11 février 2013

Inattendu Paraguay

Aux lecteurs de la première heure, je dois une petite explication. En effet, le Paraguay ne figurait pas dans ma liste des pays à découvrir. Pire, j'étais même suffisamment condescendant pour le considérer comme un pays "inutile", où il n'y avait pas grand chose à faire ni à voir.

Tout ce que je connaissais du Paraguay, c'était le nom de sa capitale (Asunción pour les intimes, Nuestra Señora Santa María de la Asunción pour les puristes !) et le fait qu'en juin dernier la droite avait habilement masqué en destitution ce qui n'était en fait qu'un coup d'Etat pour se débarrasser de l'ancien évêque que le pays avait porté à la présidence il y a quatre ans. Forcément, avec ce niveau de connaissance, il ne me restait que mes préjugés sur lesquels baser mon opinion.

Je me suis alors rappelé les avis de trois cyclistes normands (La Très Grande Boucle) avec qui j'avais correspondu quand j'étais à Portland (Oregon, USA) en mars dernier. Mon ex-collègue et néanmoins pote Antoine m'avait également vanté tout l'intérêt d'aller voir un peu ce qui se passe de l'autre côté du Río Paraguay. Pour finir, Nina et Steve avec qui j'ai partagé un 4x4 fin décembre pour découvrir le Lípez et le Salar d'Uyuni (Bolivie) avaient fini par me convaincre que je passais à côté de quelque chose si je n'ajoutais pas ce pays à ma liste déjà bien fournie.

Enfin les circonstances ont fait que deux très bons amis ont prévu de me rendre visite en Argentine à partir de mi-février. Du coup, entre le départ de mes parents à Santiago et leur arrivée à Buenos Aires, il me restait trois grosses semaines à "meubler". Se sont donc petit à petit profilés un séjour en Uruguay, puis un détour par les chutes d'Iguazú et pour finir une semaine au Paraguay. Pour des raisons évidentes de géographie, j'ai bien sûr inversé l'ordre.

J'ai donc passé une semaine au Paraguay, où je quittais Fred avec qui j'avais traversé en stop le quart nord-ouest de l'Argentine et où je retrouvais Henning, mon compagnon de voyage de novembre et décembre (Pérou-Bolivie). Et au final, tout comme le Panama, j'ai été conquis par le Paraguay et me suis promis de ne plus faire le petit merdeux qui croit savoir et se permet de juger sans connaître.

Et puisqu'il n'y avait soi-disant pas tant de chose à faire, qu'ai-je finalement pu inscrire à mon programme ? Plein de choses ! J'ai commencé par visiter Asunción. C'est un doux mélange d'architecture coloniale décrépie et de bâtiments tout droit sortis des années 1960-70 à l'esthétique toute discutable. C'est une douce atmosphère de tranquillité malgré la taille de la métropole. Ce furent deux nuits dans une pension familiale recommandée par Antoine et dont la gentille gérante était aussi bavarde qu'intéressante. Et enfin, ce furent les empanadas jamón y queso (chaussons fourrés au jambon et fromage), plaisir gourmand dont on a su abuser sans honte et sans modération.

A Asunción, j'ai également rencontré Rosa, une personnalité intéressante recommandée par ma copine Emilie. Rosa a ouvert l'espace culturel féministe La Serafina il y a huit ans. C'est avant tout un lieu et une association destinés à venir en aide aux lesbiennes (et dans une moindre mesure aux gays et aux transsexuel-le-s). Mais c'est aussi une structure qui milite pour la défense des droits des lesbiennes, dont l'action a été récompensée en décembre 2011 par l'attribution du prix des droits de l'Homme de la République française (remis par Alain Juppé à l'époque). Echange intéressant sur la situation et les droits des personnes homosexuelles au Paraguay, tout particulièrement quand on les met en perspective avec le débat qui agite la France à propos du « mariage pour tous ».

