31 mars 2012

Portland

Difficile de saisir Portland à travers la lentille d'un appareil photo. D'abord parce qu'il faut naviguer entre soleil et pluie. Mais surtout il est particulièrement difficile de retransmettre l'ambiance décalée qui règne dans cette ville assez hippie. Un mélange d'Amsterdam et San Francisco.

Du coup, au détour de mes pérégrinations et d'une randonnée en vélo avec Tom, un de mes hôtes cette semaine, j'ai privilégié l'esthétique du Portland industriel et urbain. Certain-e-s connaissent ma fascination pour ces environnements...



30 mars 2012

De Bozeman à Portland

Quelques photos du trajet en stop de Bozeman à Portland. Comme d'habitude, les photos de mes compagnons de route sont dans la galerie de portraits, à la page Photos de ce blog. Et une petite carte pour vous repérer.


1.240 kilomètres, quatre jours, quatre Etats (Montana, Idaho, Washington et Oregon), des paysages différents, et sans doute mes derniers jours de neige.


26 mars 2012

Auto-stop, une autre façon de voyager

Le principe est assez simple: un pouce qui se lève, une voiture qui s'arrête et c'est parti ! Dans la réalité, ça demande de la patience et une certaine technique, que les stoppeurs partagent entre eux ou qu'ils acquièrent à leur dépens.

La première chose qui compte, c'est l'emplacement. On préfèrera toujours se placer à la sortie d'une ville, dans la direction voulue. Choisir un endroit d'où on peut être vu de loin (juste après le dernier feu par exemple) et où les voitures peuvent s'arrêter facilement sur le côté. Ça permet de cibler le trafic qui va dans la direction souhaitée.

Ensuite, l'idéal est d'avoir un petit carton avec la destination écrite en gros. On évite de passer pour un vagabond : on sait où on va… quelque soit la direction du vent. Et on répond en même temps à une question que se posent forcément les automobilistes et à laquelle ils pourraient répondre : "je ne vais sûrement pas dans sa direction".

Un franc sourire, une tête sans capuche ni bonnet, le sac en vue sur le dos sont autant d'éléments anecdotiques mais ô combien importants ! Comme pour un entretien d'embauche, mieux vaut mettre tous les atouts de son côté. Certains m'ont même dit que d'être rasé avec les cheveux courts les avait mis en confiance.

Toujours avoir confiance ; il suffit d'une seule voiture qui s'arrête. Ne pas répondre aux gestes déplacés de certains plaisantins. Faire un signe de la main quand quelqu'un s'excuse de ne pas aller dans la bonne direction. Tout ça participe à se sentir moins seul sur le bord de la route. A propos de rester seul au bord de la route, peur de voir personne s'arrêter? Non, pas tellement ; j'ai une tente et un bon duvet.

Et voilà ! Pour l'instant ça a bien marché. Déjà 2.500 km au compteur. Mais la récompense, ce sont surtout de chouettes rencontres : une femme de la Garde nationale vétéran d'Irak, un électricien qui intervient sur des urgences de nuit, un étudiant en anthropologie lui aussi vétéran d'Irak, un chasseur de cerfs dans les montagnes, un installateur d'éoliennes, un petit couple d'étudiants très marrant, une toute jeune grand-mère, une femme travaillant avec les douanes, un prof qui fait son possible pour scolariser un maximum de jeunes dans les réserves indiennes, et tant d'autres à venir !

20 mars 2012

PC Course

Pour situer les 2,700 km que j'ai effectués depuis mon arrivée au Canada, voici une petite carte de mes différentes étapes. Pour vous donner une idée des distances, si Prince George était Lille, Portland serait alors Perpignan.


À mon plus grand regret, je suis arrivé à Bozeman beaucoup trop tôt pour pouvoir visiter le parc national du Yellowstone. Impossible de circuler dans le parc enneigé. Le temps n'est pas au beau fixe en ce moment. Il neige à nouveau. Donc je ne verrais rien si je m'y rendais. Grosse déception que de ne pouvoir réaliser cette étape majeure ! Je la garde pour une prochaine expédition.

