3 août 2012

Les sites mayas du Yucatán

Pour une fois (ou pour toujours même!), abandonnons notre perspective européenne de l'histoire. L'histoire des Amériques ne commence pas en 1492 avec la "découverte" de Christophe Colomb. Depuis plusieurs dizaines de millénaires, le continent s'enrichit de cultures et de civilisations, qu'elles soient amérindiennes, andines, amazoniennes, indigènes, ou encore caribéennes.

Le Mexique n'échappe pas à la règle. Il est riche d'une histoire complexe, de civilisations antiques qui se sont succédées dans le temps et sur des territoires qui parfois allaient jusqu'à la Colombie et aux Etats-Unis actuels. Ces civilisations sont connues pour avoir laissé un héritage considérable dans les domaines des sciences et des arts.

Quelques repères temporels et géographiques (source : Wikipedia). Ces dernières semaines, je vous avais proposé les photos de Teotihuacán, de la civilisation du même nom, qui a connu un développement important du IIe av. J.-C. au VIIIe ap. J.-C. Son influence géographique s'étendait essentiellement dans la région de l'actuelle capitale, Mexico.

Dans la région de Mexico toujours, s'est développée plus tard la civilisation aztèque à partir du XIVe ap. J.-C. C'est elle qui a "sombré" à l'arrivée des Conquistadors au début du XVIe siècle. Les Aztèques sont également appelés Mexicas, d'où le nom actuel du pays.

Plus au Sud, dans l'Etat de Oaxaca, la cité de Monte Albán a été fondée par les Olmèques, présents sur la côte du Golfe du Mexique et le long de la côte Pacifique (États du Guerrero, Oaxaca et Chiapas) et jusqu’au sud de l'actuel Costa Rica, du XIIIe au VIe av. J.-C. Mais la cité de Monte Albán a connu son apogée lors de la période zapotèque, du VIe av. J.-C. au VIIIe ap. J.-C.

Enfin, la civilisation maya s'est étendue du XIe av. J.-C. au XVIe ap. J.-C. Elle occupait un territoire comprenant l'actuel Etat du Chiapas, la presqu'île du Yucatán, le Guatemala et les régions occidentales du Salvador et du Honduras actuels.

Suivent donc des photos des sites mayas de Palenque (Etat du Chiapas), de Chichén Itzá (Etat du Yucatan) et de Tulum (Etat du Quintana Roo). L'essentiel des édifices restants dégagés de la jungle environnante sont religieux. Malheureusement, les habitations qui s'étendaient autour des temples ont disparues aujourd'hui. Il est donc un peu difficile de s'imaginer la vie à l'époque. Mais ce qu'il en reste vaut le détour.

En plus des temples pyramidaux, il subsiste des terrains de juego de pelota (jeu de balle). Ce sport rituel consistait à essayer de faire passer une pelote de caoutchouc matière sacrée chez les Mayas— dans un anneau en pierre vertical. Ça ressemblait un peu au basket, sauf que le panier est tourné dans l'autre sens (cf. photo à Chichén Itzá), que les joueurs se passaient la balle en la faisant rebondir uniquement sur leur hanche et qu'on tranchait la tête au capitaine de l'équipe victorieuse, honneur suprême.


28 juillet 2012

Le Mexique des clichés... ou pas !

« Le Mexique est dangereux » – Cliché !

     Loin de moi l'idée de minimiser les plus de 12.000 morts annuelles liées au trafic de drogue. Depuis 2006 et l'élection de Felipe Calderon à la présidence de la République, l'armée et les narcotrafiquants se livrent une guerre impitoyable. Les cartels entre eux recourent également à des méthodes de plus en plus violentes en vue d'étendre leur influence et leur emprise territoriale.
     Mais au quotidien, toute cette violence qui ressurgit régulièrement dans nos journaux papier ou télévisés ne se ressent pas dans les villes ou les campagnes. Il s'agit de rester prudent évidemment, mais on est loin du cliché d'un Mexique à feu et à sang, qui a la vie dure en Europe et surtout aux Etats-Unis. Non, on ne risque pas de se faire décapiter ou découper en petits morceaux à chaque coin de rue. Au contraire, les gens sont très chaleureux et viennent plutôt naturellement vers vous pour vous proposer de l'aide ou vous aider à vous orienter.

« Le Mexicain porte la moustache, une chemise à carreaux, un jean, des santiags, et un chapeau de paille » – Pas cliché !

     C'est surtout dans la moitié nord du pays qu'on retrouve cette pilosité assumée. On aime ou on aime pas... Quant aux habitudes vestimentaires qui rappellent les Westerns, il ne faut pas chercher très loin. Au XIXe siècle, le Mexique et le grand quart sud-ouest des actuels Etats-Unis ne faisaient qu'un. Alors que c'est quasiment l'uniforme pour les Norteños (les habitants des Etats du Nord), il n'est pas rare d'en trouver aussi plus au Sud. Une autre particularité vestimentaire masculine très élégante : le t-shirt remonté au-dessus du bide. Cette pratique dévoile rarement de parfaits pectoraux, mais semble efficace pour lutter contre la chaleur.

« La cuisine mexicaine ? Ah oui les tacos et les tex-mex ! » – Cliché !

