Dans des régions désertiques comme peut l'être l'Arizona, on sait
la valeur de l'eau. Mais ça n'a pas toujours été le cas. Les
rivières ont été asséchées au cours du dernier siècle et les
nappes phréatiques ont dramatiquement diminué. La raison
principale ? Une consommation d'eau pour l'agriculture et
l'élevage excessive par rapport à ce que la nature peut offrir en
termes de précipitations et de réserves souterraines. Dans un passé
plus lointain, les premiers peuples d'Amérique se déplaçaient au
gré des sécheresses et bâtissaient leurs axes de communication le
long des cours d'eau.

Ainsi l'Arizona consomme son quota d'eau du Colorado tout en le
distribuant plus également sur l'ensemble de son territoire. Ce
canal nommé Central Arizona Project (que Mitch m'a fait visiter) permet ainsi de limiter le pompage des nappes phréatiques. Environ 1/3
des eaux du canal est utilisé par les villes et 1/3 par
l'agriculture. Le 1/3 restant est utilisé en partie par les réserves
indiennes ; le surplus étant soit stocké soit reversé dans
les nappes phréatiques pour les restaurer.
Bien sûr la capacité d'accueil et d’expansion des villes est mise
en question. Mais personne dans la région n'ose avancer de chiffres.
Quand faudra-t-il dire « stop ! on ne peut plus accueillir
plus de monde parce qu'on n'aura pas assez d'eau pour tous » ?
La question (et la réponse !) est éminemment politique. Du
coup l'accent est davantage mis sur l'éducation, la récupération
des eaux de pluie (parce qu'il y a quand même une saison de mousson
en juin-juillet), la limitation du gaspillage, le recyclage. Par
exemple, toutes les eaux usées de Phoenix servent à alimenter les
circuits de refroidissement de la centrale nucléaire de Palo Verde,
située en plein désert à 80 km à l'Ouest. Tucson de son côté a
plus de marge de progression puisque pour l'instant seuls 35% des
eaux sont recyclées.
Et pour l'avenir ? La question principale reste à savoir si les
villes vont continuer à s'agrandir. Ensuite il faudra peut-être
repenser l'agriculture de la région, sans doute arrêter la culture
du foin et du coton (l'Arizona cultive suffisamment de coton pour
fabriquer plus d'un jean par an pour chaque habitant des
Etats-Unis). Il sera alors temps de la réorienter vers des cultures
moins consommatrices en eau : le « dry farming »
(l'aridoculture) qui permet la culture non irriguée en sol aride a
prouvé son efficacité, en Afrique par exemple mais également en
Espagne.
Pour aller plus loin sur la question de l'eau, vous pouvez également
lire Combien d'eau y a-t-il sur Terre?,
article intéressant de Pierre Barthélémy sur son blog, Passeurs de
sciences.
Merci pour cette piqûre de rappel !
RépondreSupprimerNous penserons à toi en ouvrant notre robinet ...
Ici, nous sortons d'une période très, très pluvieuse et notre déficit hydrométrique semble s'éloigner.
Bonne continuation