28 avril 2012

PC Course

Jour 97 – Kilomètre 10.030

A quelques encablures de Las Vegas, en plein désert de Mojave, j'ai symboliquement franchi mon 10.000e kilomètre. Avec un total de 240 heures passées en train, en ferry, en bus, en marchant, en voiture (attente d'auto-stoppeur incluse), j'ai donc une moyenne de 41 km/h, soit 25 miles par heure.


J'ai passé dix jours à San Francisco. La première moitié pour me reposer essentiellement, chez Laurence et Chris, et leurs deux filles Victoria et Aldora. Une ambiance très francophone et très agréable qui m'a permis de recharger les batteries. La deuxième partie, je l'ai passée chez Jeremy (très bon cuistot !) en compagnie de deux autres voyageurs danois. On n'a pas arrêté. Au point qu'il serait plus facile de lister les endroits où nous n'avons pas été.

Ensuite, j'ai passé deux jours dans le parc national du Yosemite. La pluie a un peu écourté mon séjour. Mais ça reste un endroit magique et magnifique. J'espère que les photos sauront retransmettre cette impression.

Distance : 1.250 kilomètres

J'ai repris la route vers l'est. En Californie du Sud, le stop, c'est plus ce que c'était... J'ai dû me résigner à prendre le bus pour rallier Las Vegas. Non, pas pour jouer au casino, c'est pas trop mon truc. Mais c'est surtout parce que c'est la porte vers le Grand Canyon. Je vais rester quelques jours chez Marco et Sally, un couple franco-américain très sympa : amis d'amis de Mike et Eve qui m'ont accueilli sur la côte il y a quelques semaines.

Et pour finir, depuis plus de trois mois que je suis parti, je réalise qu'il ne me manquait vraiment qu'une chose : mon jean. OK, ça peut paraitre très futile. On finit par porter (et laver, rassurez-vous!) toujours la même chose. Et quand on a envie de relever un peu le niveau vestimentaire, ça se complique. Les voyageurs connaissent les restrictions en termes de matériel. Donc un grand merci, Maman et Laurence, d'avoir permis à mon jean et ma chemise à carreaux rouge (pour les connaisseurs !) d'arriver en même temps que moi hier à Las Vegas, après une étape à San Francisco.

22 avril 2012

Golden Gate Bridge

Voici enfin les premières photos de San Francisco. A tout seigneur, tout honneur : on commence par le Golden Gate Bridge (75 ans cette année) que j'ai traversé à pied. La première photo a été prise lors de mon escale en janvier.


18 avril 2012

Plus qu'un village, une communauté

Bolinas. C'était un nom de village sur mon carnet de route. C'était une suggestion confidentielle de la part de Lucio (que vous avez découvert dans mes Rencontres sur la côte Pacifique). Ça a été quelques décennies de lutte contre le comté pour éviter d'avoir des panneaux indiquant le village sur les routes alentours. Mais Bolinas aura été bien plus que ça !

Tout a commencé par une fin de journée très pluvieuse, où j'avais été contraint à un détour de plusieurs dizaines de kilomètres parce qu'un de mes conducteurs du jour ne m'avait pas déposé au bon endroit (malgré mes demandes répétées...). Et là, Mark s'arrête. Je n'y croyais plus trop. Je lui dis que je cherche à aller à Bolinas. Il me répond : « Monte ! C'est là où j'habite ». La belle aubaine !

En voiture, on commence à bien discuter. Le courant passe tout de suite avec cet homme de 70 ans, franc sourire, curieux, vétéran du Vietnam, vagabond dans sa jeunesse, stabilisé à Bolinas depuis 25 ans. Quand je lui demande quelques pistes pour trouver un terrain pour camper pas cher dans le coin, il me fait comprendre qu'il y réfléchit. En fait, il mûrissait déjà sa réflexion depuis quelques minutes. Et arrivé à Bolinas, il me propose un tour du village et ensuite de m'héberger chez lui. Il faut juste que sa femme Meg soit d'accord. Mais quand vous voyez Meg, vous vous doutez qu'elle est en général d'accord pour beaucoup de choses.


