« Le
Mexique est dangereux » – Cliché !
Loin de moi l'idée de minimiser les plus de 12.000 morts annuelles
liées au trafic de drogue. Depuis 2006 et l'élection de Felipe
Calderon à la présidence de la République, l'armée et les
narcotrafiquants se livrent une guerre impitoyable. Les cartels entre
eux recourent également à des méthodes de plus en plus violentes
en vue d'étendre leur influence et leur emprise territoriale.
Mais au quotidien, toute cette violence qui ressurgit régulièrement
dans nos journaux papier ou télévisés ne se ressent pas dans les
villes ou les campagnes. Il s'agit de rester prudent évidemment,
mais on est loin du cliché d'un Mexique à feu et à sang, qui a la
vie dure en Europe et surtout aux Etats-Unis. Non, on ne risque pas
de se faire décapiter ou découper en petits morceaux à chaque coin
de rue. Au contraire, les gens sont très chaleureux et viennent
plutôt naturellement vers vous pour vous proposer de l'aide ou vous
aider à vous orienter.
« Le
Mexicain porte la moustache, une chemise à carreaux, un jean, des
santiags, et un chapeau de paille » – Pas cliché !
C'est surtout dans la moitié nord du pays qu'on retrouve cette
pilosité assumée. On aime ou on aime pas... Quant aux habitudes
vestimentaires qui rappellent les Westerns, il ne faut pas chercher
très loin. Au XIXe siècle, le Mexique et le grand quart sud-ouest
des actuels Etats-Unis ne faisaient qu'un. Alors que c'est quasiment
l'uniforme pour les Norteños (les habitants des Etats du
Nord), il n'est pas rare d'en trouver aussi plus au Sud. Une autre
particularité vestimentaire masculine très élégante : le
t-shirt remonté au-dessus du bide. Cette pratique dévoile rarement
de parfaits pectoraux, mais semble efficace pour lutter contre la
chaleur.
« La
cuisine mexicaine ? Ah oui les tacos et les tex-mex ! »
– Cliché !
Pour nous Français, la gastronomie fait partie de notre identité
nationale. Elle est même listée depuis peu au Patrimoine culturel
immatériel de l'humanité par l'UNESCO. On a nos spécialités
culinaires régionales. On en est fiers, on aime en parler et les
faire découvrir. Et bien au Mexique, c'est tout pareil.
La gastronomie mexicaine fait aussi partie du Patrimoine mondial.
Très variée et avec de multiples influences, elle est loin de se
résumer aux simples restaurants tex-mex, qui proposent des
spécialités certes, mais d'une région très
particulière, à cheval sur le Nord-Est du Mexique et le Texas. Il
serait long et fastidieux de lister tout ce à quoi j'ai pu goûter,
mais voici quelques repères tout de même.
Le maïs est à la base de beaucoup de chose, à commencer par les
fameuses tortillas. Ces galettes de farine de maïs sont
l'aliment de base de la cuisine mexicaine, l'équivalent de nos pains
et baguettes en France. A ne pas confondre avec la tortilla
espagnole, délicieuse du reste, qui est une omelette aux pommes
de terre. Elles servent également à confectionner les non moins
célèbres tacos, fourrés de viande, de légumes, de fromage,
etc.
Le chile est servi à toutes les sauces. C'est en fait une
soixantaine de piments différents que l'on dénomme ainsi. Typique
du Mexique, il est d'ailleurs très rare d'en trouver dans d'autres
cuisines, y compris en Amérique latine. Ils sont plus ou moins
longs, plus ou moins gros, plus ou moins rouges, verts ou oranges, et
surtout plus ou moins piquants ! Très bons pour la santé, ils
regorgent en particulier de vitamines C et A. Ils sont beaucoup
utilisés pour faire des sauces (on connaît le Tabasco en France)
mais ils sont également confits et ajouter à une garniture de tacos
par exemple, ou à croquer comme un cornichon pour les plus
courageux. Ne jamais oublier que ça pique à l'entrée... mais
également à la sortie. Pas besoin de dessin !
