31 décembre 2012

La vie dans les Missions jésuites de Chiquitos

Moi aussi j'ai pris quelques jours de vacances de blog. Pas vraiment prévu, mais les aléas du voyage font que l'exigence de régularité dans les publications n'est pas toujours atteinte.

Pour ce 100e article, un peu de Culture Gé'. Ou disons plutôt Découverte pour éviter de rebuter certains trop rapidement. Reprenons la série « La vie à... » pour découvrir ce que sont ces fameuses missions jésuites.

Au XVIe siècle, en même temps que les Conquistadores, ont débarqué dans le Nouveau Monde différents ordres religieux afin d'évangéliser les peuples indigènes. Certains continuent à les appeler aujourd'hui les Catolisadores.

Les premiers Jésuites sont arrivés au Pérou en 1568 sur autorisation du roi Philippe II d'Espagne, puis en Bolivie en 1587. A partir de Santa Cruz de la Sierra (dans l'Est de la Bolivie actuelle), ils ont progressé vers l'Est, dans la région de la Chiquitania (aujourd'hui Chiquitos). Au-delà d'évangéliser les peuples, ils avaient sans doute pour mission de sécuriser la route qui mène vers Asunción au Paraguay.

Ce n'est qu'à partir de 1691 que les Jésuites ont créé et administré ce qu'on appelle aujourd'hui encore des Missions. Pour faire simple, disons que ce sont des villages qui s'organisaient autour d'une place centrale, avec une église et un couvent d'un côté, et des habitations sur les trois autres.

Il faut savoir qu'à l'époque, les conquistadors portugais côté brésilien n'étaient pas des rigolos. Face à ces redoutables marchands d'esclaves, on peut comprendre que les Indiens aient donc rapidement préféré la présence, la tutelle voire la protection des Jésuites. En outre, les Jésuites dans leur mode d'administration ont toujours laissé une grande autonomie et des responsabilités aux Indiens, malgré leur sens aigu de l'organisation et de la hiérarchie.

Dans la région de la Chiquitania, onze missions ont ainsi été établies. La majorité d'entre elles ont dû être déplacées ou reconstruites pour cause d'attaques de tribus hostiles, de feux, d'épidémies, d’inondations, etc. Plus au Nord de la Bolivie, d'autres missions ont également été établies, de même qu'au Paraguay.

Puis les années ont passé et les Jésuites ont commencé à être accusé de vouloir protéger les peuples originels, de s'enrichir du commerce des Indiens voire de soutenir leurs rébellions contre les envahisseurs. D'autres accusations ont continué à peser sur eux, comme le complot qui visait à tuer le roi du Portugal. Au final, les Jésuites ont été expulsé de tous les territoires et possessions portugais en 1759. Les Français ont fait de même en 1764. Enfin, le roi Charles III d'Espagne les expulsa d'Espagne et d'Amérique latine en 1767.

Après cette date, l'Eglise localement a repris la main sur les missions. Elle pensait pouvoir continuer à administrer les missions aussi bien que les Jésuites et bénéficier de leurs richesses. Mais il faut admettre que les prêtres séculiers n'ont jamais réussi à se hisser à la hauteur des Jésuites, bien mieux formés. Et les missions ont commencé à lentement décliner et à se vider. Aujourd'hui ne restent de ces missions que l'architecture intéressante qui mélange des influences européennes et indigènes et un héritage culturel encore très présent (lié à la mémoire de la liberté et de la prospérité liées à la présence des Jésuites).

Revenons sur l'organisation des missions. Dans chacune d'entre elles, deux prêtres se répartissaient, l'un les affaires religieuses, l'autre l'administration et le bien-être de la communauté (en lien avec le chef de tribu et un conseil de représentants). Aujourd'hui encore certaines de ces missions fonctionnent toujours sur le modèle des Jésuites en termes d'administration et d'institutions. Au moment de leur expulsion, seuls 24 pères jésuites étaient présents sur les 11 missions, pour une population indigène d'environ 25.000 personnes. Les Jésuites parlaient le Chiquitano, lengua franca des tribus locales.

Traditionnellement, les tribus chiquitos vivaient d'agriculture (maïs et yuca), la chasse et la pêche complétant leur alimentation durant la saison sèche. Les Espagnols ont introduit la culture du cacao et du riz. Les Jésuites ont, eux, apporté la culture de l'élevage (bovins et ovins). Les missions étaient auto-suffisantes et, vu leur isolement, de facto autonome de la couronne d'Espagne.

Inutile de trop revenir sur l'architecture ; vous aurez assez des photos ci-dessous. Voilà pour cette petite semaine passée tranquillement d'une mission à l'autre, en compagnie de Claire (Française installée en Guyane) rencontrée dès le premier jour à San José de Chiquitos. Puis, de retour à Santa Cruz, j'ai retrouvé Falko, un ami allemand avec qui je passe maintenant quinze jours, entre Sud-Ouest bolivien et Nord Chili.


Une bonne année 2013 à toutes et à tous!!



1 commentaire:

  1. Merci pour cette 100° de 2012.
    On ne voit pas de crèche dans tes photos d' églises ?
    Il nous reste à te souhaiter de bien terminer cette année si riche en découvertes, rencontres... pour toi, comme pour nous grâce à ton blog !
    Et te souhaiter pour 2013, muchas felicidades !

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