Avec Henning, on avait conclu d'aller faire un tour dans les communautés mennonites du Chaco paraguayen, l'immense région du Nord-Ouest. Mennonites ? Oui, c'est un groupe religieux originaire du Nord de l'Allemagne et des Pays-Bas, suivant les préceptes d'un certain Menno Simons (1496-1561). Les Mennonites du Chaco se sont installés là en 1930, après avoir été chassés de la Russie communiste (où la liberté religieuse avait disparue). Dans cette région particulièrement aride et inhospitalière, ils vivent principalement de l'élevage bovin (pour le lait et la viande) et un peu de culture (cacahuètes et sésame). La communauté se divise en trois colonies d'une quinzaine de villages chacune. Au début, environ 25 familles composaient un village. Aujourd'hui, ils sont 18.000 à vivre dans le Chaco paraguayen. Ils parlent un allemand dialectal (le Plattdeutsch) et ont leur propre système éducatif, en allemand et espagnol, agrémenté par l'Etat paraguayen. La raison de leur implantation ? Les Mennonites recherchent généralement des lieux où ils peuvent à la fois être garantis de liberté religieuse et en même temps bénéficier d'une certaine autonomie vis-à-vis de l'Etat accueillant. Vu l'isolement du Chaco, on peut facilement comprendre que la région remplissait leur critère. Ainsi des années durant, les Mennonites étaient exemptés de service militaire (aboli désormais au Paraguay), ne payaient pas d'impôts et n'obéissaient à aucune autorité administrative paraguayenne. Comment fait-on pour survivre dans un tel environnement s'il est si peu hospitalier ? On se dote d'abord d'une devise : « Gemeinnutz vor Eigennutz » (« L'intérêt général avant l'intérêt personnel »). Et ensuite plus concrètement, on crée des coopératives, on s'entraide, on est discipliné et on a tous le même idéal. Et visiblement, ça marche ! Là encore, bien content d'avoir un peu plongé dans cet univers que je ne connaissais que de nom et que j'entourais encore d'images d'Epinal, du type les gens vivent et s'habillent comme au XVIIIe siècle, etc. Non, non, on ne parle pas des Amishs et les Mennonites sont juste des hommes et femmes blancs qui parlent Allemand au cœur de l'Amérique du Sud !

On a réussi à revenir en stop jusqu'à Asunción, ce qui nous a laissé croire naïvement qu'on pourrait facilement continuer en stop pour découvrir le sud du Paraguay. Que nenni ! C'est un mode de déplacement qui n'est pas si répandu que ça. Les automobilistes nous adressaient en retour des signes bizarres, genre « oui oui tout va bien, merci ! » en levant à leur tour le pouce, quand ils ne levaient pas un autre doigt ! On a donc fini par monter dans un bus après avoir (beaucoup (trop !) ) attendu au bord de la route.

On a visité une ancienne mission jésuite à Trinidad. Plutôt que de me répéter, je vais paresseusement vous suggérer de relire l'article passionnant que j'avais rédigé sur leurs homologues boliviennes. Quelques différences cependant. Par exemple, là, les églises n'étaient pas en bois mais de pierre.

Enfin, on a fini par la visite du barrage d'Itaipú (les chutes d'Iguazú ne sont pas loin mais c'est pas pareil). Pendant 30 ans, ce fut le plus gros barrage du monde avant l'entrée en service du barrage des Trois-Gorges en Chine en 2009. Le barrage est construit sur le Río Paraná qui sépare le Paraguay du Brésil. Un traité signé entre les deux pays en 1973 répartit les 20 turbines pour moitié au Paraguay et pour moitié au Brésil. Mais comme deux turbines suffisent à satisfaire 80% de la demande d'électricité du Paraguay, celui-ci loue ses huit autres au Brésil qui peut ainsi satisfaire un quart de ses besoins en électricité avec 18 turbines. Et ce ne sont pas de petites turbines ! La puissance du barrage est équivalent à dix fois le débit des chutes d'Iguazú (dont vous verrez les photos très bientôt).

Ce que j'ai aimé dans ce pays au final ? D'abord le fait qu'il y ait très peu de touristes ou de voyageurs. Ensuite que les gens sont super sympas et très accueillants (sauf pour faire du stop). Puis le pays est beau : aride et plat dans l'immense région nord, plus vallonné et vert (avec une terre très rouge) dans le sud. Qu'on se le dise, les villes sont assez moches. Et enfin, dernier préjugé, le Paraguay n'est pas un pays pauvre, pas super riche non plus mais plutôt bien développé, le niveau de vie est assez élevé et les gens semblent heureux d'y vivre. J'ai enfin fini par le comprendre !



3 commentaires:

  1. Tes photos sont géniales comme d'habitude!! Il n'y a pas très longtemps, il y a eu un reportage sur les Mennonites sur M6. Bernard De La Villardière était en immersion dans cette communauté et c'était très interressant. Ils ont des coutumes très différentes de nous parfois même un peu bizarre mais Ils donnaient envie d'en savoir plus sur eux. C'est super que tu ais pu les rencontrer, j'aurais aimé t'accompagner!!! Bonne continuation et bon voyage!!

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