     Pour nous Français, la gastronomie fait partie de notre identité nationale. Elle est même listée depuis peu au Patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO. On a nos spécialités culinaires régionales. On en est fiers, on aime en parler et les faire découvrir. Et bien au Mexique, c'est tout pareil.
     La gastronomie mexicaine fait aussi partie du Patrimoine mondial. Très variée et avec de multiples influences, elle est loin de se résumer aux simples restaurants tex-mex, qui proposent des spécialités certes, mais d'une région très particulière, à cheval sur le Nord-Est du Mexique et le Texas. Il serait long et fastidieux de lister tout ce à quoi j'ai pu goûter, mais voici quelques repères tout de même.
     Le maïs est à la base de beaucoup de chose, à commencer par les fameuses tortillas. Ces galettes de farine de maïs sont l'aliment de base de la cuisine mexicaine, l'équivalent de nos pains et baguettes en France. A ne pas confondre avec la tortilla espagnole, délicieuse du reste, qui est une omelette aux pommes de terre. Elles servent également à confectionner les non moins célèbres tacos, fourrés de viande, de légumes, de fromage, etc.
     Le chile est servi à toutes les sauces. C'est en fait une soixantaine de piments différents que l'on dénomme ainsi. Typique du Mexique, il est d'ailleurs très rare d'en trouver dans d'autres cuisines, y compris en Amérique latine. Ils sont plus ou moins longs, plus ou moins gros, plus ou moins rouges, verts ou oranges, et surtout plus ou moins piquants ! Très bons pour la santé, ils regorgent en particulier de vitamines C et A. Ils sont beaucoup utilisés pour faire des sauces (on connaît le Tabasco en France) mais ils sont également confits et ajouter à une garniture de tacos par exemple, ou à croquer comme un cornichon pour les plus courageux. Ne jamais oublier que ça pique à l'entrée... mais également à la sortie. Pas besoin de dessin !
     D'autres ingrédients comme la tomate, l'oignon, le haricot et bien sûr l'avocat, sont également très utilisés. Après ça, c'est tout un arsenal de plats régionaux qui mettent vos sens en éveil. La liste est longue, mais les plus motivés peuvent faire une petite recherche sur internet ; on trouve facilement quelques exemples et photos.

« Le Mexicain n'est jamais à l'heure » – Pas cliché !

     Le Mexicain (parce qu'on peut généraliser à ce point, à quelques rares exceptions près) n'a pas un sens aigu de la ponctualité. Mais changeons de perspective pour voir plus globalement d'où ça vient. La dimension temps prend justement une autre dimension au Mexique. Tout prend plus de temps, et pas forcément parce qu'on fait les choses plus lentement (quoique...). C'est juste qu'entre temps, il arrive toujours des choses, parfois très improbables. Et puis on commence une chose avant de finir la(les) précédente(s). On prend son temps. On discute beaucoup avant de prendre une décision ou de lancer un mouvement. Et par voie de conséquence, quand on prévoit un horaire, on peut être quasi certain qu'il ne sera pas tenu. Reste à savoir, en fonction des personnes, de combien sera le décalage horaire. Record personnel vécu : 7 heures, soit la différence entre heure française et heure mexicaine ! Une exception notable, tellement inattendue, presque inexplicable, seuls les bus partent à l'heure. Mais l'heure d'arrivée déjà est plus flexible. Point positif, on finit par avoir une approche de la vie beaucoup plus détendue.

« Le Mexique, c'est sable fin et cocotiers » – Cliché !

     D'abord le Mexique est un très grand pays (presque quatre fois la France), bordé par l'océan Pacifique d'un côté, le Golfe du Mexique de l'autre. Donc il n'est pas faux en soi de le considérer par son immense façade maritime, et certaines de ses très belles plages. Mais c'est éclipser la plus grande partie du pays : l'intérieur des terres. Et cet intérieur est très varié. Désertique dans le Nord, tropical plus au Sud. Sans pour autant oublier la grande plaine de la presqu'île du Yucatán, dans le Sud-Est, le Mexique est très montagneux qui est traversé dans sa longueur par deux importantes chaînes de montagnes : la Sierra Madre orientale et la Sierra Madre occidentale, qui se prolonge par la Sierra Madre del Sur. On est donc très vite en altitude, même à quelques dizaines de kilomètres de la côte. Un exemple assez parlant : Mexico, la mégapole, est à la même altitude que Val Thorens, la station de ski la plus élevée d'Europe (2.300 m).

« Au Mexique, il y a de la musique partout » – Pas cliché !

     De tout, partout, tout le temps. C'est un concept ! Dans les bars, dans les bus urbains, dans les magasins, dans la rue, à toute heure du jour et de la nuit. C'est plus ou moins fort, et plus ou moins de la bonne musique. Il y a une très forte influence de la musique américaine. Mais il y a bien sûr aussi les orchestres de rue ou les petits groupes de Mariachis en costume traditionnel qui viennent pousser la sérénade devant une table de restaurant qui le demande. Cette musique-là, traditionnelle, est classée au Patrimoine mondial, au même titre que la gastronomie.
     Toute cette musique est à ajouter au bruit ambiant. Les enfants semblent être plus à la fête ici et soumettent leurs cordes vocales à exercice régulier, y compris à des heures très (trop) tardives. Des hurleurs sur les premières marches des bus beuglent les destinations pour rameuter le client. Les klaxons retentissent. Il me semble que les gens parlent fort de manière générale. Il n'y a guère que dans les églises qu'on finit par retrouver la notion de silence.

26 juillet 2012

L'Etat de Oaxaca

L'Etat de Oaxaca (prononcer "oaraka", avec le 'r' un peu dur comme un 'j' en espagnol) est un petit un concentré du Mexique. A la fois montagneux et côtier. Une longue histoire. Des vestiges de civilisations disparues. Une culture indigène très présente. Des villes coloniales. Et une cuisine très riche.

