23 février 2013

Uruguay

Rappel des épisodes précédents. Après avoir traversé le quart nord-ouest de l'Argentine en stop avec Fred, j'ai retrouvé Henning, mon pote allemand, pour une semaine au Paraguay. On a ensuite passé quelques jours dans le Sud du Brésil pour visiter les Chutes d'Iguazú. Puis nous avons pris la direction de l'Uruguay.

L'Uruguay, un nain géographique coincé entre le Brésil et l'Argentine (à eux deux près des deux tiers de l'Amérique du Sud). Il a un niveau de richesse par habitant qui le place entre le Chili et le Brésil, ce qui n'est pas rien (surtout quand on essaye de voyager pas cher!) et un bel indice de développement humain (deuxième du continent entre Argentine et Chili).

L'Uruguay, c'est la côte Atlantique (que je retrouve pour la première fois depuis Carthagène en septembre dernier), où se retrouve à la fois les vacanciers fêtards du sud du Brésil ou de l'Argentine et des pseudo-hippies à qui ça ne pose pas tant de problème que ça de devoir affronter un mode de vie si élevé. Après une nuit sous tente, juste derrière le poste frontière uruguayen, Henning et moi avons débarqué à Valizas, depuis le Sud du Brésil. On s'est pris une petite claque touristique : c'était la semaine de carnaval, donc vacances pour tout le monde, des gens de partout. On n'est resté qu'une petite journée histoire de dire qu'on a fait trempette dans l'Atlantique.

Et puis on parti pour Montevideo, la capitale du pays, sur les rives du Río de la Plata, l'immense estuaire qui baigne aussi Buenos Aires, 200 km à l'ouest. Ambiance détendue et culinaire, deux jours chez Alejandro en CouchSurfing et du temps pour flâner dans la ville vidée de ses habitants pour cause de carnaval (jours fériés le lundi et mardi gras). Montevideo, un nom étrange : les colons espagnols auraient baptisé le lieu "Monte VI De Este a Oeste" (soit « Le sixième mont d'est en ouest ») au cours de relevés topographiques. Peu importe si c'est vrai, en tout cas Montevideo a la particularité d'être la capitale la plus au sud du continent américain. Dans le monde, seules Wellington en Nouvelle-Zélande et Canberra en Australie font mieux.

Henning et moi finiront notre trop courte semaine uruguayenne dans la charmante petite ville de Colonia. Petit tour dans la plus vieille ville du pays (1680) : un bout de muraille, un mini-phare, des petites ruelles pavées, des maisons charmantes et de belles fleurs. Buenos Aires étant juste en face (enfin, 50 bornes quand même!), on a pris le bateau et débarqué dans l'immense métropole, quatre fois plus peuplée que l'Uruguay tout entier. Le contraste est saisissant. J'y ai retrouvé Aïssata et Jacky, tout juste débarqués de France et qui se joignent à moi pour deux semaines de découverte de l'Argentine.



16 février 2013

Les Chutes d'Iguazú

Bon, je vais vous laisser regarder les photos des chutes d'Iguazú. Mais juste avant, sans vouloir vous inonder (oulala ! le jeu de mots !!) voici quand même quelques infos…

On parle de chutes, ou plus techniquement de cataractes. En espagnol comme en portugais, on les appelle d'ailleurs « cataratas ». Et le nom d'Iguazú, viendrait du Guarani (langue amérindienne locale) « grandes eaux ». Original !

Loin de moi l'idée de paraphraser un ancien Président de la République devant la crue de la Garonne en 1875, mais je me suis aussi dit « Que d'eau ! Que d'eau ! » quand je suis arrivé devant les chutes. Vous me direz, après tout, ce ne sont que des chutes d'eau. Certes, mais elles sont belles, pour certaines puissantes, pour d'autres légères, mais ça fait un paquet d'eau tout ça. Je sais pas qui a compté les gouttes, mais il paraît qu'il y a 6 millions de litres d'eau qui font le grand saut chaque seconde.

Du coup, ça donne un bel ensemble de 275 cascades (de 90 mètres pour les plus hautes), joliment réparties sur un front de près de trois kilomètres (2.700 m pour être précis). Et le petit homme que je suis, accompagné de centaines de ses congénères, peut circuler de manière assez fluide (osons le terme) le long ou au-dessus de ces impressionnants rideaux d'eau, côté argentin un jour, côté brésilien le lendemain.

