20 mars 2013

Carretera Austral (4/4)

Il fallait vouloir la traverser la frontière avec l'Argentine dans cette région perdue, battue par les vents. Mais avec un peu de motivation, du temps devant soi et suffisamment de batterie pour l'appareil photo, c'est faisable. Et je ne regrette rien.

Le voyage commence tôt le matin sur les rives du lac O'Higgins, non loin du petit village de Villa O'Higgins, au bout de la Carretera Austral [NDLR : O'Higgins (Bernardo de son prénom) est un héros de l'indépendance chilienne]. Le bateau traverse pendant trois heures ce lac longiligne. Arrivé à une extrémité, il y a possibilité de rallonger de cinq heures pour aller admirer le glacier O'Higgins. Le temps est clair, légèrement nuageux, j'y vais ! Tant pis pour l'horaire, je camperai en chemin.

On navigue dans un autre embranchement du lac, jusqu'au glacier. C'est de toute beauté : le bleu-vert du lac, les montagnes enneigées, des glaciers de partout accrochés aux montagnes et au bout, le glacier O'Higgins (encore lui !) qui termine sa course dans le lac. La Patagonie comme on l'imagine ! Deux membres d'équipage se frayent un chemin au milieu des icebergs pour aller chercher de la glace et nous offrir un bon verre de whisky avec la glace de ce glacier multi-millénaire.

Fini de s'amuser, maintenant commence la partie marche. Il y a 35 kilomètres à couvrir avant de revoir la route : 20 km jusqu'au Lago del Desierto, 15 km le long du lac. Arrivé à 17h au port, je ne peux qu'espérer arriver au niveau du lac. Peine perdue, je n'arriverai qu'à la frontière avec l'Argentine, au kilomètre 15. Qu'à cela ne tienne ! je dormirai là, à la belle étoile, devant le poteau, les pieds au Chili, la tête en Argentine. On parlait de frontière dans l'article précédent. Je soupçonnais le Chili de s'accrocher aux siennes (on peut se référer à l'histoire de la Guerre du Pacifique, qui priva définitivement la Bolivie de son accès à la mer). Dans ce coin perdu de Patagonie, même certains arbres sont estampillés d'un panneau-drapeau chilien. Et un petit aérodrome a été aménagé juste avant la frontière. Un centimètre carré chilien est un centimètre carré, et il se défend !

Le lendemain, je chemine et me rapproche du mont Fitz-Roy, magnifique, au loin. Je réussis même à saisir son reflet dans le Lago del Desierto au petit matin. Je termine en longeant le lac. De l'autre côté, Natalia et Maxi me prendront en stop pour couvrir les 40 km qui me séparaient encore de El Chaltén. Et voilà une traversée de frontière mémorable, dans une contrée lointaine, sans doute la plus aventureuse de mon voyage, mais pas la dernière. Il me reste quelques étapes en Argentine, puis à nouveau au Chili, avant de finir à Ushuaïa, en Terre de Feu, côté argentin. Ça commence à sentir un peu la fin... allez ! encore un mois pour finir de m'en mettre plein les yeux. En attendant, pour vous, le diaporama des quatre épisodes "Carretera Austral".




2 commentaires:

  1. Il n'y a plus vraiment de débat tu vends du rêve ! Et puis tu es un sacré chanceux !
    A bientôt dans notre vielle Europe

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  2. Tes photos sont toujours aussi belles et colorent une actualité bien morose.
    Mets-en toi plein les yeux... car l'atterrissage et le retour en France seront peut-être bien difficiles !
    En attendant profites-en bien...
    Et bonne continuation.

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