Bolinas est un village un peu isolé. Littéralement, ce n'est même pas sur le continent américain puisque la fameuse faille de San Andreas (responsable de tant de tremblements de terre) sépare la plaque du Pacifique où se trouve Bolinas de la plaque de l'Amérique du Nord sur laquelle se trouvent les Etats-Unis.

Dans les années 70, toute une bande de hippies s'est installée là pour préserver la petite baie (ce qu'ils appellent le Lagoon) d'une fuite d'hydrocarbures en baie de San Francisco. Et ils sont restés. Quand quelques businessmen ont commencé à avoir des vues sur cet endroit assez paradisiaque, les hippies se sont organisés politiquement pour créer une véritable communauté.

C'est cet esprit qui a perduré au fil des décennies. Non pas celui d'une communauté fermée d'irréductibles hippies vivant dans des vans Volkswagen où ne régneraient que « sex, drugs and rock 'n roll » comme ça pouvait être le cas dans d'autres temps. Non. C'est bien plus une communauté consciente de la chance qu'elle a de vivre dans une endroit superbe, qu'elle se doit de préserver et faire vivre en harmonie.


La communauté ne cherche pas à s'étendre outre mesure. Entourée par des parcs naturels, la place est limitée, l'accès à l'eau difficile. C'est d'ailleurs ce dernier qui conditionne l'octroi ou non de terrain. C'est ainsi que la communauté s'est battue pour empêcher la construction d'un complexe hôtelier : « désolé, mais non ! On ne pourra avoir assez d'eau pour vous ! ». Fin du projet.

À dire vrai, c'est assez fascinant de voir comment les personnes qui habitent là se sentent impliquées dans la vie de la communauté. Il y a un vrai sentiment d'appartenance, de vision collective pour leur communauté, de mobilisation et de lutte collective quand arrive un danger naturel ou urbain. Ce n'est pas simple tous les jours mais Mark et Meg m'ont assuré que cet état d'esprit se construisait au jour le jour. Par des réunions régulières, des événements, des échanges entre les habitants, etc.


Certains travaillent dans l'une des quatre fermes bio de Bolinas, d'autres font tourner les quelques commerces et cafés du village, d'autres encore pèchent ou travaillent à l'extérieur. Mark et Meg, en voyant mon intérêt et ma curiosité, m'auront aussi fait rencontrer John, un copain qui cultive tout un tas de plantes exotiques pour étudier la biodiversité. Fascinant et enrichissant.


Mark et Meg eux habitent là depuis près de trente ans. Ils cultivent leur propre jardin qui leur permet d'être auto-suffisants en fruits et légumes. Ils ont construit leur maison en bois, avec un maximum d'ouvertures pour se sentir presque dehors. Ils font du compost. Ils produisent une bonne partie de leur électricité grâce à des panneaux solaires et peuvent se permettre d'arroser leur jardin grâce à l'eau de récupération.

Bolinas est un petit havre de paix à quelques kilomètres de la baie de San Francisco. On l'aperçoit au loin d'ailleurs. Et on apprécie le calme ici en imaginant l'agitation là-bas. Mark et Meg, par leur accueil simple et chaleureux, auront été une vraie belle surprise sur ma route. Ils auront été une vraie source d'inspiration et de réflexion. Une belle conclusion de mes quinze jours sur la côte Pacifique, avant d'aller découvrir San Francisco.


16 avril 2012

Côte Pacifique américaine


Voici enfin les photos des 15 jours passés sur la côte Pacifique de l'Oregon et de la Californie du Nord.

11 avril 2012

Rencontres sur la côte Pacifique

Un originaire du Monténégro, une mère en vacances avec son fils, deux baba-cools londoniens, deux Belges tout juste diplômés. Quelle relation entre toutes ces personnes ? Aucune, si ce n'est d'avoir croisé leur route, le long de la côte Pacifique des Etats-Unis.