Cette fois, ce sont les scouts qui ont joué les grands organisateurs. Toute une petite chaîne s'est mise en place. Merci à Catherine et Cécile d'avoir joué les maillons centraux, à distance. Sur place ce sont Carlos, Gerardo, Guillermo, Erick, Edgar et Sandra qui ont pris le relai. Ils se sont relayés pour nous héberger, Karine et moi, et nous faire découvrir la ville et la région.

Au programme, il y aura eu évidemment le centre historique de Oaxaca. Typique architecture coloniale, maisons très colorées, églises à chaque coin de rue, et une petite alliance française que nous aurons découvert un peu au hasard, un certain 14 juillet. Ensuite, il y aura eu Monte Albán, cité zapotèque très bien conservée, sur un promontoire surplombant la ville de Oaxaca et entourée par d'autres montagnes. Plus d'info sur Wikipedia.

On aura gouté aux joies culinaires de la région et parcouru les allées des marchés couverts. S'y vendent en vrac des insectes grillés (on a testé pour vous, c'est bon!), de la viande qu'on va ensuite se faire cuire dans l'allée centrale, des petits pains, du chocolat sous toutes ses formes (spécialité régionale), des jus de fruits frais, du mezcal (proche cousin de la tequila), du tissu, des ustensiles, des cadeaux-souvenirs kitschissimes, et finalement tout ce qu'on peut trouver dans un bazar digne de ce nom. Il y aura aussi eu de la musique au programme, comme souvent au Mexique. La célébration de la Guelaguetza bat son plein chaque année la dernière semaine de juillet. Véritable fête qui rassemble tout ce que l'Etat a de bon en matière de folklore local : cuisine, mezcal, danse, musique, artisanat local, etc.

Enfin, la côte aura révélé un décor à la Pirates des Caraïbes. La côte rocheuse est recouverte d'une végétation tropicale dense. Les maisons sont des cases recouvertes de palmes et le hamac au bord de la plage est particulièrement apprécié. L'océan d'un bleu perçant est pacifique sur le papier et en apparence mais tellement dangereux. Des courants extrêmement puissants et contradictoires se disputent les derniers mètres avant la plage. Résultat, des vagues de plus de cinq mètres et l'impossibilité de se tremper beaucoup plus qu'au-dessus des hanches pour éviter de se faire emporter à jamais. Dommage parce que la température de l'eau (et de l'air!) invitait à tellement plus !


23 juillet 2012

PC Course

Jour 182. Kilomètre 19.450.

Le fameux petit récap du trajet accompagné de sa carte est de retour. Voici un peu l'itinéraire des quatre dernières semaines.

(cliquer sur la carte pour l'aggrandir)
Distance parcourue : 4.070 km

Mazatlán, où j'arrivais en bateau de Basse Californie. Guadalajara, où j'ai retrouvé Karine, une de mes très bonnes amies venue partager un bout de route avec moi. Un petite visite d'une journée à Tequila, inévitable. Guanajuato. Querétaro. Vous pouvez (re)voir les photos de cette première partie en cliquant ici.

Puis direction Mexico (aussi appelé D.F. pour Distrito Federal, puisqu'en espagnol México désigne à la fois la capitale et le pays). A lire ou relire l'article rédigé par Karine et les photos de Teotihuacán, cité antique à quelques encablures de Mexico.

On a repris la route vers Puebla et passé quelques jours à Pahuatlán. Un autre article rédigé par Karine avec photos à l'appui.

Enfin, l'Etat de Oaxaca (article et photos ici). La ville de Oaxaca. La cité antique de Monte Albán. Puerto Escondido, au bord du Pacifique. Acapulco, où Karine a repris son vol jeudi. Zipolite, toujours sur la plage. Et retour à Oaxaca ce lundi pour la fête de la Guelaguetza et fêter ces 6 premiers mois (et presque 20.000 km) bouclés sans accrocs.

Ensuite, je franchirai l'isthme de Tehuantepec, qui m'ouvrira les portes de l'Amérique centrale. Eh oui ! n'oublions pas que le Mexique est considéré comme faisant partie de l'Amérique du Nord. Avant de le quitter, il me restera le Chiapas et la presqu'île du Yucatán à découvrir. Puis j'entamerai le collier de perles que constituent tous les petits Etats situés entre le Mexique et la Colombie. Vous aurez la liste... mais un autre jour !

18 juillet 2012

Puebla l'alternative

Nous avons eu la chance d'être accueillis quelques jours à Puebla, au sud de Mexico, par Stéphanie et Mauricio ainsi que le petit Johann via CouchSurfing. Partager le quotidien de ce couple franco-mexicain d'enseignants militants a été pour nous l'occasion de découvrir la ville et l'état de Puebla d'une manière différente, loin des sentiers battus.

Tous les trois vivent en périphérie de Puebla dans une petite maison accueillante. Cela ne les empêche pas de construire d'une manière acharnée une maison en paille un peu plus à l'extérieur de la ville. Leur objectif : montrer qu'il est possible de construire une maison, qui plus est écologique, sans beaucoup d'argent. Tout objet est récupéré, des bouteilles en verre serviront de murs, des bâches publicitaires protègent les murs en paille pendant la saison des pluies en attendant la construction du toit avec des perches issues de filières responsables (bois ou bambou). La maison sera petite mais confortable et chaleureuse, tout y sera si possible construit par eux-mêmes, meubles compris, afin aussi d'éviter les vols pendant leurs absences fréquentes. Cuisine et salle à manger seront en extérieur sur une terrasse couverte fermée par des moustiquaires. La vie à l'extérieur par ce climat leur semble plus appropriée. Une piscine naturelle est en construction afin de leur permettre ainsi qu'aux enfants voisins de se baigner aussi en cas de fortes chaleurs. Ils y ont accueilli pendant la saison sèche de nombreux groupes pour les aider dans les travaux de la maison et les former à la construction de maison écologique.

