Terre
de Feu. Terre du bout du monde. Terre ancrée dans notre imaginaire
comme l'ultime lieu de vie avant l'immense “Continent
Blanc”. Terre qui me semblait inatteignable il y a un peu
plus d'un an, alors que j'étais encore perdu dans le Grand Nord.
Terre
de Feu. Non, ce n'est pas pour la température qu'il y fait que l'on
a attribué ce nom à cet archipel. Mais parce que les Yagans (peuple
indigène) allumaient des feux sur la côte comme autant de phares
permettant aux bateaux de retour de pêche de se repérer dans ces
contrées souvent nuageuses et au relief accidenté.
Arrivé
à la fin de mon voyage, dans cette région que je rêvais de
découvrir depuis longtemps, je me suis offert un petit plaisir. Avec
Stefan, un Suisse rencontré sur les sentiers de Torres del Paine,
nous avons loué un mini-van (équipé pour y dormir et cuisiner)
afin de mieux explorer la Grande Île de Terre de Feu pendant quatre
jours.
A
Punta Arenas, nous avons d'abord traversé le détroit de Magellan
(encore un nom et un lieu ô combien mythiques!) et entamé notre
circuit côté chilien dans le sens inverse des aiguilles d'une
montre : Ouest, Sud, Nord, avant de rentrer à Punta Arenas. De
là, j'ai alors pris le bus pour me rendre à Ushuaia, en Terre de
Feu argentine.
Les
photos se passent assez bien de commentaires. Des paysages où les
couleurs automnales se mélangent déjà à l'enneigement des sommets
du Sud de l'île et où les vastes prairies de la steppe du Nord
offrent un joli contraste doré avec un ciel particulièrement
clément.
Côté
chilien de la Terre de Feu, c'est le grand désert : quelque
7.000 habitants pour un territoire grand comme la Belgique. Mais on y
rencontre quelques renards, beaucoup de canards et d'oies, des
guanacos (guère plus malins que leurs cousins les lamas), quelques
lapins, des émeus et une colonie de manchots royaux dans la Baie
Inutile. J'ai appris que le manchot royal est un cousin du manchot
empereur. Alors que ce dernier vit exclusivement en Antarctique, le
manchot royal est plus petit et habite des territoires
sub-antarctiques : la Terre de Feu et des îles australes comme
les Kerguelen, Crozet ou la Géorgie du Sud.
Une
petite anecdote qui a pimenté ce voyage en terre d'aventures. Le
ravitaillement en essence sur l'île n'est pas des plus aisés. Mais
avec un peu d'organisation et de planification, ça passe... sauf
quand le pompiste, par réflexe, met du diesel à la place du
sans-plomb. Plus d'une heure après avoir fait le plein, le mini-van
a fait sa tête de mule. Impossible de faire un mètre de plus ;
c'est là qu'on s'est rendu compte du forfait. Dans notre malheur,
nous avons quand même eu la chance d'être à ce moment-là sur les
bords du Lago Blanco, à 100 mètres d'un club de pêcheurs amateurs,
qui nous ont bien aidés. Et au milieu de ce nulle-part, ne perdre
que 24 heures pour réparer et repartir, c'est être doublement
chanceux.
L'Argentine
occupe la partie orientale de la Grande Île de Terre de Feu, où
l'on trouve les deux principales villes de l'archipel : Rio
Grande (65.000 hab.) sur la côte Atlantique et Ushuaia (50.000 hab.)
le long du Canal Beagle. Ushuaia, que l'on prononce u-sua-ya,
présente la particularité d'être la seule ville argentine
géographiquement de l'autre côté de la cordillère des Andes et
également la seule à baigner dans les eaux du Pacifique.
Donc
voilà. Mardi 9 avril 2013, à 18h10 heure locale, je pose le pied à
Ushuaia. “Séquence émotion”, comme le disait Nicolas
Hulot dans son émission éponyme. Me voici arrivé au but, au bout
du monde, au bout de la route. Emu et heureux d'avoir relevé le pari
de relier Fairbanks en Alaska, près du cercle polaire arctique, à
cette ville tournée elle vers l'Antarctique. À cet instant, je
revis ces quinze mois, je revois tous ces visages, tous ces paysages,
ces 60.000 kilomètres à travers 19 pays. J'aurais envie que tous
ceux qui m'ont soutenu et aidé se retrouvent ici, au bout du monde,
pour qu'on trinque ensemble et que je les/vous remercie encore une
fois.
Comme
moi, vous savez qu'Ushuaia rime avec « c'est fini, là ! ».
Et bien sûr, je serai content de vous retrouver, famille et amis.
Mais laissez-moi quelques jours pour profiter encore un peu de
ces terres australes, aux alentours d'Ushuaia (Argentine) et de
Puerto Williams (Chili). Après, promis, je rentre !
Bravo pour ton parcours magnifique! et admirablement partagé à travers ce blog.
RépondreSupprimerNotre rencontre fut courte au regard de ton long périple, mais notre plaisir de te retrouver en France autour d'une bonne bière n'en sera que plus grand!
A très bientôt.
Arno et Sophie
Bouges pas j'arrive pour ce petit apero bien merite !
RépondreSupprimerTe voilà arrivé au bout de ce beau voyage !
RépondreSupprimerObjectif atteint !)
Nous aurons été nombreux à voyager grâce à toi... et avec toi par la pensée.
Autant de MERCIS que de kilomètres parcourus
et à trés bientôt en France...