Je savais que j'allais prendre beaucoup de plaisir entre Portland et San Francisco. D'abord parce que la côte est belle, sauvage, légèrement lugubre si la météo est moins bonne, très peu peuplée, et très bien préservée. Mais c'est aussi une de ces régions des Etats-Unis où on croise beaucoup de personnes très … cool !

Il y a eu David, originaire du Monténégro. Je faisais du stop au coin d'une rue de Portland et on a commencé à discuter, de tout, de rien, mais surtout de la pluie qui tombait. Au final, il m'aura invité prendre un café chez lui, indiqué une meilleure route pour atteindre mon étape suivante, préparé mon panneau pour faire du stop, et discuté un bon moment de l'ex-Yougoslavie. À une autre époque il avait rencontré plusieurs fois et interviewé le criminel de guerre Radovan Karadzic (qu'il appelle toujours Radovan et qu'il considère comme son ami). Improbable rencontre !

Janna et Tyler me sont passés devant en voiture. Cinq minutes après, ils me repassaient devant mais pour s'arrêter cette fois. En vacances sur la côte, ils ont trouvé que j'avais une bonne tête et ont décidé de me prendre en stop finalement. Bonne pioche pour moi puisqu'ils étaient aussi peu pressés que moi. On a donc pris quelques détours pour faire les touristes, voir un phare, un cap, observer des baleines au loin, randonner un peu, avant de me déposer chez mes hôtes du jour, ceux-là mêmes que vous avez découverts dans l'article sur Pacific City.

Seth, un autre hôte sur la côte, m'a fait découvrir ses talents de cuisinier végétarien et de jolis coins en dehors de la ville, et fait partager des soirées sympas avec ses potes de Lincoln City. Sans ça, il y a fort à parier que cette ville triste et sans caractère ne m'aurait pas laissé un souvenir impérissable.

Puis Michael, allemand d'origine, installé aux Etats-Unis depuis un bon nombre d'années et avec qui j'ai fait un petit bout de chemin. Une vie simple à base de surf et de voyages. Dans les jours qui viennent, il part en Inde quelques mois.

J'ai croisé Lesanna sur un pont à Newport. Un de ces grands ponts métalliques en treillis dont l'Ouest américain est truffé. J'arrivais sur l'autre rive quand on s'est croisés. Elle, poussant son vélo ; moi, sac au dos légèrement décoiffé par le vent. Je lui ai juste conseillé de bien tenir son vélo dans le vent. Visiblement ça l'a effrayé. Du coup on a commencé à discuter, sur ce pont, sur ce trottoir réduit à deux mètres des voitures qui passent à toute vitesse. Grande voyageuse elle aussi, on a parlé de nos périples respectifs. Après quoi on a décidé de diner ensemble avec son collègue Andy, biologiste également à l'Aquarium de Seattle. Et au final, elle n'aura jamais traversé ce pont en vélo pour aller voir le phare sur l'autre rive.

Il était tôt ce matin-là. Et il pleuvait comme jamais. Sous mon poncho pour faire du stop (pas trop le choix!) je savais mes chances de succès assez minces. Mais Kirk a eu pitié. Un jeune de 20 ans qui rentrait de son boulot de nuit. Et je pense qu'en se couchant ce matin-là, il a rêvé de voyages. Il en rêvait déjà quand on parlait de ses envies et de mon périple.

Micah lui s'est arrêté parce qu'il s'est dit en me voyant qu'il craignait pas grand-chose. Il est vrai que l'idée-même de vouloir m'opposer à lui est déjà en soi une très bonne blague. Imposant donc, mais tellement sympa. Arrivé à Florence, où il travaillait, il appelle Christine, sa femme, pour qu'elle nous rejoigne et m'invite à déjeuner. Autour d'un bon vrai hamburger américain, on a parlé de la France (où Christine a vécu quelques mois étant plus jeune), de leurs six enfants, de l'Oregon, de mon voyage et de leur ancien élevage de bisons.