Nous avons aussi découvert avec eux le projet associatif du « collectif Tomate », un projet très intéressant au cœur de Puebla dans un quartier « sensible » dont l'objectif est de rendre le quartier plus attrayant pour les habitants eux-mêmes et aussi pour le reste de la ville. De nombreux artistes sont intervenus pour peindre les murs, donner des cours de peinture aux habitants afin qu'ils soient eux-mêmes impliqués dans le projet. Le résultat : des dessins superbes sur les murs, non vandalisés pour l'instant, un quartier plus agréable et des habitants engagés dans un projet qui les concerne directement. Sans surprise, j'ai été séduite par le projet !

Pour finir en beauté notre séjour à Puebla, nous avons profité d'un déplacement professionnel de Mauricio pour l'accompagner dans le nord de l'Etat de Puebla, à Pahuatlán, tout juste labellisé « village magique ». Nous sommes partis tous les 5 avec en plus Elsa et Paul, un couple de Français accueillis aussi par Stéphanie et Mauricio. 5 heures de route dans le vieux pick-up Ford, avec Paul et Nico à l'arrière quand il faisait beau et les 7 dans la cabine pendant la pluie ! Nous avons connu les joies de la contorsion à l'aller et au retour, mais ça en valait la peine ! Nous nous sommes rendus dans un petit village loin des zones touristiques, au cœur de la population rurale. Un crochet à San Pablito nous a permis de rencontrer un guérisseur, dernier de sa génération et aussi dernier à connaître tous les secrets, qui nous a raconté l'histoire du village et ses traditions avec comme support de magnifiques petits livrets fabriqués à la main sur du « papel amate », papier typique fabriqué sur place. Une merveille. Nous avons aussi été invités à la première communion de la fille du maire du village, une occasion inespérée de découvrir de l'intérieur les traditions et culture de ces habitants. Festin et danses folkloriques étaient au rendez-vous !

Cette petite semaine à Puebla a été très riche en découvertes et nous a permis de découvrir un Mexique un peu différent de ce que l'on avait vu jusqu'à présent. Merci encore à nos hôtes !

(Article à nouveau rédigé par Karine, une de mes meilleures amies venue de France me rendre visite au Mexique pour trois semaines et rédactrice en chef pour l'occasion)



15 juillet 2012

Mexico

La ville de Mexico nous a à la fois surpris et charmés. Loin des idées reçues que l'on peut avoir sur la dangerosité de la ville, nous nous sommes sentis chez nous dès notre arrivée ! En vrac :

Les gens

On dit que les habitants de Mexico sont gentils et accueillants. Autant dire qu'on n'a pas été déçus, à commencer par nos hôtes Arturo et Jean-Pierre ! Pas de bousculade dans le métro, des personnes serviables et prêtes à nous guider et nous donner des informations. L'âge des parents est assez interpellant. Nous avons pu croiser de nombreux très jeunes parents avec leur progéniture, souvent en couple d'ailleurs. La question de la maternité précoce se pose réellement apparemment par les autorités mexicaines. Autant dire que le nombre d'enfants dans les rues est assez impressionnant !

Le métro

Le métro est assez développé dans la ville. On peut en quelques changements se rendre dans tous les quartiers de la capitale. Ce sont de longues trames rouges qui accueillent les millions de passagers quotidiens. Le nom des stations de la ligne sont inscrits sous forme de pictogrammes : un pictogramme par station, le nom écrit en petits caractères au dessous. Pratique quand on ne sait pas lire et qu'on connaît toutes les stations. Un peu moins pour les autres ! Le métro est un lieu idéal pour observer les pratiques de commerce et donc de consommation. Les vendeurs ambulants se succèdent sans cesse avec des objets de toute sorte : stylos, marteaux, balles rebondissantes, pansements, CD gravés (monopole détenu par des aveugles équipés de baffles sur leur dos). Les « artistes » prennent le relais des vendeurs avec des enfants clowns, des conteurs sur fond musical, des hommes faisant des roulades sur des morceaux de verre etc.

Le handicap

En apparence, la ville est assez bien adaptée aux personnes à mobilité réduite. Tous les trottoirs sont équipés d'accès spécifiques pour les fauteuils roulants au niveau des passages piétons. Cependant, nous n'avons pas vraiment croisé de personnes handicapées dans les rues et encore moins dans le métro qui n'est pas ou peu équipé ni d'ascenseur, ni d'escaliers roulants. Par contre, l'aéroport de Mexico a visiblement une politique d'emploi des personnes handicapées, notamment aux postes de vérification des papiers où ce sont quasi exclusivement des personnes en fauteuil roulant !

En plus d'être une ville magnifique, riche en architecture et en art, Mexico est une capitale finalement humaine malgré son gigantisme et son hétérogénéité. Quel régal !

(Article à nouveau rédigé par Karine, une de mes meilleures amies venue de France me rendre visite au Mexique pour trois semaines et rédactrice en chef pour l'occasion)


12 juillet 2012

Teotihuacan

Voici quelques photos de Teotihuacán, la majestueuse "Cité où les dieux sont nés" aux environs de Mexico. Ce fut un temps la plus vaste cité du Mexique et la capitale du plus grand empire précolombien, qui s'étendait au Sud jusqu'au Salvador et au Honduras actuels. (source: Lonely Planet - plus d'info sur Wikipedia).