J'aurai quand même eu le temps de voir Bozeman, charmante bourgade. Et Andrew, mon hôte, m'a emmené voir la ferme de pommes de terre où il travaille. Inutile de vous préciser les dimensions pharaoniques de la ferme. Quelques photos de Bozeman.



Et aujourd'hui, je quitte Andrew et Lynda. À mon grand regret encore, tant ils ont été adorables. Mais il me faut bien reprendre la route. Prochaine étape Portland, dans l'Oregon, que je pense atteindre vendredi, après quatre jours et 1.250 km en stop.

19 mars 2012

Quelques réponses...

Un petit message particulier aux 4e pour répondre à vos questions.

Comment j'ai pu résister à la tentation du mall à Edmonton ? C'est pas très compliqué en fait. Je n'avais besoin de rien donc je n'ai rien acheté. Bien sûr il y a de tas de trucs qui m'auraient fait plaisir. Et là je pense à un jean ou à un vrai t-shirt en coton. Mais je sais que je ne peux pas acheter n'importe quoi, parce qu'après c'est mon dos qui porte et que j'ai un budget limité.

A propos de budget justement, je m'en sors pas trop mal pour l'instant. Au début, j'ai eu beaucoup de dépenses de transport. Si vous vous rappelez, j'ai pris le train, le bateau, le train, le bus. Maintenant qu'il fait un peu moins froid (environ 5° et il ne neige quasiment plus), j'arrive à faire du stop. Et ça, c'est gratuit ! Je croise les doigts pour que ça marche aussi bien le plus longtemps possible.

Après en termes d'hébergement, je suis logé chez des gens donc je n'ai pas besoin d'aller à l'hôtel ou dans des auberges de jeunesse. Il existe un site internet (un peu sur le principe de Facebook) qui s'appelle CouchSurfing et qui permet de se mettre en relation avec des gens qui habitent dans certaines villes et de leur demander si on peut se loger chez eux pour quelques nuits. C'est gratuit mais surtout c'est plus sympa parce que ça me permet de rencontrer des gens sur place. C'est mieux que de rester tout seul dans sa chambre d'hôtel à manger un sandwich devant la télé.

Pour ceux qui ont la chance d'aller en Angleterre cette semaine, je vous souhaite de bien en profiter. Et surtout, n'ayez pas peur de parler en anglais. Et pour vous aider, un petit conseil d'ami. Dites-vous que de toute façon vous parlez beaucoup mieux anglais que eux ne parlent français. Et surtout demander aux gens de répéter ou de prendre le temps de vous expliquer si vous pensez que vous n'avez pas compris. Sinon vous risquez de passer à côté de plein de choses. Et puis c'est important de progresser en anglais. Vous pourrez voyager comme moi après ! :)

Et pour finir, la question de l'accueil. Effectivement, c'est toujours très touchant de rencontrer des gens (Roger par exemple – cf. mon message précédent) qui vous invitent chez eux, s'intéressent à ce que vous faites, vous invitent à manger, vous prennent en stop. Mais ce n'est pas en sens unique. Bien sûr j'explique mon voyage, j'explique d'où je viens, mes aventures et mes mésaventures, mais je m'intéresse aussi aux gens. Je pose des questions sur ce qu'ils font dans la vie, ce qu'ils font durant le week-end, quelles sont leurs activités. En général, on essaie de cuisiner ensemble. Ça c'est génial parce que ça permet de beaucoup échanger sur les différences de culture. Et quand c'est possible, je leur demande aussi de les accompagner dans leur travail. C'était le cas avec Vitor à l'université d'Anchorage (en Alaska), avec Danielle et Garrett et leurs éoliennes à Lethbridge (lors de ma dernière étape au Canada) ou encore aujourd'hui avec Andrew qui m'emmène visiter la ferme dans laquelle il travaille.

Je ne sais pas si vous serez hébergés chez des correspondants en Angleterre. Mais si c'est le cas, je vous souhaite de vivre l'accueil comme je le vis. On vit des moments forts. Alors bon voyage et n'oubliez pas de me raconter comment ça s'est passé !