D'habitude je suis vigilant et je "trie" les voitures dans lesquelles je sens que je peux monter... ou pas. Il est arrivé trois ou quatre fois que je refuse poliment quand je trouve la/les personne(s) un peu... étrange(s). Quand Lucio a débarqué avec son camping-car débordant de fringues entassés, de matelas débordant sur les sièges avant, de vieux paquets de fast-food, et de couvertures pour le chien sur le siège passager, je sais pas ce qui m'a pris mais je suis monté. Et finalement, Lucio est un type formidable. Un vrai hippie, c'est tout.

Ce soir-là, j'ai déniché un petit camping gratuit à Winchester Bay. Il faut dire, une tente et un sac à dos, ça consomme pas beaucoup d'eau ni d'électricité comparé à mes camping-cars de voisins (qui sont en réalité des camping-bus avec une remorque à l'arrière). Je rigolais seul de cette disproportion de nos façons de voyager quand Ed m'a demandé s'il n'avait pas écrasé ma tente en reculant. Quel blagueur ! Et là tout s'est enchainé : apéro avec son copain Mike lui aussi shérif de son état, puis diner mexicain avec l'ensemble des occupants des trois autres camping-bus (toute une bande de vrais shérifs avec leur ados). Et le lendemain matin, café chaud avant de reprendre la route.

Gary, elle aussi a fait demi-tour, après en avoir discuté avec Chris, son locataire, avec qui elle rentrait à Bandon après leurs courses. Un côté très zen, de longs cheveux blancs, de larges lunettes de soleil, laissaient l'imaginer dans les années 70. Tellement sympa, qu'elle a même insisté pour m'emmener directement à Port Orford en me proposant un véritable petit tour dans des endroits que je n'aurais jamais découverts si j'avais tracé tout droit.

Arrivé à destination, Kathy m'a accueilli avec tellement d'enthousiasme et de dynamisme qu'elle m'a rappelé une autre arrière-grand-mère que je connais. On a marché sur la plage, longé la falaise, visité un phare, cru apercevoir des baleines au loin. J'ai fait sécher ma tente dans son salon, elle m'a préparé un délicieux petit-déjeuner, on a remarché, avant qu'elle ne m'accompagne elle-même à mon étape suivante. Un grand moment de partage.

Rob et Dave sont deux Londoniens débarqués dans l'Oregon il y a une vingtaine d'année avec leurs parents. Ils y sont toujours. Eux aussi prennent la vie telle qu'elle se présente, et tout va bien. Ils vivent d'un tas d'occupations à côté de leur petite imprimerie. Leur maison à Brookings est un assemblage de mille et une choses loufoques dont je n'aurais jamais imaginé qu'on puisse un jour oser les associer à l'intérieur d'un même espace : un mini-rotative pour impression, une guirlande lumineuse de Noël, des planches de surfs, un canapé immense, tout un tas d'instruments de musique, un mur recouvert de toile de jute pour déco, un autre de papier journal, un bananier, et j'en passe.

Au dehors, Leon était là. J'ai discuté avec lui une bonne heure. Très intriguant, Leon (pas de photo malheureusement). Ça a commencé avec sa théorie des événements cataclysmiques (type tsunami ou tremblement de terre) téléguidés par l'Homme. Une puissance obscure qui chercherait à augmenter son pouvoir en atomisant certaines communautés à coup de catastrophe naturelle. Et puis il y a eu tout un refrain sur le changement climatique. Là j'ai quand même exprimé mon point de vue. Et le 11-septembre. Et d'autres après. Mais tout ça dans la bonne humeur.

Au café le lendemain avec Dave (photo ci-dessus), j'ai rencontré Deanne qui m'a proposé de m'accompagner jusqu'à la frontière californienne, puis jusqu'à une autre ville. On a fini par passer chez elle quand elle a vu mon intérêt pour son projet de Bed & Breakfast avec une partie jardin potager. Un côté « Accueil paysan » ou « Bienvenue à la ferme » qui m'a beaucoup plu. Et au final, elle m'a emmené visiter les impressionnants Redwoods, ces arbres immenses au tronc cylindrique long et au feuillage perché à près de 100 mètres au-dessus du sol.