6 juillet 2012

De Mazatlán à Querétaro

Merci d'avoir été patient : voici enfin des photos des endroits visités depuis que j'ai regagné le "continent" après la Basse Californie. Bon, il faut dire aussi que j'ai retrouvé Karine, une de mes meilleures amies, et que mon programme s'est légèrement accéléré depuis.

Pour reprendre un peu les étapes, vous trouverez :
  • Mazatlán (avec Abel, José Luis, Alberto y Hiram), charmante petite cité balnéaire à l'architecture coloniale.
  • Guadalajara (avec Cris, Mauricio, Celia, Anais et d'autres), son centre historique classé au Patrimoine mondial de l'UNESCO et deuxième ville du pays.
  • Tequila, ses champs d'agaves qui permettent la fabrication du célèbre alcool auquel nous avons gouté avec tant de modération.
  • Tlaquepaque, en banlieue de Guadalajara, ancien petit village qui s'est vite retrouvé absorbé dans la métropole mais qui a gardé son caractère.
  • Chapala (avec Cris et Celia), au bord du lac du même nom, le plus grand lac naturel du Mexique.
  • Guanajuato, cité minière (essentiellement de l'argent) aux mille couleurs, au marché couvert, aux tunnels et aux ruelles étroites. Classée également au Patrimoine mondial.
  • Querétaro (avec Béatrice, Noé et Ivo), dernière étape avant Mexico. Elle aussi sur la liste du Patrimoine mondial, elle nous a offert une facette encore différente des autres villes coloniales.


5 juillet 2012

And the winner is...

...Enrique Peña Nieto !

Les élections sont passées. On avait craint une montée des violences, une ambiance chargée, des manifestations. Finalement, il n'en aura rien été. En tout cas, en apparence.

Dimanche 1er juillet 2012 ont eu lieu les élections présidentielles au Mexique. En réalité, toutes les élections ont lieu le même jour tous les 6 ans : les Municipales, les Législatives et Sénatoriales (au niveau fédéral et pour chaque Etat) et les Présidentielles. Ce qui permet a priori de maintenir un niveau de participation relativement bon. Au bout de 3 ans auront lieu des élections intermédiaires.


3 partis principaux étaient en course pour les présidentielles : le PRD (Parti de la Révolution Démocratique, parti de gauche), le PAN (Parti Action Nationale, parti de droite) et le PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel, parti « centriste »).
Le PRI, parti au pouvoir pendant des décennies, évincé par le PAN lors des deux derniers mandats, est revenu au pouvoir.

Selon certains, aucun des trois n'avait les épaules pour prendre le pouvoir. Peña Nieto le premier.

Concrètement, à quoi ressemblent des élections au Mexique ?
Avant : les candidats usent de tous les moyens possibles pour séduire et convaincre les potentiels électeurs : campagnes de communication, cadeaux en tout genre (thermos, t-shirts, éventails, montres etc.), affiches placardées sur tous les lieux possibles et imaginables (voitures, murs etc.), manipulations en tout genre particulièrement avec les populations les plus défavorisées et analphabètes pour « acheter » leurs voix.

Pendant : des files d'attente de centaines de mètres devant les bureaux de vote, des isoloirs, des cases à cocher selon le parti choisi (comme sur l'affiche de Josefina du PAN), les différents bulletins à insérer dans les boîtes correspondantes, des milliers d'observateurs d'élections et la ley seca (48 heures d'interdiction de vente d'alcool dans les bars et les magasins).

Après : des résultats avec un large écart pour les présidentielles laissant a priori peu de doutes (malgré des probables fraudes), des résultats plus discutables au niveau local, compte et recompte des voix. Pour l'instant, nous n'avons pas croisé de manifestations.


Ces élections ne peuvent que faire résonance avec ce que nous venons de vivre en France : quel libre-arbitre des électeurs, quelle manipulation des médias et des partis eux-mêmes, quelle réelle démocratie en œuvre ? Une lueur d'espoir : les étudiants commencent à s'indigner contre la manipulation médiatique et l'absence de politique publique avec le mouvement « Yo soy 132 », mouvement né suite à la confrontation de 131 étudiants de l’Université Iberoamericana au candidat élu. Un pas en avant pour agir sur la réalité et pour avancer vers plus de démocratie et plus de justice sociale.

(Article rédigé par Karine, une de mes meilleures amies venue de France me rendre visite au Mexique pour trois semaines et rédactrice en chef pour l'occasion)

24 juin 2012

La Paz, Baja California Sur

Au moment de quitter la presqu'île de Basse Californie pour regagner le "continent", un retour en images sur ces dix jours passés ici. Accueilli chaleureusement chez Carlos, j'ai aussi pu rencontrer ses amis avec qui je me suis particulièrement bien entendu (Melissa, Dilmary, Luis, Kenia, Oscar, Merari, et Elodie, une française de passage également). La rencontre aura été d'autant plus facile que la plupart sont comme Carlos étudiants en langues étrangères (dont le Français que j'ai eu plaisir à pratiquer avec eux).

La ville de La Paz est une petite station balnéaire tranquille. Un centre historique construit autour de la cathédrale. Il y a également un malecón, joli front de mer, particulièrement bien orienté pour les couchers de soleil et adapté aux promenades de fin de journée.

