Sur
son vélo, on peut lire « Burn fat, not oil »
(« Brûle de la graisse, pas du pétrole »). Il est 7h30
du matin, il fait encore nuit noire et il pédale. Ce matin, il va
d'abord travailler puis cet après-midi, il ira en cours. Mais qui
est 'il' ? Ici, tout le monde l'appelle Victor, mais son
vrai nom est Vitor.
Vitor
est brésilien. Il travaille et étudie à l'Université d'Alaska –
Anchorage (UAA). Arrivé en septembre 2011, il suit un master de
protection de l'environnement et développement durable. Mais
qu'est-ce qui l'a poussé à venir de Curitiba (au Brésil) à
Anchorage ? Il est où l'intérêt de perdre jusqu'à 40°C
pendant une bonne partie de l'année ? Pourquoi ? Pour
quoi ?
Au
Brésil, Vitor travaillait dans la finance. Fatigué par la mentalité
de ses congénères, il débute en janvier 2011 un voyage de 6 mois à
travers les Etats-Unis. Son but est de rencontrer les 50 personnes
qui sont listées comme ayant le plus d'influence pour changer le
monde. Il part à la recherche d'inspiration mais aussi de solutions
concrètes pour construire un monde meilleur. De Los Angeles à
Seattle, en passant par Nashville, New York ou encore Chicago, il va
en rencontrer une vingtaine : professeurs, associatifs,
politiques, photographes, etc.
Puis
l'envie d'accroître ses connaissances le pousse à envoyer sa
candidature à l'Université d'Alaska – Anchorage (UAA) où il est
reçu en septembre 2011. Il étudie donc l'après-midi et le soir. Le
matin, il travaille pour arrondir les fins de mois. Il est employé
au Bureau du Développement durable (Office of Sustainability)
de l'Université. Il fait partie de l'équipe recyclage. Elle
collecte tous les matériaux recyclables dans les différents
bâtiments de cet immense campus. Ingrat ? Il ne trouve pas. Le
matin où je l'ai accompagné dans sa tournée, il m'explique que
c'est d'abord sa façon de s'engager. C'est aussi pour lui le moyen
idéal d'être au contact des étudiants et des profs et d'accroître
chez eux la prise de conscience de la nécessité de bien trier et de
recycler. Et il ne fait pas que ça. Le Bureau est plus largement
chargé de proposer des solutions pour que l'UAA s'améliore dans
tous les domaines possibles du développement durable et de mettre en
pratique celles déjà adoptées.
À la
fac, Vitor est aussi très impliqué dans la vie étudiante. En tant
que "sénateur", il siège au conseil d'administration de
l'université. Il s'est fait élire alors que ça ne fait pas encore
six mois qu'il est là. Au CA, il milite pour que la fac se donne les
moyens d'être classée au niveau mondial parmi les 20 universités
les plus en pointe sur le développement durable. Il y a encore
beaucoup à faire, et pas uniquement en termes de recyclage ou
d'économies d'énergie. Mais l'important c'est de lancer le
mouvement. Il est persuadé que c'est par l'exemple que l'UAA fera
également bouger d'autres universités aux Etats-Unis. Et les
étudiants sont ceux qui seront aux responsabilités demain. Alors
autant commencer dès aujourd'hui à prendre soin de notre planète.
Comme
il m'a hébergé quasiment une semaine, nous avons pu pas mal
discuter, en particulier du niveau de prise de conscience des
Alaskains sur le changement climatique ou le développement durable.
Il a confirmé ce que j'avais déjà perçu et entendu ailleurs :
ce niveau est faible. C'est assez triste quand on sait que l'Alaska
est une des régions du monde qui paie et paiera le plus cher les
conséquences du changement climatique. Au lieu de ça, l'Alaska
continue à forer pour pomper davantage de pétrole et de gaz, ne
développe aucune source d'énergie alternative et renouvelable,
continue l'expansion de ses villes dans lesquelles les voitures
individuelles sont le seul moyen de transport.
Qu'est-ce
qui le fait rester optimiste malgré tout ? Il croit dur comme
fer que nous avons tous, à notre niveau, une certaine
responsabilité. Nous avons la possibilité de nous investir dans des
associations, dans des comités locaux (conseil de quartier, etc.),
nous impliquer en politique, repenser nos habitudes de consommation
et notre interaction avec la nature, etc. Donc nous pouvons tous
contribuer à faire de la Terre un monde meilleur. Et Vitor a bien
l'intention de rester en Alaska jusqu'à ce qu'il ait tout essayé
pour ça.
Il
habite une maison en colocation. Les discussions sont souvent assez
animées ! Il ne cherche pas à convaincre ses colocataires ou
leur faire gober tout rond une vérité ou une autre. Il essaie juste
de les amener à réfléchir à leur impact au quotidien sur
l'environnement et à leur responsabilité. Et il a toujours autant
d'énergie pour s'amuser ou sortir avec ses copains. C'est quelqu'un
d'assez drôle. Ce n'est pas un environnementaliste ennuyeux. Comme
l'a qualifié une personne qu'il a rencontrée sur la route l'an
dernier, Vitor est un combattant de la planète, « an Earth
warrior ». Et je pense que ce n'est pas le seul que je
serai amené à rencontrer. C'est juste le premier.
Merci Nico pour cette pointe d'optimisme!!
RépondreSupprimerEvidemment qu'on a tous de la graisse à brûler, certains plus que d'autres... Va peut etre falloir que tu creuses ton propre puit finalement!!
Quentin