Deux Belges en voyage post-diplôme de fin d'étude, ça donne quoi ? Ça donne un road-trip de 4 ou 5 mois en voiture autour des US, dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Ça donne aussi quelques sourires quand j'ai su qu'ils avaient eu du mal à trouver la côte Pacifique, qu'ils avaient perdu le double de leur clé de voiture, qu'ils avaient cramé la batterie de la même voiture parce qu'ils avaient écouté la musique en s'endormant dedans. Des anecdotes de voyage, ils en ont ! Et ce n'est pas une blague. Et on a pris notre temps, on a campé, on a cuisiné au feu de bois, on a fait nos touristes. Et ça, ça n'a pas de prix !

Mike, lui, m'a proposé de me déposer cinq kilomètres plus loin. J'ai accepté. Je lui ai dit que je cherchais à aller à un camping gratuit le long de la côte. Il m'a suggéré un endroit pas loin de là où il m'a déposé, comme plan B au cas où personne d'autre ne s'arrêterait. Au final, c'est lui cinq minutes après qui s'est arrêté à nouveau et m'a proposé son jardin comme camping gratuit. Une vraie garden party ! Et avec sa femme Eve et lui, j'ai passé deux très belles soirées à cuisiner et discuter.

De belles rencontres. Et pour ceux/celles qui me tannent pour une photo de moi, voilà !

Bon, je vais peut-être m'arrêter là. Il y en a eu tant d'autres. Et il y aurait plus du double à écrire sur tous les chiens, chats, lamas, et autres animaux domestiques que j'ai croisés mais ce serait moins intéressant. Vous retrouverez tous ces visages dans la galerie de portraits sur la page "Photos" (et remise ici aussi). Et pour les paysages, attendez encore quelques jours que je sois arrivé à San Francisco pour tout mettre d'un coup.



9 avril 2012

Quelques trucs à savoir sur les Etats-Unis

Un petit article de géographie sur ce que j'ai pu voir des Etats-Unis pour le moment. Et si ça tombe bien pour éclairer les 4e qui étudient ce pays, tant mieux ! :-)

Les grands espaces américains

Tout comme le Canada, les Etats-Unis sont un pays jeune mais immense. Certains s'amusent d'ailleurs à dire : « In Europe, 100 miles is a long distance; in America, 100 years is a long time » (« En Europe, 100 km sont une longue distance ; en Amérique, 100 ans sont une longue période »).

En termes de superficie, on pourrait mettre 20 fois la France dans les Etats-Unis. Ça laisse imaginer les distances à parcourir et les espaces naturels, dépourvus de population, en particulier dans la moitié ouest du pays. L'autre jour, j'ai parcouru plus de 150 km sans traverser un seul village ou voir une seule maison.


Dans le centre des Etats-Unis, on trouve d'immense plaines, très agricoles : le Mid-West. J'en ai eu un très rapide aperçu dans le Montana qui est à cheval sur cette région et la région des Rocheuses. Les Rocheuses (en anglais Rocky Mountains ou Rockies) sont cette chaine de montagnes qui traverse le Canada et les Etats-Unis du Nord au Sud.


Les Rocheuses sont une région très peu peuplée et assez préservée grâce à la création de nombreux parcs nationaux. J'ai pu visiter ceux de Jasper et Banff au Canada, mais malheureusement celui du Yellowstone aux Etats-Unis est, dans sa grande majorité, inaccessible au public pendant l'hiver. Les Rocheuses sont une région très peu industrialisée. Il y a quelques mines, mais la principale activité reste le tourisme : sports d'hiver durant la saison froide et randonnée et camping durant l'été.