Un jour nous avons pris la route pour Los Cabos, à l'extrême Sud de la péninsule. En chemin, arrêt rapide au véritable Hotel California à Todos Santos, qui aurait inspiré la fameuse chanson des Eagles. Petit tour également à Cerritos dans une hacienda magnifique reconvertie en hôtel. Vue imprenable. Cadre idylique.

Enfin, à Cabo San Lucas, nous avons fait le tour en bateau de la pointe et de son arche, qui séparent mer de Cortés (l'autre nom du Golfe de Californie) et océan Pacifique. En plus du Sommet du G20 il y a quelques jours, Los Cabos est le refuge privilégié de pélicans et de surfeurs.


18 juin 2012

PC Course

Une petite carte pour reprendre mes dernières pérégrinations. Une semaine à Agua Prieta chez Victor et Reyna, à la frontière avec les Etats-Unis. Puis une journée de bus pour rejoindre Chihuahua où je suis resté trois jours chez Enrique et Adria (que je retrouverais peut-être à Mexico où ils viennent de déménager). J'ai ensuite pris le train pour Los Mochis. En cours de route, au cœur des Barrancas del Cobre, je me suis arrêté deux jours à Creel puis deux jours à Urique. Plus de détails sur cette partie du voyage dans l'article « Maintenant l'aventure commence ! ».

De Los Mochis, j'ai pris le bateau pour La Paz, capitale de la Basse Californie du Sud, la partie méridionale de cette péninsule bien reconnaissable. J'y passe une semaine chez Carlos. Avec lui et ses copains, on a même été jusqu'à Los Cabos. Au-delà d'être le théâtre du Sommet du G20 qui s'y tient en ce moment, c'est une station balnéaire dans un cadre assez unique : désertique, au bord de l'océan, à la croisée du Pacifique et du Golfe de Californie. Et j'ai ainsi passé le Tropique du Cancer (23° Nord de latitude). Ainsi techniquement, lorsque j'arriverai dans les prochains jours à Mazatlán par bateau, j'entamerai la partie tropicale de mon voyage.

Agua Prieta - Chihuahua : 545 km
Chihuahua - Los Mochis : 655 km
Los Mochis - La Paz : 210 km
A-R à Los Cabos : 320 km
La Paz - Mazatlán 455 km

12 juin 2012

« Maintenant l'aventure commence ! »

C'est avec cette phrase que je quitte Victor et Reyna, qui m'ont hébergé une semaine à Agua Prieta, à la frontière mexicaine. Non seulement parce que je vais faire mes premiers pas seul au Mexique mais surtout parce que ce jour-là, pour la première fois depuis janvier, je pars sans savoir où je vais atterrir le soir. Tout ce que je sais c'est que ce bus va m'envoyer à Chihuahua, ville tentaculaire d'un million d'habitants, où le camping n'est pas une option. Je suis sensé être hébergé par Enrique, mais je n'ai plus de nouvelles de sa part depuis deux jours. Je pars donc à l'aveuglette. Arrivé à la gare routière, à la nuit tombante, pas de portable, pas d'internet, et aucun téléphone public qui fonctionne. De toute façon, je n'ai même pas le numéro d'Enrique sur moi, uniquement celui de Victor. Seul espoir : qu'Enrique m'ait envoyé un mail dans la journée en réponse aux miens. Taxi, centre ville, cyber-café ouvert tard (ouf!) et au bout de deux heures et demi me voilà enfin avec mes hôtes. Première expérience en pleine "nature" mexicaine riche en émotion.

Deux jours tranquilles à Chihuahua. Adorables, Enrique et Adria me font découvrir leur ville le soir en rentrant du boulot et rencontrer leurs amis. Rien de mieux pour encore progresser en espagnol et découvrir ce nouveau pays, cette nouvelle culture.

Puis je prends le train de Chihuahua, en direction de Los Mochis, dans l'Etat de Sinaloa (du même nom que le cartel...) sur la côte du Golfe de Californie. Mais avant d'arriver à destination, je m'arrête 48 heures à Creel, charmante bourgade à l'entrée de ce que les Mexicains nomment las Barrancas del Cobre (le Canyon du Cuivre). Un peu d'histoire : les Espagnols en découvrant ce canyon aux couleurs trop vertes pour être honnêtes ont cru qu'ils avaient découvert des mines de cuivre. L'histoire et la géologie prouveront qu'ils se sont trompés mais le nom est resté. Et en espagnol, c'est au pluriel parce qu'il s'agit non pas d'un seul, mais bien d'un ensemble de six canyons reliés entre eux.

Je me réjouissais de ce que beaucoup m'avaient présenté comme une option "touristique" à mon itinéraire. J'en étais sûr, j'allais rencontrer des compagnons de route ! Ce ne sera pas pour tout de suite ; l'auberge de Creel est vide. Par la même occasion, je dois aussi oublier la possibilité de partager avec d'autres une excursion avec un guide. Mais vous verrez quelques photos de Creel.


Je reprends mon petit train. Ce train est un vrai trait d'union. Si vous prenez une carte, vous ne verrez rien que des petits villages (quand on les voit !) et aucune route. C'est le vide, que seul traverse une ligne de chemin de fer. El Chepe (pour Chihuahua Pacifico) est le seul moyen de transport longue distance (l'hélico n'est pas une alternative ici). Du coup, ce train est un vrai village miniature. On retrouve tout le monde : la grand-mère et son balluchon, l'idiot du village, le petit couple et leurs deux enfants, les jeunes qui ricanent bêtement quand les filles passent, le paramilitaire avec sa mitraillette en bandoulière, les petits vieux en jeans, chemise à carreaux, santiags et chapeau de cowboy, et les femmes en habit traditionnel de la tribu indienne des Tamahumaras. Tout le monde se connaît ou presque. Moi je connais personne et pour tout le monde je suis le gringo (terme légèrement péjoratif qui désigne les Américains). Et ça jacasse, ça grignote, ça écoute de la musique tout fort, ça déjeune sur le quai de la gare où on s'arrête un moment à l'heure du déjeuner. Bon enfant. Ça me change de la tension sourde qui régnait à Chihuahua.