D'autres ingrédients comme la tomate, l'oignon, le haricot et bien
sûr l'avocat, sont également très utilisés. Après ça, c'est
tout un arsenal de plats régionaux qui mettent vos sens en éveil.
La liste est longue, mais les plus motivés peuvent faire une petite
recherche sur internet ; on trouve facilement quelques exemples
et photos.
« Le
Mexicain n'est jamais à l'heure » – Pas cliché !
Le Mexicain (parce qu'on peut généraliser à ce point, à quelques
rares exceptions près) n'a pas un sens aigu de la ponctualité. Mais
changeons de perspective pour voir plus globalement d'où ça vient.
La dimension temps prend justement une autre dimension au Mexique.
Tout prend plus de temps, et pas forcément parce qu'on fait les
choses plus lentement (quoique...). C'est juste qu'entre temps, il
arrive toujours des choses, parfois très improbables. Et puis on
commence une chose avant de finir la(les) précédente(s). On prend
son temps. On discute beaucoup avant de prendre une décision ou de
lancer un mouvement. Et par voie de conséquence, quand on prévoit
un horaire, on peut être quasi certain qu'il ne sera pas tenu. Reste
à savoir, en fonction des personnes, de combien sera le décalage
horaire. Record personnel vécu : 7 heures, soit la différence
entre heure française et heure mexicaine ! Une
exception notable, tellement inattendue, presque inexplicable, seuls
les bus partent à l'heure. Mais l'heure d'arrivée déjà est plus
flexible. Point positif, on finit par avoir une approche de la vie beaucoup plus détendue.
« Le
Mexique, c'est sable fin et cocotiers » – Cliché !
D'abord le Mexique est un très grand pays (presque quatre fois la
France), bordé par l'océan Pacifique d'un côté, le Golfe du Mexique de l'autre. Donc il n'est pas faux en soi de le considérer
par son immense façade maritime, et certaines de ses très belles
plages. Mais c'est éclipser la plus grande partie du pays :
l'intérieur des terres. Et cet intérieur est très varié.
Désertique dans le Nord, tropical plus au Sud. Sans pour autant
oublier la grande plaine de la presqu'île du Yucatán, dans le
Sud-Est, le Mexique est très montagneux qui est traversé dans sa
longueur par deux importantes chaînes de montagnes : la Sierra
Madre orientale et la Sierra Madre occidentale, qui se prolonge par
la Sierra Madre del Sur. On est donc très vite en altitude, même à
quelques dizaines de kilomètres de la côte. Un exemple assez
parlant : Mexico, la mégapole, est à la même altitude que Val
Thorens, la station de ski la plus élevée d'Europe (2.300 m).
« Au
Mexique, il y a de la musique partout » – Pas cliché !
De tout, partout, tout le temps. C'est un concept ! Dans les
bars, dans les bus urbains, dans les magasins, dans la rue, à toute
heure du jour et de la nuit. C'est plus ou moins fort, et plus ou
moins de la bonne musique. Il y a une très forte influence de la
musique américaine. Mais il y a bien sûr aussi les orchestres de
rue ou les petits groupes de Mariachis en costume traditionnel
qui viennent pousser la sérénade devant une table de restaurant qui
le demande. Cette musique-là, traditionnelle, est classée au
Patrimoine mondial, au même titre que la gastronomie.
Toute cette musique est à ajouter au bruit ambiant. Les enfants
semblent être plus à la fête ici et soumettent leurs cordes
vocales à exercice régulier, y compris à des heures très (trop) tardives. Des hurleurs sur les premières
marches des bus beuglent les destinations pour rameuter le client.
Les klaxons retentissent. Il me semble que les gens parlent fort de manière générale. Il n'y a guère que dans les églises qu'on finit par
retrouver la notion de silence.