Les axes de communication

Comme je l'ai déjà indiqué de nombreuses fois dans des articles précédents, les Américains se déplacent essentiellement en voiture. Le réseau routier en ville est souvent très développé et le piéton que je suis peut se retrouver un peu perdu entre toutes ces autoroutes urbaines et ces ponts et ces grands boulevards. En dehors des villes, le réseau est plutôt peu développé. Des autoroutes (ou Interstate Highways) relient les grandes villes. En parallèle existe un réseau de routes nationales : les U.S. Highways – comme la fameuse et mythique Route 66 qui relie Chicago à Los Angeles. Après ce sont de petites routes. Dans la plupart des Etats américains, je peux faire du stop sur les Highways mais pas sur les Interstates (ou alors je me positionne avant la bretelle d'accès).


Mais ces grandes axes routiers ne servent pas qu'aux voitures individuelles. Ils sont d'une très grande importance pour le transport de marchandises. Et les camions sont construits à la proportion des distances : gigantesques. Nos 38-tonnes et autres poids-lourds ne sont pas grand chose par rapport à ces méga-camions qui peuvent transporter jusqu'à 60 tonnes.


Ensuite, il y a un maillage ferroviaire important. Il est très peu (pour ne pas dire pas du tout) utilisé pour transporter des passagers, mais essentiellement pour le transport de marchandises, ou fret (freight en anglais). Même si le rail est moins développé dans la moitié ouest du pays, il reste un moyen efficace de transporter des marchandises sur de longues distances. Là encore, les proportions sont assez différentes de celles dont on peu avoir l'habitude en Europe. Les trains sont immenses, parfois plus de 250 wagons, soit près de 3 kilomètres de long, souvent tirés par deux locomotives et une troisième qui pousse à l'arrière.


Tout comme la répartition de la population, ces axes de communication sont davantage développés dans l'Est du pays, beaucoup plus densément peuplé.

Les villes de l'ouest américain

Comme j'ai pu le remarquer déjà à Anchorage (Alaska), puis à Edmonton et à Calgary (Canada), les grandes villes américaines de l'ouest sont très étendues. Et cela vaut aussi pour Portland où j'étais récemment. Pour faire court, les villes se sont développées en suivant un plan quadrillé ; toutes les rues sont perpendiculaires ou parallèles (regardez un plan d'Edmonton sur Google Maps, c'est assez amusant).


Les villes sont construites schématiquement autour d'un coeur (ou down-town) composé de gratte-ciels, pour la plupart ce sont des bureaux. Autour, différents quartiers, avec des maisons individuelles. C'est peut-être ça aussi le rêve américain !


Il y a très peu d'immeubles d'habitation, la ville se développe à l'horizontale et non à la verticale comme dans les grandes villes européennes. Ce qui a pour conséquence directe un étalement de la zone urbaine. Très facilement, des villes d'un million d'habitants peuvent s'étaler sur 400 km² (20 km x 20 km). A titre de comparaison, Paris avec ses 3 millions d'habitants s'étale sur "seulement" 100 km².


7 avril 2012

PC Course

Jour 75 – Kilomètre 7 945

Un petit point sur mon avancement. Je suis aux portes de la Californie ; Brookings est la dernière ville sur la côte Sud de l'Oregon. Demain, je quitte donc cet Etat que j'ai beaucoup apprécié, tant par sa beauté sauvage que par la richesse des rencontres (cf. l'article précédent). Mais également très vite, je posterai plus de détails, et quelques photos pour accompagner le récit.

Pour aujourd'hui, ce sera une carte. En effet, au départ (à savoir durant ma préparation de voyage), en traçant un peu ma route sur la carte, j'avais prévu de traverser le Montana depuis la frontière canadienne, visiter le Parc national du Yellowstone, continuer jusqu'à Salt Lake City en suivant les Rocheuses et bifurquer ensuite vers San Francisco (tracé bleu).