À nouveau pour 48 heures, je m'arrête à Bahuichivo (vous en faites pas, moi aussi j'ai du mal avec les noms propres). L'objectif est d'arriver à Urique, au fond du canyon du même nom. Cela fait plusieurs jours que je cherche sans trop de succès comment m'y rendre. Par des forums, j'avais juste vaguement entendu parler d'un vieux bus scolaire. Vous savez un de ces célèbres school-bus jaunes nord-américains. Mais les messages datent de plus de deux ans et s'il n'y a pas de bus, le train sera reparti sans moi et je serai bloqué deux jours à Bahuichivo où il n'y a pas d'infrastructure hôtelière. Donc quand je vois mon antique school-bus à la sortie de la gare, je suis rassuré. Enfin à moitié, parce que sur les mêmes forums, se disait que la route n'avait rien à envier à une descente aux enfers, à base de chemin de terre sur cinquante bornes, à-pics sans glissières de sécurité, taupinière, dos d'âne, nids de poules et autres obstacles aux noms à base d'animaux.

Le petit bus, repeint en blanc pour la circonstance, est plein à craquer. Les bagages entassés comme on peut. Certains debout dans l'allée centrale. Les enfants sur les genoux des parents. Même le chauffeur a ses enfants assis sur une espèce de planchette adossés à la fenêtre de leur conducteur de père. J'ai cru à l’imminence d'un sacrifice humain au départ, mais non, ils sont arrivés vivants … eux aussi !

Le bus s'ébranle. Là tout le monde se cramponne. Un peu comme dans les montagnes russes. L'adrénaline commence à monter, en prévision du danger imminent. Mais j'avoue être un peu déçu. Les à-pics tant attendus ne sont que de petits ravins. La vue n'a rien de magique puisque la région, malgré son aspect légèrement désertique, est boisée de pins, arbustes et autre végétation sèche. Et la route est certes mauvaise mais ce sont surtout les amortisseurs de compétition qui nous font faire des bons à chaque trou dans la chaussée.

Seules deux petites "frayeurs". La première, classique, c'est quand le chauffeur se met au point mort dans les descentes alors qu'on est sensé aller droit vers un canyon ! La deuxième ce fut quand le bus a pilé, au détour d'un virage à angle mort. Une ambulance arrêtée au pire endroit possible. Non pas d'accident mais c'est tout le bus qui a failli se retrouver dans l'ambulance. Pourquoi ? Parce que les ambulanciers ne sont pas des princesses ; ils ont besoin d'uriner de temps en temps. Que ce soit dans un virage ou pas.

À mi-chemin, le bus s'arrête. Chacun se demande un peu pourquoi, où, comment. Tout simplement, c'est la mi-temps, changement de côté : les routes se séparent. Avec quelques uns, il me faut changer de bus. Mais il y a du flottement dans l'air, comme si tous ces habitués redécouvraient à chaque voyage qu'il faut changer à mi-chemin. Des hommes en armes et treillis sont également là. Je fais comme si tout ça était très naturel et évite de me poser trop de question. La seule que j'aurai vraiment concernera leur âge : les deux, là, avec leur fusil-mitrailleur, je parie qu'ils ont pas 20 ans. L'autre avec son M16 paraît plus âgé. Ils discutent autour du chargement, visiblement problématique, d'un pick-up.

Au volant d'un autre vieux school-bus blanc, notre nouveau chauffeur quitte le village qui répondait au nom de Mesa de Arturo. Mentalement, je traduis "Table d'Arthur", mais je n'aurais pas le temps de me poser plus de questions historico-culturo-chevaleresques sur l'origine de ce nom. Là-bas, oui, j'ai bien vu. Alors que les collinettes se succèdent depuis tout à l'heure, celle que je vois paraît la dernière sur l'horizon, le vide après. Et plus on se rapproche, plus le vide se confirme. Et là, d'un coup, tout se dévoile ou plutôt se dérobe : un trou gigantesque. On m'avait pourtant prévenu : « Tu verras, c'est plus grand que le Grand Canyon ». En bon Parisien, je les avais pris pour de bons Marseillais ! Tout s'accélère, on s'approche du vide, on le longe maintenant. Il reste 20 kilomètres ; ce seront 20 kilomètres entre paroi et à-pic. 1.900 mètres de dénivelé et tout en bas, le petit village d'Urique. Et comme sur toutes les routes du monde, le chauffeur téléphone quand il ne discute pas avec le plus proche passager, bien sûr en le regardant régulièrement (c'est pas poli sinon). Mais je ne le blâme pas, celui-ci ne se met pas au point mort dans les descentes.


A bord de mon petit bus blanc, l'adrénaline monte sérieusement, inversement proportionnelle à la pente en face de nous. Bien que ce bus ait dû rentrer en service sous la présidence de Franklin Roosevelt, je choisis de me rassurer en me disant que les Etats-Unis chérissent leurs enfants et l'éducation. Et qu'au pays de l'obsolescence programmée, ils ont dû faire une exception pour les bus scolaires. Rassuré sur sa robustesse, c'est maintenant moi le gamin, tout excité par la vue et les circonstances un rien exceptionnelles.

