Anchorage, c'est d'abord
pour moi un très vieux souvenir de cours de géo de primaire. J'ai
toujours associé cette ville à cette contrée lointaine, l'Alaska. Bien
sûr, les années passant, s'est amplifié mon petit côté “Rain-Man
des capitales du monde” (oui, j'avoue pouvoir citer et situer un
bon nombre d'entre elles, comme certains peuvent citer les saints du
calendrier). Et c'est ainsi que j'ai appris qu'Anchorage n'est pas la
capitale de l'Alaska.
Certes, Anchorage est de
loin la plus importante ville d'Alaska : 290.000 habitants
(375.000 si on prend l'agglomération). C'est la moitié de la
population totale de l'Alaska (cf. article sur l'Alaska). Cette ville toute récente n'existait
pas en 1906 quand a été choisie Juneau pour capitale de l'Alaska.
Malgré tout certains continuent de poser la question d'un
déplacement de la capitale de Juneau à Anchorage.
Histoire
La ville s'est donc
développée très récemment. Les constructeurs de la ligne de train
(cf. article précédent sur le train du bout du monde) s'installent
en 1914, dans ce qui deviendra vraiment Anchorage en 1920. Rapidement
la ville devient une plaque tournante du trafic aérien transpolaire.
Les avions transportant des marchandises par le Pôle Nord, en
provenance d'Europe et à destination d'Asie (et inversement),
faisaient escale à Anchorage. Encore aujourd'hui, il y a des vols
réguliers en été entre Anchorage et Francfort en Allemagne :
huit heures seulement en survolant le Pôle Nord (c'est la route la
plus directe).
Au moment de la Seconde
Guerre mondiale, le développement de la vile est étroitement lié à
l'installation de l'une des plus importantes bases militaires des
Etats-Unis (US Army + US Air Force). Elle servira de base arrière
pour la guerre contre le Japon jusqu'en 1945 et restera ensuite très
active pendant la Guerre froide vu sa proximité avec l'URSS. Enfin
la découverte du pétrole dans les années 1960 et la construction
du pipeline (qui transporte le pétrole depuis les régions arctiques
vers la région d'Anchorage où il est ensuite raffiné et transporté
par bateau) va achever son boom démographique. Ce développement
trop rapide aura des conséquences sur l'urbanisme comme on le verra
ensuite.
Le 27 mars 1964, à 17h36
précises, Anchorage est touché de plein fouet par un important
tremblement de terre. Survenu le Vendredi Saint, il est surnommé
"Good Friday Earthquake". Avec une magnitude de 9,2
sur l'échelle de Richter, il se classe entre celui de Valdivia au
Chili en 1960 (le plus important séisme jamais enregistré) et celui
de Sumatra en 2004, suivi du tsunami qui a dévasté l'océan Indien.
Ce séisme, même s'il n'a fait "que" 143 victimes, reste
très ancré dans la mémoire collective. L'Alaska, situé dans une
région hautement sismique (la fameuse ceinture de feu du Pacifique),
tremble régulièrement. Des secousses plus ou moins fortes sont
enregistrées toutes les semaines.
Urbanisme
Qu'on se le dise, la ville
est assez moche. Certes, elle a été détruite en bonne partie par
le tremblement de terre de 1964, mais elle s'est surtout développée
en dépit de règles d'urbanisme élémentaires. Le gros essor de la
ville s'est produit après la Seconde Guerre mondiale, à une époque
où l'Alaska n'était pas encore un Etat des Etats-Unis et où les
affaires étaient principalement gérées par la mafia locale.
C'était un peu le Far West.
Du coup, la ville est très
étendue, s'est construite sur des kilomètres carrés de marécages,
de sous-sols argileux, etc. Au prochain tremblement de terre
important, beaucoup craignent que de nombreux quartiers disparaissent
purement et simplement, littéralement engloutis.
Moins attrayante que
Fairbanks, la ville est composée d'un centre-ville avec les
sièges sociaux des principales compagnies pétrolières de la
région. Des quartiers résidentiels. Des zones commerciales immenses
à en donner la nausée.
En revanche, la ville,
située au fond d'une baie qui donne sur le Pacifique, est entourée
de montagne. Une subtile synthèse entre Corse et Pôle Nord. Le
cadre magnifique compense donc largement le manque de charme de la
ville.
Déplacement
Commençons par le
positif. La ville a développé un petit réseau de pistes qui
servent à la fois au ski de fond, à la marche, au vélo (même
l'hiver, avec des pneus cloutés – n'est-ce pas Marion et Virgile),
etc. Et pour les avoir arpentées, elles sont très agréables, car
vous évitent de vous promener le long d'axes routiers, très
empruntés. Et la plupart de ces pistes conduisent aux différents
parcs que contient la ville. Aussi, très régulièrement, en pleine
ville, on peut croiser des élans/orignaux (je ne fais pas encore la
différence) voire des aigles chauves. Du fait de l'activité
humaine, ce symbole des Etats-Unis n'est plus visible qu'en Alaska et
en Floride.
La voiture, là encore,
est rendue indispensable par les distances. Par exemple, le zoo de la
ville se situe à plus de 16 km du centre-ville, mais on est toujours
à Anchorage. Il n'y a que trop peu de transports en commun. Donc
tout le monde utilise sa voiture. Et comme tout le monde a une
voiture, pourquoi développer les transports en commun ? Vous
voyez, c'est un vrai cercle vicieux.
Et pour quitter la ville
en hiver, il n'y a pas beaucoup d'options : le train ne circule
que vers Fairbanks, les lignes de bus inter-cités ne fonctionnent
pas, les ferrys ne partent pas d'Anchorage. Vous l'aurez compris,
pour le voyageur, c'est la galère ! (cf. article précédent)
Certes, il y a l'avion.
L'avion est le moyen le plus utilisé pour faire des longues
distances dans ce pays où le réseau routier n'est développé que
dans le quart sud-est. Il sert aux sociétés d'exploitation
pétrolière qui font régulièrement la navette entre Anchorage et
les lieux d'extraction, souvent situés à plus de 1300 km, sur la
côte Arctique. Par ailleurs, c'est le seul moyen de transport pour
toutes les communautés situées à l'ouest d'un axe
Anchorage-Fairbanks qui ne sont pas reliées par la route au reste du
pays.
Et pour le reste des photos :
si c'est aussi beau que Skopje ou Pristina, en effet, ça doit pas être réjouissant côté architecture.
RépondreSupprimerProfite bien quand même "Rainman" ;-)
Merci pour ces récits détaillés. Je partage ton admiration pour ces paysages grandioses ! J'en ai même froid !! et pourtant en France, on a été bien servis dernièrement (c'est toujours rien à côté de tes -41°...)
RépondreSupprimerVendredi prochain, je vais faire le point sur ton voyage avec les 4ème. Les photos sont superbes, ils en réclamaient, ils vont être ravis !
Bonne continuation !
Florence M.