13 février 2012

La vie au quotidien à Anchorage

Anchorage, c'est d'abord pour moi un très vieux souvenir de cours de géo de primaire. J'ai toujours associé cette ville à cette contrée lointaine, l'Alaska. Bien sûr, les années passant, s'est amplifié mon petit côté “Rain-Man des capitales du monde” (oui, j'avoue pouvoir citer et situer un bon nombre d'entre elles, comme certains peuvent citer les saints du calendrier). Et c'est ainsi que j'ai appris qu'Anchorage n'est pas la capitale de l'Alaska.


Certes, Anchorage est de loin la plus importante ville d'Alaska : 290.000 habitants (375.000 si on prend l'agglomération). C'est la moitié de la population totale de l'Alaska (cf. article sur l'Alaska). Cette ville toute récente n'existait pas en 1906 quand a été choisie Juneau pour capitale de l'Alaska. Malgré tout certains continuent de poser la question d'un déplacement de la capitale de Juneau à Anchorage.

Histoire

La ville s'est donc développée très récemment. Les constructeurs de la ligne de train (cf. article précédent sur le train du bout du monde) s'installent en 1914, dans ce qui deviendra vraiment Anchorage en 1920. Rapidement la ville devient une plaque tournante du trafic aérien transpolaire. Les avions transportant des marchandises par le Pôle Nord, en provenance d'Europe et à destination d'Asie (et inversement), faisaient escale à Anchorage. Encore aujourd'hui, il y a des vols réguliers en été entre Anchorage et Francfort en Allemagne : huit heures seulement en survolant le Pôle Nord (c'est la route la plus directe).

Au moment de la Seconde Guerre mondiale, le développement de la vile est étroitement lié à l'installation de l'une des plus importantes bases militaires des Etats-Unis (US Army + US Air Force). Elle servira de base arrière pour la guerre contre le Japon jusqu'en 1945 et restera ensuite très active pendant la Guerre froide vu sa proximité avec l'URSS. Enfin la découverte du pétrole dans les années 1960 et la construction du pipeline (qui transporte le pétrole depuis les régions arctiques vers la région d'Anchorage où il est ensuite raffiné et transporté par bateau) va achever son boom démographique. Ce développement trop rapide aura des conséquences sur l'urbanisme comme on le verra ensuite.


Le 27 mars 1964, à 17h36 précises, Anchorage est touché de plein fouet par un important tremblement de terre. Survenu le Vendredi Saint, il est surnommé "Good Friday Earthquake". Avec une magnitude de 9,2 sur l'échelle de Richter, il se classe entre celui de Valdivia au Chili en 1960 (le plus important séisme jamais enregistré) et celui de Sumatra en 2004, suivi du tsunami qui a dévasté l'océan Indien. Ce séisme, même s'il n'a fait "que" 143 victimes, reste très ancré dans la mémoire collective. L'Alaska, situé dans une région hautement sismique (la fameuse ceinture de feu du Pacifique), tremble régulièrement. Des secousses plus ou moins fortes sont enregistrées toutes les semaines.

Urbanisme

Qu'on se le dise, la ville est assez moche. Certes, elle a été détruite en bonne partie par le tremblement de terre de 1964, mais elle s'est surtout développée en dépit de règles d'urbanisme élémentaires. Le gros essor de la ville s'est produit après la Seconde Guerre mondiale, à une époque où l'Alaska n'était pas encore un Etat des Etats-Unis et où les affaires étaient principalement gérées par la mafia locale. C'était un peu le Far West.


Du coup, la ville est très étendue, s'est construite sur des kilomètres carrés de marécages, de sous-sols argileux, etc. Au prochain tremblement de terre important, beaucoup craignent que de nombreux quartiers disparaissent purement et simplement, littéralement engloutis.

Moins attrayante que Fairbanks, la ville est composée d'un centre-ville avec les sièges sociaux des principales compagnies pétrolières de la région. Des quartiers résidentiels. Des zones commerciales immenses à en donner la nausée.

En revanche, la ville, située au fond d'une baie qui donne sur le Pacifique, est entourée de montagne. Une subtile synthèse entre Corse et Pôle Nord. Le cadre magnifique compense donc largement le manque de charme de la ville.


Déplacement

Commençons par le positif. La ville a développé un petit réseau de pistes qui servent à la fois au ski de fond, à la marche, au vélo (même l'hiver, avec des pneus cloutés – n'est-ce pas Marion et Virgile), etc. Et pour les avoir arpentées, elles sont très agréables, car vous évitent de vous promener le long d'axes routiers, très empruntés. Et la plupart de ces pistes conduisent aux différents parcs que contient la ville. Aussi, très régulièrement, en pleine ville, on peut croiser des élans/orignaux (je ne fais pas encore la différence) voire des aigles chauves. Du fait de l'activité humaine, ce symbole des Etats-Unis n'est plus visible qu'en Alaska et en Floride.



La voiture, là encore, est rendue indispensable par les distances. Par exemple, le zoo de la ville se situe à plus de 16 km du centre-ville, mais on est toujours à Anchorage. Il n'y a que trop peu de transports en commun. Donc tout le monde utilise sa voiture. Et comme tout le monde a une voiture, pourquoi développer les transports en commun ? Vous voyez, c'est un vrai cercle vicieux.


Et pour quitter la ville en hiver, il n'y a pas beaucoup d'options : le train ne circule que vers Fairbanks, les lignes de bus inter-cités ne fonctionnent pas, les ferrys ne partent pas d'Anchorage. Vous l'aurez compris, pour le voyageur, c'est la galère ! (cf. article précédent)

Certes, il y a l'avion. L'avion est le moyen le plus utilisé pour faire des longues distances dans ce pays où le réseau routier n'est développé que dans le quart sud-est. Il sert aux sociétés d'exploitation pétrolière qui font régulièrement la navette entre Anchorage et les lieux d'extraction, souvent situés à plus de 1300 km, sur la côte Arctique. Par ailleurs, c'est le seul moyen de transport pour toutes les communautés situées à l'ouest d'un axe Anchorage-Fairbanks qui ne sont pas reliées par la route au reste du pays.


Et pour le reste des photos :



2 commentaires:

  1. si c'est aussi beau que Skopje ou Pristina, en effet, ça doit pas être réjouissant côté architecture.
    Profite bien quand même "Rainman" ;-)

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  2. Merci pour ces récits détaillés. Je partage ton admiration pour ces paysages grandioses ! J'en ai même froid !! et pourtant en France, on a été bien servis dernièrement (c'est toujours rien à côté de tes -41°...)
    Vendredi prochain, je vais faire le point sur ton voyage avec les 4ème. Les photos sont superbes, ils en réclamaient, ils vont être ravis !
    Bonne continuation !
    Florence M.

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