17 mars 2012

Départ pour Bozeman avec Roger

Ce matin, je quitte Jeff ; je me rends chez Roger. La veille, il m'a proposé de me conduire à la première station service sur l'Interstate (l'autoroute) à l'extérieur de Great Falls. Ainsi ça m'avancera dans ma quête d'une voiture pour Bozeman, à 300 km de là. Roger était aussi assez curieux de ma petite aventure et souhaitait en partager un petit moment.


Du coup, avant de partir, il m'avait préparé un petit déjeuner de compétition ! Trop sympa. Au menu, oatmeal (bolée d'avoine, j'adore ça et il s'en souvenait), pamplemousse, toasts avec confiture de pêches maison, café au lait. « Tu risques d'attendre longtemps aujourd'hui. Il faut que tu tiennes le coup ; t'es pas bien épais ! ». Et en musique d'ambiance : Léonard Cohen, parce qu'il adore.

On parle entre autres de la suite de mon voyage, de la France, de Napoléon (j'ai oublié d'où c'est venu), du projet de centrale à charbon qu'ils ont réussi à bloquer avec ses copains écolos, du Yellowstone, du temps qui passe et du temps qu'il fait. Pendant qu'il téléphone à ses amis d'enfance pour qu'ils m'hébergent lors d'une prochaine étape, je prépare mon petit carton « Bozeman » et m'échauffe le pouce. Et on est parti.

Il est un peu plus tard que mes départs habituels. Mais rester confiant est la clé de la réussite du stop. Arrivés à la station service, Roger me dit qu'il va attendre un peu pour voir si on va me prendre facilement. Je lui précise que la dernière fois ça avait bien marché, mais que j'avais quand même attendu quatre heures avant que quelqu'un d' "intéressant" s'arrête.

Je me poste au dernier croisement, presque sur la bretelle d'accès à l'autoroute. Au bout de dix minutes, n'en pouvant plus visiblement, Roger quitte son poste d'observation. Il entreprend alors une recherche un peu plus active. Il tenait vraiment à partager mon aventure. Et il a fini par trouver ! Il est revenu tout sourire vers moi, toujours à la sortie de la station service avec ma petite pancarte et mon pouce levé.

C'est ainsi que j'ai fait la route avec Mary-Ann. Après un petit détour pour elle, elle m'a déposé à Bozeman, avant de poursuivre sa route vers les montagnes. Encore beaucoup de chance aujourd'hui. D'autant que la pluie a fait son retour.

Note. Comme d'hab', les photos des personnes que je rencontre sont dans la galerie de portraits dans la page « Photos ». Par contre, pas de photos de la Western Art Week, c'est délicat de photographier des oeuvres qui sont exposées pour la vente. Mais vous en trouverez en cliquant ici.

16 mars 2012

Great Falls

Ce vendredi prend fin ma première étape dans les Lower 48 (vous n'avez pas oublié que ce sont les Etats-Unis « continentaux », à l'exception d'Hawaï et de l'Alaska). Je reprends la route ; toujours en stop.

Grâce à Jeff et Alice, j'ai pu rester quelques jours de plus que prévu pour profiter de la Western Art Week. Cette manifestation culturelle annuelle rassemble des centaines d'artistes du Grand Ouest américain. Ils exposent dans des chambres d'hôtels aménagées spécialement pour l'occasion. C'est assez surprenant. Mais ça donne un bon aperçu des différents arts, qui mélangent à la fois le traditionnel art amérindien et celui des pionniers (peinture, sculpture, photo, habits, poteries, boiseries, etc.).

J'ai fait un tour avec Roger, le voisin d'Alice et Jeff, avec qui j'ai pu pas mal discuter ces derniers jours. Personnalité forte intéressante : retraité de l'US Air Force, militant environnementaliste (pure coïncidence que cette rencontre), très cultivé et passionnant. Il se propose de faire un bout de chemin en voiture avec moi pour lancer ma journée d'auto-stop.