C'est à ce moment-là qu'on insère un petit point géographie. Les chutes sont situées sur le Río Iguazú, qui matérialise la frontière entre le Brésil et l'Argentine. Le méandre, et donc les chutes, ont une forme de J inversé dont l'orientation à cet endroit du fleuve attribue techniquement 80% des chutes à l'Argentine. Des deux côtés, les parcs nationaux créés pour protéger ce site naturel exceptionnel sont classés au Patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1984 (Argentine) et 1987 (Brésil). Et on n'est pas très loin non plus de la Triple frontière entre Argentine, Paraguay et Brésil.

Enfin, à titre de comparaison, les chutes de Niagara à la frontière entre les Etats-Unis et le Canada s'étalent sur un peu plus d'un kilomètre (320m côté US et 790 côté canadien) pour une cinquantaine de mètres de haut sont donc moins importantes. En revanche, les chutes Victoria (entre Zambie et Szimbabwe) sont plus hautes qu'à Iguazú : environ 110 mètres, mais sur 1700 mètres uniquement.

D'Iguazú, Henning et moi avions prévu de rallier la côte uruguayenne, via le Sud du Brésil. On a passé deux jours à Porto Alegre chez Betsy et Enderson. Deux couchsurfeurs (elle américaine, lui brésilien) super sympas, dans cette ville tranquille, avec plein de parcs. Puis tranquillement passé la frontière sur la côte. Grosses distances, toujours autant d'insuccès en stop. Pour ça, vivement le retour en Argentine ! Cela dit, on est content de retrouver l'océan Atlantique.



11 février 2013

Inattendu Paraguay

Aux lecteurs de la première heure, je dois une petite explication. En effet, le Paraguay ne figurait pas dans ma liste des pays à découvrir. Pire, j'étais même suffisamment condescendant pour le considérer comme un pays "inutile", où il n'y avait pas grand chose à faire ni à voir.

Tout ce que je connaissais du Paraguay, c'était le nom de sa capitale (Asunción pour les intimes, Nuestra Señora Santa María de la Asunción pour les puristes !) et le fait qu'en juin dernier la droite avait habilement masqué en destitution ce qui n'était en fait qu'un coup d'Etat pour se débarrasser de l'ancien évêque que le pays avait porté à la présidence il y a quatre ans. Forcément, avec ce niveau de connaissance, il ne me restait que mes préjugés sur lesquels baser mon opinion.

Je me suis alors rappelé les avis de trois cyclistes normands (La Très Grande Boucle) avec qui j'avais correspondu quand j'étais à Portland (Oregon, USA) en mars dernier. Mon ex-collègue et néanmoins pote Antoine m'avait également vanté tout l'intérêt d'aller voir un peu ce qui se passe de l'autre côté du Río Paraguay. Pour finir, Nina et Steve avec qui j'ai partagé un 4x4 fin décembre pour découvrir le Lípez et le Salar d'Uyuni (Bolivie) avaient fini par me convaincre que je passais à côté de quelque chose si je n'ajoutais pas ce pays à ma liste déjà bien fournie.

Enfin les circonstances ont fait que deux très bons amis ont prévu de me rendre visite en Argentine à partir de mi-février. Du coup, entre le départ de mes parents à Santiago et leur arrivée à Buenos Aires, il me restait trois grosses semaines à "meubler". Se sont donc petit à petit profilés un séjour en Uruguay, puis un détour par les chutes d'Iguazú et pour finir une semaine au Paraguay. Pour des raisons évidentes de géographie, j'ai bien sûr inversé l'ordre.

J'ai donc passé une semaine au Paraguay, où je quittais Fred avec qui j'avais traversé en stop le quart nord-ouest de l'Argentine et où je retrouvais Henning, mon compagnon de voyage de novembre et décembre (Pérou-Bolivie). Et au final, tout comme le Panama, j'ai été conquis par le Paraguay et me suis promis de ne plus faire le petit merdeux qui croit savoir et se permet de juger sans connaître.

