Moi aussi j'ai pris quelques
jours de vacances de blog. Pas vraiment prévu, mais les aléas du
voyage font que l'exigence de régularité dans les publications
n'est pas toujours atteinte.
Pour ce 100e article, un peu de Culture Gé'. Ou disons plutôt Découverte pour éviter de rebuter
certains trop rapidement. Reprenons la série « La vie à... »
pour découvrir ce que sont ces fameuses missions jésuites.
Au XVIe siècle, en même temps
que les Conquistadores, ont débarqué dans le Nouveau Monde
différents ordres religieux afin d'évangéliser les peuples
indigènes. Certains continuent à les appeler aujourd'hui les
Catolisadores.
Les premiers Jésuites sont
arrivés au Pérou en 1568 sur autorisation du roi Philippe II
d'Espagne, puis en Bolivie en 1587. A partir de Santa Cruz de la
Sierra (dans l'Est de la Bolivie actuelle), ils ont progressé vers
l'Est, dans la région de la Chiquitania (aujourd'hui Chiquitos).
Au-delà d'évangéliser les peuples, ils avaient sans doute pour
mission de sécuriser la route qui mène vers Asunción au Paraguay.
Ce n'est qu'à partir de 1691
que les Jésuites ont créé et administré ce qu'on appelle
aujourd'hui encore des Missions. Pour faire simple, disons que ce
sont des villages qui s'organisaient autour d'une place centrale,
avec une église et un couvent d'un côté, et des habitations sur
les trois autres.
Il faut savoir qu'à l'époque,
les conquistadors portugais côté brésilien n'étaient pas des
rigolos. Face à ces redoutables marchands d'esclaves, on peut
comprendre que les Indiens aient donc rapidement préféré la
présence, la tutelle voire la protection des Jésuites. En outre,
les Jésuites dans leur mode d'administration ont toujours laissé
une grande autonomie et des responsabilités aux Indiens, malgré
leur sens aigu de l'organisation et de la hiérarchie.
Dans la région de la
Chiquitania, onze missions ont ainsi été établies. La majorité
d'entre elles ont dû être déplacées ou reconstruites pour cause
d'attaques de tribus hostiles, de feux, d'épidémies, d’inondations,
etc. Plus au Nord de la Bolivie, d'autres missions ont également été
établies, de même qu'au Paraguay.
Puis les années ont passé et
les Jésuites ont commencé à être accusé de vouloir protéger les
peuples originels, de s'enrichir du commerce des Indiens voire de
soutenir leurs rébellions contre les envahisseurs. D'autres
accusations ont continué à peser sur eux, comme le complot qui
visait à tuer le roi du Portugal. Au final, les Jésuites ont été
expulsé de tous les territoires et possessions portugais en 1759.
Les Français ont fait de même en 1764. Enfin, le roi Charles III
d'Espagne les expulsa d'Espagne et d'Amérique latine en 1767.
Après cette date, l'Eglise
localement a repris la main sur les missions. Elle pensait pouvoir
continuer à administrer les missions aussi bien que les Jésuites et
bénéficier de leurs richesses. Mais il faut admettre que les
prêtres séculiers n'ont jamais réussi à se hisser à la hauteur
des Jésuites, bien mieux formés. Et les missions ont commencé à
lentement décliner et à se vider. Aujourd'hui ne restent de ces
missions que l'architecture intéressante qui mélange des influences
européennes et indigènes et un héritage culturel encore très
présent (lié à la mémoire de la liberté et de la prospérité
liées à la présence des Jésuites).
Revenons sur l'organisation des
missions. Dans chacune d'entre elles, deux prêtres se
répartissaient, l'un les affaires religieuses, l'autre
l'administration et le bien-être de la communauté (en lien avec le
chef de tribu et un conseil de représentants). Aujourd'hui encore
certaines de ces missions fonctionnent toujours sur le modèle des
Jésuites en termes d'administration et d'institutions. Au moment de
leur expulsion, seuls 24 pères jésuites étaient présents sur les
11 missions, pour une population indigène d'environ 25.000
personnes. Les Jésuites parlaient le Chiquitano, lengua franca
des tribus locales.
Traditionnellement, les tribus
chiquitos vivaient d'agriculture (maïs et yuca), la chasse et la
pêche complétant leur alimentation durant la saison sèche. Les
Espagnols ont introduit la culture du cacao et du riz. Les Jésuites
ont, eux, apporté la culture de l'élevage (bovins et ovins). Les
missions étaient auto-suffisantes et, vu leur isolement, de facto
autonome de la couronne d'Espagne.
Inutile de trop revenir sur
l'architecture ; vous aurez assez des photos ci-dessous. Voilà
pour cette petite semaine passée tranquillement d'une mission à
l'autre, en compagnie de Claire (Française installée en Guyane)
rencontrée dès le premier jour à San José de Chiquitos. Puis, de
retour à Santa Cruz, j'ai retrouvé Falko, un ami allemand avec qui
je passe maintenant quinze jours, entre Sud-Ouest bolivien et Nord
Chili.
Une bonne année 2013 à toutes et à tous!!
Merci pour cette 100° de 2012.
RépondreSupprimerOn ne voit pas de crèche dans tes photos d' églises ?
Il nous reste à te souhaiter de bien terminer cette année si riche en découvertes, rencontres... pour toi, comme pour nous grâce à ton blog !
Et te souhaiter pour 2013, muchas felicidades !