Direction Bozeman, d'où j'espère pouvoir partir explorer le parc national du Yellowstone, monument s'il en est pour tout amateur de nature. Mais vu les conditions encore hivernales dans le parc, il est probable que je n'en voit pas grand chose. Je suis arrivé trop tôt dans la saison.

Quelques photos pour finir. Vous y verez en particulier à quel point le temps est changeant. A qui la faute ? Au vent. Il souffle régulièrement à plus de 100 km/h. On se croirait dans l'Aude ou les Pyrénées orientales. Et comme à Lethbridge, ça permet de produire de l'électricité peu chère et peu polluante. Ils utilisent aussi le courant et les chutes d'eau du Missouri (d'où Great Falls) pour produire de l'électricité.



13 mars 2012

Lethbridge

J'ai passé une très belle semaine à Calgary en compagnie de Nicki et de son fils Sam. Je me suis également pas mal baladé avec Jemery et Eve, notamment une belle excusion au parc national de Banff.

Lethbridge ne devait être que mon dernier stop avant de franchir la frontière avec les Etats-Unis. Je pensais à peine m'y arrêter. Et puis Danielle et Garrett ont accepté de m'héberger pour une nuit, puis deux.

Du coup, j'ai pu avoir un bon petit aperçu de Lethbridge (en particulier son bureau de poste de 1913) et des alentours. C'est très sec. Et quand je dis très sec, c'est très très sec. Par curiosité, j'ai regardé la météo pour voir le taux d'humidité. Aujourd'hui, il était de 17% alors qu'il est de 80 à 90% en temps normal à Paris.

Du coup les paysages sont assez lunaires. Pour ceux à qui j'en ai déjà parlé, ça ressemble à l'Aubrac et aux Causses, cette région du sud du Massif central où j'ai mes habitudes.

Et comme Danielle et Garrett travaillent dans un champ d'éoliennes à une heure de Lethbridge, ils m'ont proposé de rester encore une journée de plus pour que j'y aille avec eux. Avec un départ à sept heures du matin, on a eu droit au lever de soleil sur les Rocheuses. Voilà comment bien finir mon parcours au Canada.

Demain, départ en stop pour Great Falls dans le Montana (Etats-Unis). Je n'ai plus besoin de préciser qu'il n'y a pas de train et qu'en cette saison, il n'y a pas de bus. L'idée est donc de se faire prendre en stop dès Lethbridge et ainsi passer la frontière en voiture. Parce qu'on ne peut pas la franchir en simple piéton. J'ai entendu dire que c'était pas évident ; je croise les doigts !



11 mars 2012

Calgary

Et voici quelques photos de Calgary. Chouette ville. Et de bons moments avec Nicki et Sam. Merci pour votre accueil !



Il fait très beau ces derniers jours (10° à 15°C). La neige fond à toute vitesse. Et maintenant je me dirige vers le Sud. Une halte chez Danielle et Garrett à Lethbridge avant de franchir la frontière avec les Etats-Unis mardi.

Et pour info, on vient de passer à l'heure d'été. Donc j'ai 7 heures de différence avec la France, le temps que vous y passiez aussi.

10 mars 2012

Banff National Park

Voici quelques photos du Parc National de Banff, près de Calgary.
Merci à Jeremy et Eve pour cette chouette excursion !



5 mars 2012

PC Course

Depuis mon arrivée au Canada, j'avançais vers l'Est. Mais je m'arrête là. J'aurais aimé faire coucou aux cousins du Québec ou encore visiter mes lecteurs du Maine, sur la côte Est. Mais ce sera pour une prochaine expédition. Promis !

Je "tourne" donc. Direction le Sud. Et pour rallier Calgary, je vais utiliser le moyen de transport que j'ai le moins emprunté : le transport routier. Il est 5h30 du matin. Je suis dans une station service du Sud d'Edmonton, au bord de l'autoroute pour Calgary. Merci Sylvain de m'avoir déposé.

J'en profite pour remercier également Pierre, Cédric et Mona pour leur accueil chaleureux et les bonnes discussions mi-français mi-anglais. Et la prochaine fois, je ferai mieux au Uno :)

Mise à jour
A peine cinq heures plus tard, je suis arrivé à Calgary. Le stop a plutôt bien marché. Mieux qu'à Prince Rupert en tout cas. Thanks Brett!