Et puisqu'il n'y avait soi-disant pas tant de chose à faire, qu'ai-je finalement pu inscrire à mon programme ? Plein de choses ! J'ai commencé par visiter Asunción. C'est un doux mélange d'architecture coloniale décrépie et de bâtiments tout droit sortis des années 1960-70 à l'esthétique toute discutable. C'est une douce atmosphère de tranquillité malgré la taille de la métropole. Ce furent deux nuits dans une pension familiale recommandée par Antoine et dont la gentille gérante était aussi bavarde qu'intéressante. Et enfin, ce furent les empanadas jamón y queso (chaussons fourrés au jambon et fromage), plaisir gourmand dont on a su abuser sans honte et sans modération.

A Asunción, j'ai également rencontré Rosa, une personnalité intéressante recommandée par ma copine Emilie. Rosa a ouvert l'espace culturel féministe La Serafina il y a huit ans. C'est avant tout un lieu et une association destinés à venir en aide aux lesbiennes (et dans une moindre mesure aux gays et aux transsexuel-le-s). Mais c'est aussi une structure qui milite pour la défense des droits des lesbiennes, dont l'action a été récompensée en décembre 2011 par l'attribution du prix des droits de l'Homme de la République française (remis par Alain Juppé à l'époque). Echange intéressant sur la situation et les droits des personnes homosexuelles au Paraguay, tout particulièrement quand on les met en perspective avec le débat qui agite la France à propos du « mariage pour tous ».

Avec Henning, on avait conclu d'aller faire un tour dans les communautés mennonites du Chaco paraguayen, l'immense région du Nord-Ouest. Mennonites ? Oui, c'est un groupe religieux originaire du Nord de l'Allemagne et des Pays-Bas, suivant les préceptes d'un certain Menno Simons (1496-1561). Les Mennonites du Chaco se sont installés là en 1930, après avoir été chassés de la Russie communiste (où la liberté religieuse avait disparue). Dans cette région particulièrement aride et inhospitalière, ils vivent principalement de l'élevage bovin (pour le lait et la viande) et un peu de culture (cacahuètes et sésame). La communauté se divise en trois colonies d'une quinzaine de villages chacune. Au début, environ 25 familles composaient un village. Aujourd'hui, ils sont 18.000 à vivre dans le Chaco paraguayen. Ils parlent un allemand dialectal (le Plattdeutsch) et ont leur propre système éducatif, en allemand et espagnol, agrémenté par l'Etat paraguayen. La raison de leur implantation ? Les Mennonites recherchent généralement des lieux où ils peuvent à la fois être garantis de liberté religieuse et en même temps bénéficier d'une certaine autonomie vis-à-vis de l'Etat accueillant. Vu l'isolement du Chaco, on peut facilement comprendre que la région remplissait leur critère. Ainsi des années durant, les Mennonites étaient exemptés de service militaire (aboli désormais au Paraguay), ne payaient pas d'impôts et n'obéissaient à aucune autorité administrative paraguayenne. Comment fait-on pour survivre dans un tel environnement s'il est si peu hospitalier ? On se dote d'abord d'une devise : « Gemeinnutz vor Eigennutz » (« L'intérêt général avant l'intérêt personnel »). Et ensuite plus concrètement, on crée des coopératives, on s'entraide, on est discipliné et on a tous le même idéal. Et visiblement, ça marche ! Là encore, bien content d'avoir un peu plongé dans cet univers que je ne connaissais que de nom et que j'entourais encore d'images d'Epinal, du type les gens vivent et s'habillent comme au XVIIIe siècle, etc. Non, non, on ne parle pas des Amishs et les Mennonites sont juste des hommes et femmes blancs qui parlent Allemand au cœur de l'Amérique du Sud !

On a réussi à revenir en stop jusqu'à Asunción, ce qui nous a laissé croire naïvement qu'on pourrait facilement continuer en stop pour découvrir le sud du Paraguay. Que nenni ! C'est un mode de déplacement qui n'est pas si répandu que ça. Les automobilistes nous adressaient en retour des signes bizarres, genre « oui oui tout va bien, merci ! » en levant à leur tour le pouce, quand ils ne levaient pas un autre doigt ! On a donc fini par monter dans un bus après avoir (beaucoup (trop !) ) attendu au bord de la route.