Mais je suis arrivé à un certain point où les montagnes, c'est bien, mais j'avais besoin de voir la mer. J'avais aussi besoin d'être plus "libre" de mes mouvements – il n'y a jamais beaucoup de choix d'itinéraires à travers les montagnes. Et enfin, je savais que l'Oregon, Portland, la côte nord-ouest des Etats-Unis étaient des endroits qui me plairaient. Donc, plutôt que de choisir entre Rocheuses et côte Pacifique, j'ai finalement opté pour les deux. Du Montana, aux portes du Yellowstone (qui me sont malheureusement restées fermées), j'ai tracé plein Ouest vers Portland, d'où je suis reparti plein Sud, en suivant la côte au plus près jusqu'à San Francisco (tracé orange).

En soi, cette deuxième option ne m'a pas considérablement rallongé. Et après San Francisco ? Attendez, impatients ! J'ai mon idée mais elle mérite d'être affinée… Cela dit, si vous avez des suggestions, vous pouvez y aller dans les commentaires !



1 avril 2012

La vie à Pacific City


Mary et Rob vivent au paradis. Il n'y a qu'à regarder par la fenêtre de leur salon pour s'en persuader. Ils habitent en pleine nature, sur la côte Pacifique, entourés de leurs deux chats très joueurs et de leurs quatre poules pondeuses. Leur propriétaire, qui est aussi leur voisin, leur avait également donné son accord pour un chien. Mais pas pour la chèvre. Alors ils attendront leur prochaine maison pour avoir du lait, et pourquoi pas faire un peu de fromage.

De même, ils n'ont pas pu installer d'éolienne pour produire leur propre électricité. Mais ça reste dans leur idée. Un jour, ils auront leur maison et elle sera autonome en énergie. Ils auront leur potager qui leur permettra de vivre. Ils feront leur propre engrais avec leurs toilettes sèches et leur compost. Ils auront un mode de vie avec un impact environnemental proche du zéro absolu.

Au loin, on entend le bruit assourdissant des vagues qui se brisent sur la plage. La petite ville de Pacific City est à quelques kilomètres. Le voisinage se réduit donc à quelques maisons entre montagne et océan, au bord d'un bras de mer. Rob est chargé par cette petite communauté de surveiller la retenue d'eau, plus haut dans la montagne. De l'eau pure qui vient directement du sommet. Et ils ne sont pas près d'en manquer ; de l'eau, il en tombe !

Bien évidemment, vu là où ils habitent maintenant, ils n'ont plus trop envie de bouger. Alors ils accueillent les voyageurs comme moi. On se ballade sur la côte, complètement sauvage et hyper préservée en Oregon. Et on se raconte nos expériences de voyages. Il y a quelques années, ils ont fait du stop de Portland au Mexique, et sont revenus là où ils habitent maintenant en passant par l'Alabama et Los Angeles. Plus de 10.000 km avec leur surf sous le bras !


Mary est chef au Grateful Bread, une boulangerie-salon de thé, en hommage au groupe de San Francisco Grateful Dead que les anciens connaissent sûrement mieux que moi. Ils font du très bon pain, dont la fameuse « French baguette », et de délicieuses pâtisseries. Je vous conseille vivment de vous y arrêter si vous passez dans le coin !

Rob fait un peu plein de choses. Il travaille officiellement pour son voisin de propriétaire : ils cultive des plants de wasabi. De ses racines on tire la fameuse moutarde japonaise au goût très prononcé ! L'Oregon possède apparemment un climat très proche de son confrère japonais. C'est ainsi qu'en dehors du Japon, c'est en Oregon qu'on produirait le meilleur wasabi.

Et quand ils ne travaillent pas, Mary et Rob ont trois mille autres occupations tout aussi passionnantes. Mary est artiste, elle peint, elle dessine, elle crée, elle sculpte, elle gribouille. Elle regarde Rob faire voler ses planeurs. Rob a auparavant fabriqué ces modèles d'avion en bois. Rob fabrique aussi (et répare) des planches de surf, surtout sur commande. Avec l'océan à côté, ils surfent tous les deux régulièrement.

Voilà. À Pacific City, dans l'Oregon, au bord de l'océan, la vie est simple. Mais elle est belle !