, dans les restaurants, dans ses cauchemars parfois. A toute heure du jour et de la nuit. Et à tout âge ; j'en ai vu qui ne devaient pas avoir beaucoup plus que trois ou quatre ans.

Un peu plus qu'ailleurs, j'ai eu l'impression que la police se prenait un peu trop au sérieux. Ils aiment parader (pardon! se déplacer) debout à l'arrière d'un gros pick-up, armés jusqu'aux dents, habillés pour l'Alaska avec gilet pare-balle, et les indispensables  lunettes de soleil. Ça ne rigole pas ! Quand on entre dans la police, on troque son sourire contre un air important.


Les routes, et j'en ai parcouru quelques unes, ne sont pas toutes les belles autoroutes de France. Le revêtement ne revêt plus grand-chose à certains endroits. Mais où vont les impôts ? Mais le pire, ce sont surtout les topes, ces ralentisseurs dont sont visiblement friands les agents de la DDE locale. On en trouve évidemment à l'entrée de chaque ville ou village, par batterie de deux, trois, dix ou vingt. Mais on les retrouve aussi à des endroits improbables. Ils font partie de ces petites choses qui passent inaperçues jusqu'au moment où on les remarque une fois, et pour toujours ! Certains vont être déçus d'apprendre que je ne suis pas allé jusqu'à faire des moyennes du nombre de topes par kilomètre ou ou des statistiques par Etat.

Ah oui, un autre truc qui devrait être interdit au Mexique : les auto-photos. Les Mexicains en sont friants, autant que des photos d'eux-mêmes prises par d'autres. Partout où j'ai pu aller (donc endroits touristiques et d'autres moins) les gens passent leur temps à se prendre eux-mêmes en photo avec leur smart-phones ou par d'autres. Devant une église, devant une cascade, devant un arbre, devant une rue, devant la plage, devant un banc public, devant un plat typique, devant une antenne-relai, devant un match de foot, devant grand-mère, devant un monument, ... C'est pas toujours de bon goût, mais il parait que ça ne se discute pas.


Voilà, je quitte un pays que j'ai appris à connaître et à aimer. Ce dernier post aux allures plus anecdotiques ne me feront pas oublier toutes les merveilles que j'ai pu découvrir, rencontrer ou déguster. J'espère que ce premier pays d'Amérique latine est un bel exemple de ce qui m'attend tout au long de la route jusqu'en Terre de Feu. Prochaine étape : le Guatemala, où déjà de belles choses m'attendent !

3 août 2012

Les sites mayas du Yucatán

Pour une fois (ou pour toujours même!), abandonnons notre perspective européenne de l'histoire. L'histoire des Amériques ne commence pas en 1492 avec la "découverte" de Christophe Colomb. Depuis plusieurs dizaines de millénaires, le continent s'enrichit de cultures et de civilisations, qu'elles soient amérindiennes, andines, amazoniennes, indigènes, ou encore caribéennes.

Le Mexique n'échappe pas à la règle. Il est riche d'une histoire complexe, de civilisations antiques qui se sont succédées dans le temps et sur des territoires qui parfois allaient jusqu'à la Colombie et aux Etats-Unis actuels. Ces civilisations sont connues pour avoir laissé un héritage considérable dans les domaines des sciences et des arts.

Quelques repères temporels et géographiques (source : Wikipedia). Ces dernières semaines, je vous avais proposé les photos de Teotihuacán, de la civilisation du même nom, qui a connu un développement important du IIe av. J.-C. au VIIIe ap. J.-C. Son influence géographique s'étendait essentiellement dans la région de l'actuelle capitale, Mexico.

Dans la région de Mexico toujours, s'est développée plus tard la civilisation aztèque à partir du XIVe ap. J.-C. C'est elle qui a "sombré" à l'arrivée des Conquistadors au début du XVIe siècle. Les Aztèques sont également appelés Mexicas, d'où le nom actuel du pays.

Plus au Sud, dans l'Etat de Oaxaca, la cité de Monte Albán a été fondée par les Olmèques, présents sur la côte du Golfe du Mexique et le long de la côte Pacifique (États du Guerrero, Oaxaca et Chiapas) et jusqu’au sud de l'actuel Costa Rica, du XIIIe au VIe av. J.-C. Mais la cité de Monte Albán a connu son apogée lors de la période zapotèque, du VIe av. J.-C. au VIIIe ap. J.-C.

Enfin, la civilisation maya s'est étendue du XIe av. J.-C. au XVIe ap. J.-C. Elle occupait un territoire comprenant l'actuel Etat du Chiapas, la presqu'île du Yucatán, le Guatemala et les régions occidentales du Salvador et du Honduras actuels.

Suivent donc des photos des sites mayas de Palenque (Etat du Chiapas), de Chichén Itzá (Etat du Yucatan) et de Tulum (Etat du Quintana Roo). L'essentiel des édifices restants dégagés de la jungle environnante sont religieux. Malheureusement, les habitations qui s'étendaient autour des temples ont disparues aujourd'hui. Il est donc un peu difficile de s'imaginer la vie à l'époque. Mais ce qu'il en reste vaut le détour.

En plus des temples pyramidaux, il subsiste des terrains de juego de pelota (jeu de balle). Ce sport rituel consistait à essayer de faire passer une pelote de caoutchouc matière sacrée chez les Mayas— dans un anneau en pierre vertical. Ça ressemblait un peu au basket, sauf que le panier est tourné dans l'autre sens (cf. photo à Chichén Itzá), que les joueurs se passaient la balle en la faisant rebondir uniquement sur leur hanche et qu'on tranchait la tête au capitaine de l'équipe victorieuse, honneur suprême.