Arrivé à Urique, à nouveau personne à l'auberge. Pas même le gérant, cette fois. Je pose mes affaires et file manger burritos et patate cuite à la braise. Tout ça m'avait creusé l'appétit. A mon retour, le gérant m'accueille : je serai seul pour les deux jours. Mais c'est pas grave, l'auberge est en fait un ensemble de petites maisonnettes, au calme à l'extérieur du village. Rustique, minimaliste, mais très chaleureux.

A propos de chaleur, le lendemain, il fait un bon 45°C à l'ombre. Je pense que j'avais la tête ailleurs la veille pour ne pas avoir noté cette chaleur étouffante. A part manger les mangues qui ne cessent de tomber de l'arbre et des figues de Barbarie délicieusement fraîches, impossible de faire quoi que ce soit dehors. Dommage je serai bien allé me balader. Je me contenterai de quelques photos et d'un tour dans le village. Des petits vieux jouent aux cartes sur une petite table installée à l'ombre, sur le trottoir. Il y a des vaches et des chevaux qui se promènent dans les rues du village. Et contre toute attente, c'est jour de match de base-ball dans le petit stade !

La remontée du canyon aura été sensiblement identique à la descente ; on penche juste dans l'autre sens. Et c'est finalement arrivé à la gare pour la dernière partie du voyage que j'ai rencontré mon premier compère de voyage, Bruno du Portugal. Malheureusement, il arrivait quand je partais et voyageait dans l'autre sens de toute façon. Mais on aura eu le temps de bien discuter quand même. La fin du trajet en train aura prolongé un peu l'escapade dans les canyons.

Et tout ce petit tour m'aura libéré de certaines de mes craintes, amplifiées par tous ceux qui me recommandent la plus grande prudence, d'éviter de sortir seul le soir, de ne pas trop sortir mon appareil photo dans la rue, etc. Maintenant il me faut arriver à faire abstraction de ces dizaines de paires d'yeux et de regards, pour le moins peu discrets, qui scrutent mes faits et gestes quand je suis à l'extérieur.



7 juin 2012

La frontière Etats-Unis – Mexique

Elle mesure 3.141 kilomètres très précisément selon les chiffres de la CIA. Certes, ce ne sont pas les presque 9.000 km qui séparent les Etats-Unis et le Canada, mais elle rentre dans le Top 10 des frontières les plus longues. Elle est assez rectiligne à l'Ouest, le long de la Californie, de l'Arizona et du Nouveau-Mexique. Puis elle suit le Rio Grande sur 2.000 km, au Sud du Texas.

Mais au-delà de ces faits géographiques, c'est surtout une des frontières les plus sensibles de la planète. Du coup, en 2006, le congrès américain a approuvé la construction d'une barrière (secure fence en anglais) pour la matérialiser et freiner à la fois l'immigration illégale et le trafic de drogue. Cette barrière, haute de plusieurs mètres, parfois doublée et accompagnée de nombreuses caméras et capteurs, ne court pas du Pacifique au Golfe du Mexique. Mais à terme, elle doit s'étendre sur plus de 1.100 km.

Beaucoup, y compris aux Etats-Unis, se sont opposés à ce projet qui rappelle des heures sombres de l'Histoire contemporaine (le Mur de Berlin) ou plus récente encore (le mur de séparation entre Israël et les territoires palestiniens). Sur le terrain, ceux qui veulent coûte que coûte franchir la barda ou el muro doivent se rabattre sur des alternatives plus dangereuses, comme s'enfoncer davantage dans le désert, pendant que d'autres creusent des tunnels pour faire passer la drogue.

Mais surtout, j'ai l'impression que cela renforce un certain repli sur soi et un sentiment de peur au sein de la population des Etats-Unis à l'égard de leur voisin du Sud. Beaucoup sont ceux qui m'ont conseillé d'éviter le Mexique lors de ce périple vers la Terre de Feu. Et l'image des Mexicains et des Latinos aux Etats-Unis se dégrade.

Pour ceux qui habitent à la frontière, c'est surtout un déni de réalité qui leur est imposé. En effet, la frontière ne sépare pas deux mondes différents. Il y a une très forte influence mexicaine au Sud des Etats-Unis et inversement, au Nord du Mexique il y a une forte influence américaine. Beaucoup font des affaires de l'autre côté de la frontière ; d'autres la traversent quotidiennement pour aller travailler. Certains ont de la famille des deux côtés. Et la construction du mur combinée à un renforcement des procédures de contrôle complique considérablement le passage de la frontière et donc ces échanges.

Enfin, les photos que vous allez voir sont toutes prises côté Etats-Unis, sauf les deux dernières. Vous verrez également les traces d'incendies, fréquents dans la région. Evidemment, pour les flammes, il n'y a pas de frontière. Mais vous verrez quand même la différence : grâce à la route qui longe la barrière côté US, les pompiers ont plus facilement accès au feu et peuvent donc (quand il a pris au Mexique) le contenir de leur côté. De manière générale, il y a une bonne coopération entre firefighters et bomberos quand il s'agit de lutter contre un incendie qui, de ce que j'en ai vu dans la région, peut vite prendre des proportions impressionnantes.


Nota: quelques difficultés de connexion à internet ont retardé la publication de ce post. J'espère pouvoir publier plus régulièrement par la suite. Merci pour votre patience et restés attentifs :-)