4 mars 2012

La vie à Edmonton

Edmonton. C'est un carré et c'est grand : 20 km sur 20 km. Et au milieu coule une rivière. C'est la Saskatchewan, comme le nom de la province voisine. Au bout d'une centaine de fois, vous verrez, vous aussi vous arriverez à prononcer correctement.

Edmonton. C'est la capitale de l'Alberta, province qui a rejoint la confédération canadienne il y a tout juste un siècle, en 1905. Avec Winnipeg et Calgary (les anciens se rappelleront des JO d'hiver de 1988), c'est la grosse ville de l'intérieur du Canada.

Edmonton. C'est une région de plaines, même si on est à 200 km des Rocheuses, qui s'est développée avec le commerce des fourrures, l'agriculture, l'élevage du fameux bœuf de l'Alberta, et l'extraction minière et pétrolière.



Voilà comment on pourrait résumer rapidement la ville. Si on veut aller un peu plus loin, on prendra un plan. On remarquera vite ce schéma quadrillé si typique des villes nouvelles de l'Ouest du continent américain. Les Avenues coupent les Streets (rues) à angle droit et à intervalle régulier, formant des blocks de 150 mètres sur 200. Très pratique pour se repérer.

Downtown, le centre ville, est composé d'immeubles de bureau pour l'essentiel et est donc un quartier assez désert en dehors des heures habituelles de travail. Quelques immeubles d'habitation aussi. Sinon, le reste de la ville n'est qu'une immense succession de petites maisons individuelles (sur un niveau, deux maximum) et de magasins. La ville est coupée par la profonde River valley (ou vallée fluviale ; les 4e pourront demander confirmation de la traduction à leur prof de géo préférée) de la rivière Saskatchewan. Du Sud-Ouest au Nord-Est, s'étend ainsi le ruban vert d'un immense parc urbain, l'équivalent de neuf Central Park (New York) mis bout à bout.



Je ne suis pas spécialiste en urbanisme mais j'ai l'impression que c'est une autre type d'urbanisation que celle qu'on connait en Europe. Tout comme à Anchorage, la ville est super étendue. Mais il semblerait que pour rien au monde les Canadiens ou les Américains ne renonceraient à leur maison et à leur espace individuel vital. On ne soupçonne pas le lien entre classes moyennes et expansion des banlieues (suburbs). Et il n'y a aucune connotation négative quand on parle de banlieue ici, au contraire. Les gens aspirent à y vivre.

La province de l'Alberta est la plus riche du Canada si on prend le critère du PIB par habitant (là encore, les 4e, n'hésitez pas à solliciter votre prof de géo pour plus d'explications). Une info éclairante à ce sujet. Alors que toutes les provinces appliquent une TVA provinciale et la TVA nationale, ici ne s'applique que la TVA nationale. Le gouvernement local n'a pas besoin de cette source de revenu. C'est vous dire ! L'Alberta reverse une bonne partie de ses revenus à la confédération, qui les redistribue aux provinces les moins dotées : c'est le principe de l'Equalization payment (ou péréquation).

Alors que la province a vécu des années particulièrement noires pas si lointaines, l'exploitation des sables bitumineux (une sorte de pétrole pour faire rapide ; je prépare un article là-dessus) lui a permis de redresser la barre. Non sans un bilan environnemental jugé catastrophique par ceux qui s'intéressent à la question.



À visiter, je déconseille West Ed Mall (cf. l'article précédent), quoique sociologiquement instructif. Mais il y a un très beau pont en acier datant de 1913, le siège de l'assemblée provinciale, une intéressante galerie d'art moderne, et de belles promenades à faire le long de la rivière. Et pour les amateurs, les écureuils jouant dans la neige vous rappelleront étrangement Scrat, celui de l'Age de Glace.