On a visité une ancienne mission jésuite à Trinidad. Plutôt que de me répéter, je vais paresseusement vous suggérer de relire l'article passionnant que j'avais rédigé sur leurs homologues boliviennes. Quelques différences cependant. Par exemple, là, les églises n'étaient pas en bois mais de pierre.

Enfin, on a fini par la visite du barrage d'Itaipú (les chutes d'Iguazú ne sont pas loin mais c'est pas pareil). Pendant 30 ans, ce fut le plus gros barrage du monde avant l'entrée en service du barrage des Trois-Gorges en Chine en 2009. Le barrage est construit sur le Río Paraná qui sépare le Paraguay du Brésil. Un traité signé entre les deux pays en 1973 répartit les 20 turbines pour moitié au Paraguay et pour moitié au Brésil. Mais comme deux turbines suffisent à satisfaire 80% de la demande d'électricité du Paraguay, celui-ci loue ses huit autres au Brésil qui peut ainsi satisfaire un quart de ses besoins en électricité avec 18 turbines. Et ce ne sont pas de petites turbines ! La puissance du barrage est équivalent à dix fois le débit des chutes d'Iguazú (dont vous verrez les photos très bientôt).

Ce que j'ai aimé dans ce pays au final ? D'abord le fait qu'il y ait très peu de touristes ou de voyageurs. Ensuite que les gens sont super sympas et très accueillants (sauf pour faire du stop). Puis le pays est beau : aride et plat dans l'immense région nord, plus vallonné et vert (avec une terre très rouge) dans le sud. Qu'on se le dise, les villes sont assez moches. Et enfin, dernier préjugé, le Paraguay n'est pas un pays pauvre, pas super riche non plus mais plutôt bien développé, le niveau de vie est assez élevé et les gens semblent heureux d'y vivre. J'ai enfin fini par le comprendre !



5 février 2013

Auto-stop en Argentine : à la croisée des chemins

J'emprunte ce titre à Claire et Guillaume, deux globe-trotteurs qui ont inspiré mon périple, parce que c'est vraiment ce que j'ai vécu.

J'ai quitté mes parents à Santiago du Chili et me suis ensuite rendu à Mendoza, de l'autre côté des Andes, côté argentin. J'y ai passé deux jours chez Isaías avant de reprendre la route, accompagné de Fred, rencontré dans le sud du Chili. Objectif : quatre jours pour rallier Asunción (Paraguay) en stop, soit 1.900 kilomètres.

J'en entends qui me disent : « Quatre jours seulement pour tout le quart Nord-Ouest de l'Argentine, quel dommage ! » Mais à ce rythme et avec ce moyen de transport, j'ai croisé davantage de chemins que je n'aurais pu l'espérer en y passant trois semaines. Brefs mais intenses, ces échanges culturels m'ont permis d'apprendre beaucoup et en accéléré sur l'Argentine, son histoire, son environnement, sa sociologie, sa politique, ses paysages, …

En vrac, quelques anecdotes. D'abord, Franco est le premier à nous prendre en stop. Le second qui s'arrête se révèle être son cousin, qu'il avait réussi à prévenir. Belle surprise pour nous. Ensuite, Beto qu'on a croisé et recroisé à différents endroits sans qu'il ne s'arrête (mais il nous saluait à chaque passage). Au bout de quatre fois il finit par s'arrêter, hilare, et nous dit de monter. Pour la première fois sur ce continent, je ne suis pas le seul autostoppeur sur la route. Cette concurrence n'est pas évidente à gérer ; il faut repérer les bons spots pour se placer et être sûr d'être pris. A la différence de l'Amérique du Nord aussi, les camionneurs s'arrêtent et nous prennent. Au final, objectif atteint, belle moyenne (deux jours à plus de 700 km).

Petit quizz pour les joueurs : je vous laisse assigner à chacun son métier/occupation (Fred inclus).
  • livreur de pains
  • ingénieur électricien
  • transporteur
  • publicitaire
  • transporteur de patates frites
  • producteur d'huile de pépins de raisin
  • ingénieur informaticien
  • patron d'une entreprise de transport routier
  • doctorant en linguistique
  • éleveur de boeufs
  • radiologue
  • ingénieur de travaux publics
  • promeneurs du dimanche
  • représentant de commerce
  • ingénieur en énergie éolienne
  • vigneron
  • voyageurs
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