1 mars 2012

West Ed

Hier soir, on discute environnement et sables bitumineux avec Winston et Lauren, mes hôtes. Au détour de cette conversation intéressante et passionnante, voici en substance leur conseil. Ils me suggèrent, non sans malice, de laisser tomber pour une journée la nature, l'écologie, les belles photos, etc. Puisque je passe une semaine à Edmonton, il faut que je me laisse tenter par une expérience urbaine … intéressante. Beaucoup d'ironie et de mystère là-dessous. Après un mois en pleine nature, je choisis malgré tout de leur faire confiance.

Ainsi ce matin, j'ai emprunté le bus n°1, direction West Ed Mall. West Ed, c'est pour Edmonton Ouest et Mall, c'est pour centre commercial. D'après la très sérieuse Université de l'Est du Connecticut (USA), West Ed Mall fut le plus grand centre commercial du monde de sa construction en 1981 jusqu'en 2004. Depuis il s'est fait détrôner par des confrères asiatiques. Mais il reste à ce jour le plus grand centre commercial sur le continent américain (Nord et Sud confondus). Et même de loin, avant d'avoir lu cette étude universitaire, j'avais compris. Arrivé au terminus de la ligne 1, on se trouve face à un cube de béton recouvert de briquettes orangées, histoire de faire un peu plus cosy. Mais rien n'y fait ; j'ai déjà froid dans le dos.

Aussi étendu que la Cité du Vatican et avec un plan au sol qui ressemble étrangement à une église, soyez les bienvenus dans ce temple de la consommation ! À votre gauche, à votre droite, devant vous, à l'étage au-dessus, que des boutiques. Pour satisfaire toutes vos envies compulsives d'achat, vous trouverez plus de 800 échoppes : de la lingerie fine à un marchand de valises, des jeux vidéos à l'électroménager, en passant par des magasins de meubles et des agences de voyage. Vous pourrez même en profiter pour faire toiletter votre chien ou passer chez le dentiste.

Et ce n'est pas tout, si Madame (ou Monsieur !) prend un peu trop de temps, vous pourrez dépenser autant qu'il/elle au casino ou vous détendre au cinéma ou dans la piscine aux toboggans géants. Vous pourrez aussi emmener les enfants au manège, au mini-golf ou dans le bateau des pirates, et vous laisserez vos ados profiter des montagnes russes. Ils auront le choix, il y a trois parcours différents.

Si vous trouvez que vous n'en avez toujours pas assez fait ou dépensé, faites une pause sportive à la patinoire géante installée à la croisée des différentes galeries commerciales. Pour entretenir la forme, il y a également à votre disposition un stand de tir ou encore un espèce d’accrobranche urbain, à base de poutrelles et de cordes. Et pour le côté nature, vous pourrez ensuite aller donner à manger deux fois par jour aux lions de mer.

Bien sûr, une journée de shopping, ça creuse. Et pas que le porte-monnaie ! Arrivera donc le moment où il faudra se restaurer. Mais ne perdez pas trop de temps à vous décider. Allez directement à ces sortes de gigantesques halls à manger ovales qui peuvent contenir au moins deux cent personnes en même temps. Tout autour, vous aurez quelque trente fast food (burger, thaï, pizza, indien, etc.) à votre disposition. Ainsi vous trouverez un total de trois MacDo à West Ed, soit autant qu'à Grenoble (16e ville de France).

Voilà. Ceux qui connaissent Paris l'auront compris, West Ed Mall, c'est le Forum des Halles, Aquaboulevard, Disneyland et la Foire du Trône réunis. Et comme la journée est déjà finie et que, oh ! trop dommage, vous n'avez pas eu le temps de tout faire, pas de soucis. Prenez donc une chambre à l'hôtel, vous finirez demain ou après-demain. Incroyable mais vrai ; certains le font. Pour ma part, une heure a amplement suffi à m'écoeurer ! Même si je n'ai rien dépensé (à part les 3 dollars du bus), je regrette presque les vomit-bags de l'avion. Pour tenter de me réveiller de ce cauchemar, j'ai filé à l'Art Gallery of Alberta.


Diaporama photo disponible sur la page Photos du blog.